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Marie-Claude Beaucage, réalisatrice à la Première Chaîne de Radio-Canada, prépare une série sur Pierre Bourgault et recueille vos souvenirs du célèbre tribun. Vous avez jusqu’à ce soir, à minuit, pour laisser un message à Radio-Canada.ca/catherine.

#onnote

Quel est le pire emploi qu’on peut occuper en 2013 ? Journaliste, si l’on en croit la firme CareerCast, qui a examiné une liste de 200 emplois selon des critères comme le revenu, l’environnement ou le niveau de stress. Vraiment ? 

Médias

Pas d’info dans votre hebdo

Dur coup pour l’information locale : TC Media (une division de Transcontinental) a annoncé lundi la mise à pied de la moitié des journalistes employés par ses 22 hebdomadaires montréalais.

Au total, 11 reporters perdront leur emploi, et les 12 autres ne feront plus de journalisme. En effet, TC Media a décidé de revoir la mission de ses hebdos : dès le 20 mai, les journaux distribués dans le Publi-Sac dans l’île de Montréal deviendront des véhicules publicitaires et promotionnels (les hebdos à l’extérieur de Montréal continueront d’offrir un contenu journalistique à leurs lecteurs).

Dans une note envoyée aux employés la semaine dernière, Serge Lemieux, vice-président Solutions Communautés locales, Québec et Ontario, explique que l’industrie des médias vit une profonde transformation. « À Montréal, poursuit-il, cette situation se traduit par une omniprésence de différents journaux quotidiens imprimés, d’hebdomadaires, de médias électroniques tels la radio, la télé et le web ainsi que de l’alimentation de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Cette concentration marquée de médias sur le territoire montréalais engendre un phénomène de surabondance de l’information et de répétitions de la nouvelle où l’information locale ne fait pas exception. »

Ces licenciements et ce changement de mission sont de mauvaises nouvelles non seulement pour les journalistes qui perdent leur emploi, mais pour la profession journalistique en général, car c’est souvent dans les hebdos que les reporters font leurs premières armes, qu’ils couvrent la politique municipale et fouillent des petites histoires qui deviennent parfois très grosses. C’est également une mauvaise nouvelle pour les citoyens de ces quartiers, qui ne seront plus informés de ce qui se passe dans leur cour, puisque les médias nationaux s'intéressent rarement aux histoires locales (problèmes de circulation, rénovation du centre communautaire, gestion des déchets, etc.), qui ont pourtant un impact important dans la communauté.

L’information hyperlocale a-t-elle un avenir ? Depuis plusieurs années déjà, les yeux sont tournés vers le web, qui voit naître et mourir toutes sortes d’initiatives, tant aux États-Unis qu’en Europe ou au Canada. Mais nous sommes encore dans une période d’essais-erreurs. Au pays, le site OpenFile.ca – qui avait des divisions dans plusieurs grandes villes canadiennes, dont Montréal – a fermé ses portes. Le New York Times a laissé tomber son site d’information The Local East Village, qui sera relancé sous peu sous la houlette du New York Magazine. En février, NBC News a fermé EveryBlock, un autre site d’information hyperlocale, alors qu’Allbritton Communications, qui possède aussi Politico, a tiré la plogue de TBD.com, qui n’avait que deux ans d’existence. Quant à Patch, le réseau de sites d’infos locales appartenant à America OnLine, il en arrache.

Pour sa part, Montréal compte deux sites : ruemasson.com et quartierhochelaga.com, qui existent grâce à un groupuscule de citoyens engagés qui les portent à bout de bras. Cela dit, c’est peut-être leur engagement qui assurera leur succès.

En effet, selon Rick Edmonds, analyste pour l’Institut Poynter, « les sites hyperlocaux qui se portent bien ont tendance à reposer sur l’implication de quelques personnes qui sont complètement dédiées au succès du site et qui sont engagées dans leur communauté ».

Même son de cloche de la part de l’auteur et blogueur Jeff Jarvis. Dans son blogue, il estime que la réussite des sites de nouvelles hyperlocales repose sur l’implication de ses auteurs. Il croit aussi que les mécènes et les commanditaires souhaitant investir dans le journalisme ou faire un don à une fondation devraient investir dans de petits sites d’information locale plutôt que dans le dernier gadget ou la dernière plateforme à la mode. Selon lui, il faut voir les sites d’information hyperlocale comme un petit commerce de quartier, une « boulangerie de l’information ». « Or, insiste-t-il, il nous faut davantage de petites boulangeries de quartier en information. » Reste à voir si les lecteurs préfèrent leur pain frais ou s’ils se contentent de pain tranché industrialisé.

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