PAtinage de vitesse Courte piste

« Mon objectif : gagner le Championnat du monde »

Retraite des médaillés olympiques Samuel Girard et Charle Cournoyer, blessures de Charles Hamelin, changement d’entraîneur-chef : l’équipe canadienne masculine de patinage de vitesse sur courte piste est en pleine transformation. Steven Dubois fait partie du renouveau.

À 58 kilos, Steven Dubois n’a pas le physique traditionnel du patineur de vitesse. « Dans l’équipe, le plus proche de moi, Pascal [Dion], pèse 66 kilos », relève le nouveau champion canadien.

Oui, Steven Dubois est le monarque de la courte piste au pays. L’athlète de Lachenaie a tout balayé aux derniers Championnats canadiens, le mois dernier. Six victoires en six épreuves, comme la triple médaillée olympique Kim Boutin, mais avec une marge encore plus importante sur la concurrence.

Cette domination impressionnante – en l’absence de Charles Hamelin, a précisé Dubois – n’a pas surpris la communauté du patinage de vitesse. Médaillé de bronze sur 500 m aux Mondiaux juniors de 2016, le patineur de 22 ans a bien failli se qualifier pour les Jeux olympiques de PyeongChang de 2018. Il tenait son ticket pour la Corée du Sud jusqu’à ce qu’il se fasse dépasser par deux rivaux dans le dernier tour de la neuvième et ultime épreuve.

« Manque d’expérience, la pression », juge le jeune homme, rencontré hier à l’aréna Maurice-Richard, lors du dévoilement de l’équipe canadienne pour les premières Coupes du monde de Salt Lake City (1er au 3 novembre) et de Montréal (8 au 10 novembre).

À titre de substitut, Dubois a néanmoins pu accompagner l’équipe olympique à l’entraînement et en Coupe du monde, où il se contentait du rôle de spectateur. Il a progressé physiquement – il était le lapin désigné pour imprimer le rythme sur les premiers tours de piste – et reçu des enseignements précieux sur la façon de se préparer aux grands évènements.

Émergence

La saison dernière, il n’a pas raté ses débuts sur le circuit de la Coupe du monde. À Calgary, il a fait tomber la marque nationale de Samuel Girard au 500 m. Une semaine plus tard, à Salt Lake City, il est monté sur son premier podium, en terminant troisième au 1500 m. Polyvalent, il a confirmé son émergence avec deux médailles de bronze à la fin de l’hiver à Turin, sur 1000 et 1500 m. À ses premiers Mondiaux seniors, à Sofia, il a pris le neuvième rang du classement général (4e au 1500 m).

« J’avais suivi les gars toute l’année en Coupe du monde. J’ai pu voir comment ils patinaient. J’avais une bonne idée de ce à quoi m’attendre. Je me sentais vraiment bien avant le début de l’année. J’avais pour objectif de monter sur le podium à quelques reprises. »

À trois semaines du lancement de la nouvelle saison, Dubois se dit encore plus fort.

« Je me sens plus en forme, plus agile, plus à l’aise de faire des dépassements. »

— Steven Dubois

Cette aptitude à se faufiler dans le peloton, à ruser, à attendre le bon moment pour surprendre ses adversaires en fait un patineur plutôt unique au Canada, reconnu pour ses athlètes dominants sur le plan physique, à la Charles Hamelin.

« Je voyais faire les Coréens et les Chinois à mes premières compétitions internationales en 2016 », relève celui dont la morphologie est comparable à ses rivaux asiatiques.

« J’ai commencé ça et j’ai vraiment aimé ça. J’ai continué à travailler un peu là-dessus. Ce qui était un peu difficile pour moi, c’était d’aller à l’avant et de tirer. Je commence à l’apprendre. Je n’ai pas qu’une façon de courir. C’est donc un peu difficile pour les autres patineurs de s’ajuster. »

Dubois veut poursuivre son apprentissage en vue des prochains Jeux olympiques de 2022. Ça ne l’empêche pas de viser haut avec « un ou deux podiums dans chaque distance ».

