Retour à l’école

La rentrée scolaire était chère en 1985

Trente dollars. En 1985, c’est ce qu’a payé la mère de Karine Forget pour un ensemble pantalon-chandail, chez Sears, quand elle avait 5 ans. Presque 30 ans plus tard, on peut encore vêtir une fillette pour 30 $.

« Ma mère trouve que le prix des vêtements n’a pas beaucoup changé », observe Mme  Forget, à son tour maman de trois jeunes enfants.

Aujourd’hui, « pour 100 $, nous arrivons à habiller un enfant pour la rentrée, calcule Geneviève Boisvert, mère et belle-mère de 36 ans. Nous revenons du DIX30, où ma belle-fille s’est trouvé des jeans indigo à 3 $ chez H & M, en plus de vestes et de chandails, tous très beaux. Mes parents dépensaient beaucoup plus pour m’habiller, à l’époque. Quelques centaines de dollars, facilement. »

Alors qu’on s’escrime à régler les factures liées à la rentrée, c’est difficile à croire, mais vrai : vêtir les enfants coûte moins cher aux parents de 2014 qu’à leurs propres parents. Au Canada, « le prix des vêtements est revenu à peu près à ce qu’il était à la fin des années 80 et au début des années 90, confirme Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins. Étant donné que les revenus ont crû beaucoup et que les prix des vêtements ont peu augmenté, surtout depuis les années 90, c’est clair qu’il est plus facile aujourd’hui d’acquérir des vêtements comparables. »

BAISSE DEPUIS 2000

Dans les années 70 et 80, au Canada, le coût des vêtements – et de l’ensemble des biens et services – montait constamment (voir graphique). « Il y avait une forte inflation généralisée, et les vêtements ne faisaient pas exception », indique M. Vachon. En janvier 1991, le prix de l’habillement a même subitement bondi en raison de l’introduction de la TPS à 7 %.

Le coût des chandails, pantalons et robes s’est ensuite stabilisé dans les années 90. « Et là, on voit que, depuis les années 2000, la tendance s’est renversée », poursuit l’économiste. L’habillement fait de moins en moins grimacer à la caisse des magasins, contrairement à tout le reste ou presque. « C’est vraiment l’effet de la mondialisation et de la hausse de la valeur du dollar canadien, qui a contribué à faire baisser le prix de nos importations de vêtements », explique M. Vachon.

« C’est vrai que c’est moins cher actuellement, mais pour quelle qualité ? s’interroge Monique Dulude, mère et grand-mère. Quand on regarde les vêtements qui sont fabriqués au Bangladesh, au Pakistan, au Vietnam, on voit que ce ne sont pas les mêmes fibres. » Les salopettes de velours côtelé qu’elle commandait pour son fils chez Sears, dans les années 70, « étaient très résistantes », souligne-t-elle.

« Dans ce temps-là, c’était peut-être 40 $ ou 45 $ pour avoir une belle robe dans un magasin comme Au Coin des petits, se rappelle Mme  Dulude. Certaines coûtaient jusqu’à 80 $. Maintenant, je ne sais pas si les parents investissent dans des robes. Notre mode de vie était différent. On avait des vêtements pour l’école, d’autres pour jouer dehors et d’autres encore pour les occasions spéciales. Aujourd’hui, on va à un mariage et on voit des enfants qui sont habillés comme s’ils allaient au terrain de jeu. »

LARGE ÉVENTAIL DE PRIX

« On a désormais plus de choix pour les vêtements, estime Geneviève Boisvert. On peut s’en tirer à très bon compte ou dépenser une fortune dans les boutiques spécialisées. » Joe Fresh, Old Navy et Children’s Place côtoient Souris Mini et Clément, dans les centres commerciaux comme en ligne.

Karine Forget magasine généralement dans les friperies. « Lorsque je n’ai pas le choix, je vais à l’Aubainerie, chez Walmart, etc., dit-elle. Je ne mets jamais les pieds chez Clément ou dans d’autres boutiques de ce genre. Avec trois enfants, dont des jumeaux qui ne peuvent se passer leurs vêtements quand ils sont trop petits, je n’ai pas les moyens d’y aller. »

Sa mère payait peut-être autant qu'aujourd'hui pour l’habiller, mais, à l’époque, « on pouvait s’acheter une maison pour 50 000 $ », souligne Mme Forget. « Combien coûtait alors un cours de danse ? demande-t-elle. Un cours de karaté ? Les articles scolaires ? Je pense sincèrement que ça finit par s’équilibrer. »

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