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Ruée vers l’art en ligne

Depuis l'été dernier, Amazon vend des œuvres d’art sur son site américain. La nouvelle en a fait sourire plusieurs. Mais le milieu de l’art est bel et bien sensible aux sirènes du cyberespace, comme en font foi les nombreuses ouvertures de sites d’enchères exclusivement électroniques.

« Les collectionneurs se servent de l’internet pour avoir accès à un plus grand nombre d’artistes et de galeries », explique Robert Read, directeur des beaux-arts à la compagnie d’assurance Hiscox, spécialisée dans ce type de transactions. 

« Ils ne font affaire qu’avec des gens qu’ils connaissent. Mais ça leur permet de rester en contact constant sans avoir à voyager. C’est encore plus vrai pour les nouveaux collectionneurs que les galeries courtisent avidement. La grande inconnue, c’est le rôle des ventes par l’internet, sur la simple base d’une image numérique de l’œuvre, dans les ventes privées. »

Une étude d’Hiscox publiée plus tôt cette année montrait que les ventes en ligne représentent 1,6 % du total des ventes d’œuvres d’art contemporain, en excluant les offres en ligne des ventes aux enchères régulières des grands encanteurs comme Christie’s ou Sotheby’s. Selon les années, l’art contemporain représente entre le quart et la moitié des ventes de Christie’s et Sotheby’s, selon un rapport de Deloitte. De son côté, la Fondation européenne pour les beaux-arts (TEFAF) estime les ventes sur l’internet à 10 % du total (incluant les grandes maisons de vente aux enchères).

Les commerçants de masse ne sont pas nécessairement les mieux équipés pour envahir le marché de l’art. Il a fallu près de trois mois pour vendre la toile Willie Gillis de Norman Rockwell, mise en vente en août par Amazon au prix de 4,8 millions US. Et le blogue d’art Hyperallergique a livré une critique dévastatrice : «  Certaines sections du site d’Amazon Fine Art semblent avoir été mises au point par des gens qui n’ont aucune connaissance de l’art. »

Le pari de Saatchi

Après un faux départ en 2008, le publicitaire et galeriste londonien Charles Saatchi a relancé sa galerie Saatchi Online en 2011. Elle permet maintenant à 100 000 artistes de vendre directement aux collectionneurs. Le magnat de l’art ne prêche toutefois pas par l’exemple : l'été dernier, il a choisi Christie’s pour vendre une partie de sa collection d’art contemporain, évaluée à 200 millions de livres (332 millions de dollars), apparemment pour financer son divorce avec la célèbre chef Nigella Lawson, selon le Telegraph.

De plus en plus de sites

Investissements de capital de risque sur trois sites d’enchères d’œuvres d’art en ligne lancés récemment.

Paddle8  : 4 millions US

Artspace : 12,2 millions US

Auctionata : 22,7 millions US

Source : The Telegraph

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