« Mais mon objectif à la fin de l’année, c’est vraiment de gagner le [classement général du] Championnat du monde. Charles l’a réussi une fois dans sa carrière de 20 ans. Je sais que ce sera extrêmement difficile, je ne suis pas déconnecté de la réalité. Je devrai apprendre vraiment beaucoup pendant la saison et mettre ça en application à la fin. Mais je pense que j’ai une chance. »

Ces Mondiaux auront lieu à Séoul, où le public coréen ne risque pas de sentir dépaysé en suivant ce petit patineur canadien qui n’a pas froid aux yeux.

Équipe canadienne pour les deux premières Coupes du monde

Femmes

Kim Boutin (Sherbrooke, Qc)

Courtney Sarault (Moncton, N.-B.)

Alyson Charles (Montréal, Qc),

Danaé Blais (Châteauguay, Qc)

Rikki Doak (Fredericton, N.-B.)*

Claudia Gagnon (Saguenay, Qc)

Hommes

Steven Dubois (Lachenaie, Qc)

Pascal Dion (Montréal, Qc)

Maxime Laoun (Montréal, Qc)*

Cédrik Blais (Châteauguay, Qc)

Charles Hamelin (Sainte-Julie, Qc)

William Dandjinou (Montréal, Qc)*

* Feront leurs débuts en Coupe du monde

Steven Dubois

« Mon objectif : gagner le Championnat du monde »

Retraite des médaillés olympiques Samuel Girard et Charle Cournoyer, blessures de Charles Hamelin, changement-surprise d’entraîneur-chef : l’équipe canadienne masculine de patinage de vitesse sur courte piste est en pleine transformation. Steven Dubois fait partie du renouveau.

À 58 kilos, Steven Dubois n’a pas le physique traditionnel du patineur de vitesse. « Dans l’équipe, le plus proche de moi, Pascal [Dion], pèse 66 kilos », relève le nouveau champion canadien.

Oui, Steven Dubois est le monarque de la courte piste au pays. L’athlète de Lachenaie a tout balayé aux derniers Championnats canadiens, le mois dernier. Six victoires en six épreuves, comme la triple médaillée olympique Kim Boutin, mais avec une marge encore plus importante sur la concurrence.

Cette domination impressionnante – en l’absence de Charles Hamelin, a précisé Dubois – n’a pas surpris la communauté du patinage de vitesse. Médaillé de bronze sur 500 m aux Mondiaux juniors de 2016, le patineur de 22 ans a bien failli se qualifier pour les Jeux olympiques de PyeongChang de 2018. Il tenait son ticket pour la Corée du Sud jusqu’à ce qu’il se fasse dépasser par deux rivaux dans le dernier tour de la neuvième et ultime épreuve.

« Manque d’expérience, la pression », juge le jeune homme, rencontré hier à l’aréna Maurice-Richard, lors du dévoilement de l’équipe canadienne pour les premières Coupes du monde de Salt Lake City (1er au 3 novembre) et de Montréal (8 au 10 novembre).

À titre de substitut, Dubois a néanmoins pu accompagner l’équipe olympique à l’entraînement et en Coupe du monde, où il se contentait du rôle de spectateur. Il a progressé physiquement – il était le lapin désigné pour imprimer le rythme sur les premiers tours de piste – et reçu des enseignements précieux sur la façon de se préparer aux grands évènements.

Émergence

La saison dernière, il n’a pas raté ses débuts sur le circuit de la Coupe du monde. À Calgary, il a fait tomber la marque nationale de Samuel Girard au 500 m. Une semaine plus tard, à Salt Lake City, il est monté sur son premier podium, en terminant troisième au 1500 m. Polyvalent, il a confirmé son émergence avec deux médailles de bronze à la fin de l’hiver à Turin, sur 1000 et 1500 m. À ses premiers Mondiaux seniors, à Sofia, il a pris le neuvième rang du classement général (4e au 1500 m).

