Chronique

Haro sur la mobilisation citoyenne !

Dans la quasi-totalité des téléséries tournées à l’extérieur du Québec, un volet de « mobilisation citoyenne » ou de révolte « contre les maudites grosses compagnies » gruge systématiquement une portion importante des intrigues.

Dans Belle-Baie à Radio-Canada, les citoyens – et Pascale Bussières – se tenaient debout contre la méchante multinationale Sphère-Nette et son incinérateur à déchets du diable. Dans St-Nickel à Unis TV, la construction de condos à Sudbury menaçait les activités d’un bar de danseuses et, par la bande, le gagne-pain de Noémie Yelle. Et dans Le clan de la SRC, la meilleure des trois séries fabriquées hors Québec, et de loin, la course à la mairie et les magouilles municipales plombaient inutilement le suspense policier.

Quand Radio-Canada a dévoilé hier matin que sa nouvelle minisérie régionale, Le siège, s’articulerait autour du démantèlement d’une usine implantée dans une ville mono-industrielle du Nouveau-Brunswick, j’ai eu peur de la redite. Pas encore une histoire de manifestations et de soulèvement contre l’envahisseur qu’est l’entreprise ?

Il semble que non, Dieu merci. Le siège racontera une prise d’otages dans une usine de plastique que son propriétaire désire déménager à Saskatoon. Un huis clos angoissant, bourré de suspense et de stress, nous assure-t-on.

Le directeur des émissions dramatiques de Radio-Canada, André Béraud, compare même l’esprit de cette œuvre au film Dog Day Afternoon de Sidney Lumet, qui met en vedette Al Pacino.

Alors, dans une tentative désespérée de sauver les 1000 emplois qui font vivre la population entière de Cole Creek, à la frontière du Québec, le travailleur insoumis Alexis Godin (Alexandre Goyette) se barricadera à l’usine avec un sac d’armes et mènera les employés insurgés. Gilles Renaud campera le président un peu mollasson du syndicat. Ces deux comédiens parleront avec l’accent québécois.

La majorité des rôles ont cependant été attribués à des acteurs acadiens, dont Denise Bouchard et Christian Essiambre, tous deux vus dans Belle-Baie et Le clan.

Au-delà du conflit de travail comme tel, Le siège fouillera dans le passé des familles des personnages interprétés par Gilles Renaud et Alexandre Goyette, qui s’affrontent depuis une trentaine d’années. Leur rivalité a même causé la mort d’une personne.

La minisérie Le siège comptera six épisodes d’une heure, qui détailleront les 36 heures que durera cette prise d’otages. C’est l’auteur Pierre-Marc Drouin, 32 ans, qui a imaginé le scénario en s’inspirant notamment des menaces de fermeture de la QIT Fer et Titane de Sorel, sa ville natale. Pierre-Marc Drouin a publié deux romans chez Québec Amérique : Mile End Stories et Si la tendance se maintient.

Le tournage du Siège s’amorce aujourd’hui dans une ancienne entreprise de transformation de viande à Moncton, sous la houlette du réalisateur Jim Donovan (Le clan). ARTV détiendra la primeur sur Le siège, qui atterrira ensuite à Radio-Canada. Aucune date de diffusion n’a encore été dévoilée.

L’âge adulte, c’est bon !

Ce que vous avez lu sous la plume de ma camarade Nathalie Petrowski est bien vrai. La websérie L’âge adulte, offerte gratuitement sur Tou.TV, se dévore d’une traite tellement c’est savoureux. Les huit épisodes d’une dizaine de minutes chacun vous étamperont un sourire au visage grâce à leur humour pince-sans-rire et leur ton moderne.

Et la façon de raconter cette histoire familiale peu commune, en empruntant le point de vue de chacun des protagonistes, est fort originale. L’âge adulte tourne autour d’Alex Noël (Mickaël Gouin), agent immobilier prospère, fiancé à la belle Amélie (Mylène Mackay). Lors d’une partie de football amicale, Alex subit un violent plaquage, qui le plonge dans le coma. À son réveil, coucou, Alex découvre qu’il aime les hommes.

Comme son frère jumeau fraternel Tom (Guillaume Lambert), qui nage également dans la confusion sexuelle. Leur sœur cadette Lucille-Maude (Sarah-Anne Parent) finira elle aussi par se questionner sur sa propre orientation en voyant la fluidité sexuelle de ses deux frères. Évidemment, ce jeu de serpents et échelles de Kinsey bousculera l’entourage immédiat de tout le clan, dont la meilleure amie (Geneviève Boivin-Roussy) et le paternel (Richard Fréchette).

L’âge adulte ne ressemble à aucune autre série de trentenaires. La réalisation de François Jaros est épatante vu le peu de moyens financiers mis à sa disposition. En plus de jouer un des personnages principaux, Guillaume Lambert, le blond de Like-moi !, signe les dialogues à la fois rigolos et touchants de L’âge adulte. Bref, du bon stock à visionner.

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