PME  Sous la loupe

Polystyvert fait sa place

C’est un chemin louvoyant qui a conduit Solenne Brouard Gaillot jusqu’au monde du recyclage.

La femme d’affaires formée en gestion de la chaîne d’approvisionnement a mis neuf ans avant de quitter la grande entreprise pour devenir sa propre patronne.

« Je voulais ouvrir mon usine, mais il fallait d’abord trouver un créneau où l’entreprise ne se ferait pas concurrencer par l’Inde ou la Chine, explique la présidente fondatrice de Polystyvert. C’est là que j’ai pensé au recyclage plutôt qu’à la fabrication. »

Comme son nom l’indique, l’entreprise de Solenne Brouard Gaillot cible un seul matériau : le polystyrène. Un plastique difficile à recycler pour des raisons de rentabilité. Il est trop volumineux, et donc trop coûteux à transporter.

Pour le recycler, la jeune entrepreneure imagine alors une approche originale : concentrer le polystyrène là où il se trouve, puis le transporter vers un centre de récupération.

Après trois années à plancher sur la question, l’entreprise développe finalement un procédé avec un groupe de chimistes.

Aujourd’hui, Polystyvert propose une solution de rechange aux entreprises qui doivent payer de gros sous pour se débarrasser de l’encombrant matériau. Plutôt que de l’envoyer au lieu d’enfouissement, celles-ci n’ont qu’à le dissoudre dans un concentrateur où baigne une huile essentielle. Le plastique concentré est ensuite acheminé à l’usine-pilote de Polystyvert, située à Anjou, où on isole le polystyrène pour en refaire des pastilles.

CONVAINCRE

Tout ça est bien beau, mais encore fallait-il trouver des acheteurs pour ces pastilles de plastique recyclé. Et c’est là que Polystyvert s’est heurtée à un obstacle.

« Les gens de l’industrie du plastique ont été très durs à convaincre, raconte sa fondatrice. On ne m’a pas prise au sérieux. »

— Solenne Brouard Gaillot, présidente fondatrice de Polystyvert

Cherchant à amadouer ces derniers, tout comme une poignée d’investisseurs potentiels, Polystyvert leur a ouvert ses portes pendant une semaine complète en juin dernier. Au menu, une démonstration du fonctionnement de l’usine-pilote, mais aussi un échantillon de 1 kg de plastique pour ceux qui voulaient le mettre à l’épreuve.

La réponse a été plus que positive, selon Solenne Brouard Gaillot. « On nous a dit : “Si tu es capable d’en produire, on t’en achète”. »

Maintenant qu’elle a le feu vert de ses clients potentiels, l’entreprise cherche à assurer son approvisionnement en polystyrène. Heureusement pour elle, convaincre des entreprises d’adopter le concentrateur va de soi, selon Solenne Brouard Gaillot.

« Ces entreprises-là sauvent de l’argent avec nous, dit-elle. C’est de cette façon qu’on a accès à leur gisement. »

À titre d’exemple, un de ses « fournisseurs » a vu ses coûts de disposition du polystyrène passer de 15 000 $ par année à 7000 $. « Non seulement il réduit ses coûts de plus de la moitié, mais en plus, il paraît bien parce que c’est pour recycler », ajoute-t-elle.

Six entreprises utilisent présentement un concentrateur de Polystyvert. La petite société prévoit faire passer ce nombre à 80 au cours de l’année 2016. Un chiffre qui passera à 750 en 2018, selon les prévisions de l’entreprise.

Pour arriver à ces chiffres, elle devra toutefois boucler un financement de 4,5 millions de dollars afin d’augmenter la capacité de traitement de son usine en plus d’acheter de nouveaux concentrateurs. Mais c’est déjà bien parti, raconte Solenne Brouard Gaillot. « On a déjà 80 % de cette somme-là qui est garantie », dit-elle.

PME  SOUS LA LOUPE

LE PORTRAIT

Entreprise

Polystyvert

Année de fondation

2011

Présidente et fondatrice

Solenne Brouard Gaillot

Actionnaires

Solenne Brouard Gaillot et une poignée d’anges financiers

Nombre d’employés

6

Secteur

Recyclage du polystyrène

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