« J’avais suivi les gars toute l’année en Coupe du monde. J’ai pu voir comment ils patinaient. J’avais une bonne idée de ce à quoi m’attendre. Je me sentais vraiment bien avant le début de l’année. J’avais pour objectif de monter sur le podium à quelques reprises. »

À trois semaines du lancement de la nouvelle saison, Dubois se dit encore plus fort.

« Je me sens plus en forme, plus agile, plus à l’aise de faire des dépassements. »

— Steven Dubois

Cette aptitude à se faufiler dans le peloton, à ruser, à attendre le bon moment pour surprendre ses adversaires en fait un patineur plutôt unique au Canada, reconnu pour ses athlètes dominants sur le plan physique, à la Charles Hamelin.

« Je voyais faire les Coréens et les Chinois à mes premières compétitions internationales en 2016 », relève celui dont la morphologie est comparable à ses rivaux asiatiques.

« J’ai commencé ça et j’ai vraiment aimé ça. J’ai continué à travailler un peu là-dessus. Ce qui était un peu difficile pour moi, c’était d’aller à l’avant et de tirer. Je commence à l’apprendre. Je n’ai pas qu’une façon de courir. C’est donc un peu difficile pour les autres patineurs de s’ajuster. »

Dubois veut poursuivre son apprentissage en vue des prochains Jeux olympiques de 2022. Ça ne l’empêche pas de viser haut avec « un ou deux podiums dans chaque distance ».

« Mais mon objectif à la fin de l’année, c’est vraiment de gagner le [classement général du] Championnat du monde. Charles l’a réussi une fois dans sa carrière de 20 ans. Je sais que ce sera extrêmement difficile, je ne suis pas déconnecté de la réalité. Je devrai apprendre vraiment beaucoup pendant la saison et mettre ça en application à la fin. Mais je pense que j’ai une chance. »

Ces Mondiaux auront lieu à Séoul, où le public coréen ne risque pas de se sentir dépaysé en suivant ce petit patineur canadien qui n’a pas froid aux yeux.

Équipe canadienne pour les deux premières Coupes du monde

Femmes

Kim Boutin (Sherbrooke, Qc)

Courtney Sarault (Moncton, N.-B.)

Alyson Charles (Montréal, Qc)

Danaé Blais (Châteauguay, Qc)

Rikki Doak (Fredericton, N.-B.)*

Claudia Gagnon (Saguenay, Qc)

Hommes

Steven Dubois (Lachenaie, Qc)

Pascal Dion (Montréal, Qc)

Maxime Laoun (Montréal, Qc)*

Cédrik Blais (Châteauguay, Qc)

Charles Hamelin (Sainte-Julie, Qc)

William Dandjinou (Montréal, Qc)*

* Feront leurs débuts en Coupe du monde

Danaé et Cédrik Blais

Avantage fraternel

À la présentation de l’équipe canadienne, hier, Danaé Blais a fait sourire en parlant de son grand frère Cédrik, qu’elle accompagnera en Coupe du monde cette saison. « C’est spécial, il a toujours été un modèle pour moi. Depuis quelques années, on a une belle relation… »

Cédrik, 23 ans, n’a pas protesté plus tard en entrevue : « Plus jeunes, on s’entendait moins bien. C’est normal, entre frère et sœur. On s’achalait plus. On n’a jamais eu une mauvaise relation, la famille est vraiment importante chez nous. Mais j’étais un peu plus proche de ma grande sœur. Elle me niaisait moins. Je me mettais un peu plus sur le cas de Dan… En grandissant, le sport nous a rapprochés. »

Danaé, 20 ans, acquiesce : « Nos liens se sont consolidés depuis quelques années. Quand on était enfants, il mettait tout le temps un peu le trouble. C’était un tannant ! À 10 ans, on était comme un frère et une sœur. Maintenant qu’on est plus vieux, on a vraiment une relation différente. »

Danaé et Cédrik Blais n’en seront pas à leur première Coupe du monde ensemble, le mois prochain, à Salt Lake City. L’an dernier, ils s’étaient retrouvés en Utah pour la première expérience de la jeune femme sur le circuit. Elle avait été rappelée à la dernière minute pour remplacer une coéquipière blessée.

Au Kazakhstan, plus tard en saison, ils ont carrément patiné côte à côte, Danaé poussant Cédrik lors des qualifications du relais mixte. En finale, à laquelle Cédrik a participé, mais pas Danaé, le Canada a remporté l’or pour la première fois de son histoire à cette nouvelle épreuve qui sera ajoutée au programme des Jeux olympiques de Pékin en 2022. La sœur et le frère avaient reçu la médaille avec leurs coéquipiers au centre de la patinoire.

Cédrik a développé une spécialité dans la réception de l’échange d’une coéquipière au relais mixte. « Il est super bon pour réaccélérer par la suite, ce qui n’est pas facile, parce que pour [les hommes], ce n’est pas une grosse poussée », souligne Danaé.

Originaires de Châteauguay, les Blais se sont toujours suivis sur la patinoire, du club de LaSalle à celui de Montréal Gadbois, jusqu’au centre national à l’aréna Maurice-Richard. Leur complicité est notable.

« C’est rare qu’on ne regarde pas nos courses ou qu’on ne prenne pas au moins connaissance de ce que fait l’autre, observe Cédrik, spécialiste du 500 m. C’est rassurant d’avoir quelqu’un de proche, de pouvoir discuter, se donner des conseils l’un à l’autre, quand ça va moins bien ou même quand ça va bien. »

Danaé complète : « Mon frère m’aide, que ce soit tactiquement, techniquement, et même des fois en entraînement, si ce n’est pas facile. Il est toujours là pour moi. »

Cédrik conclut : « Mais c’est en train de changer, par exemple. Parce qu’elle s’en vient forte, là… »

Le patinage de vitesse a souvent été une affaire de famille. Marc et Sylvain Gagnon ont respectivement gagné l’or et l’argent aux Championnats du monde de Pékin en 1993. Charles et François Hamelin ont partagé la plus haute marche du podium aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010. Jean-François et Marc-André Monette ont également fait partie du relais vice-champion mondial en 2008.

Danaé et Cédrik Blais ont déjà commencé à tracer leur propre histoire.

Charles Hamelin fin prêt (ou presque)

Sans être totalement remis d’une sévère entorse à la cheville droite, qu’il s’est infligée bêtement à la fin mai en transportant des sacs d’épicerie, Charles Hamelin s’estime prêt à reprendre la compétition le mois prochain à Salt Lake City. « En ce moment, je ne suis pas encore à 100 %, mais je suis très près, a précisé le champion mondial de 2018. C’est le jour et la nuit, par rapport à il y a un mois. Je peux faire pas mal tout ce que je veux sur la glace, sauf pour les départs et les accélérations, où il me manque un peu d’entraînement. Mon cerveau n’est pas encore prêt à s’engager à 100 %. » Ralenti par une bursite au genou gauche durant la dernière saison, le quintuple médaillé olympique est « curieux de savoir » où il se situe vis-à-vis à la concurrence internationale. Ses attentes ? « J’ai encore l’énergie et les jambes pour me rendre jusqu’en finale. À partir de là, tout peut arriver. » L’athlète de 35 ans ne courra cependant aucun risque : s’il sent que son état se détériore, il est prêt à se retirer de l’épreuve en Utah et à rater la Coupe du monde de Montréal, la semaine suivante. Absent aux championnats canadiens en septembre, Hamelin a bénéficié d’une exemption médicale pour faire sa place dans l’équipe, une première pour lui à sa 17 saison sur la scène internationale. saison sur la scène internationale.

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