« Taille plus »

La mode aux rondes

En revenant enthousiasmée d’un séjour à New York où elle assistait à une semaine de la mode consacrée aux tailles plus, la blogueuse Émily Roy s’est dit : pourquoi pas ? Pourquoi, en effet, ne pas rendre hommage aux courbes ici, et dire qu’il est possible d’être non seulement ronde et belle, mais aussi branchée ?  Pour le printemps, elle nous mijote la première semaine de la mode taille plus canadienne, qui aura lieu à Montréal, la Montreal + Fashion Week.

Quelle est votre vision pour cet événement ?

Mon objectif est de créer un événement rassembleur où les femmes rondes pourront se reconnaître et échanger sans peur d’être jugées. La mode devrait être accessible à toutes les femmes et pas seulement aux « tailles régulières ». J’espère contribuer à faire en sorte que les femmes qui ont des silhouettes hors standards s’acceptent davantage et gagnent en estime de soi.

Comment cette initiative est-elle reçue jusqu’à maintenant ?

La réponse est vraiment positive. Beaucoup de gens nous appuient, mais ça provoque aussi d’autres réactions. Par exemple, on a reçu des commentaires de gens qui nous disent que c’est d’encourager l’obésité que d’offrir ce genre d’événement, ou que les rondes n’ont qu’à maigrir ! Mon opinion, c’est que quand tu te sens belle, tu te sens bien dans ta peau et tu as envie de sortir de chez toi. Peut-être que tu auras même la motivation pour être plus en santé, si tu ne l’es pas.

Quel est le regard qu’on porte sur une femme bien enrobée ?

On ne va pas nécessairement nous montrer du doigt, mais il y a encore un jugement. Si je sors danser, je ne suis jamais aussi cute que mes amies qui sont minces. Les médias diffusent des images d’une beauté standardisée. J’ai beau me sentir bien dans ma peau, il y a toujours ce commentaire qui revient : « tu as un beau visage ». Mais j’ai plus qu’un beau visage !

Pourquoi créer une semaine pour les femmes rondes et ne pas tenter plutôt de les intégrer dans les événements de mode existants ?

Dans un monde idéal, ce serait génial qu’on arrête de montrer du doigt les tailles plus, mais ces changements n’arriveront pas du jour au lendemain. Je ne crois pas qu’on soit rendu là. Il faut commencer par les montrer davantage pour rétablir l’équilibre. On verra comment ça évoluera à partir de là !

Que retrouvera-t-on lors de cette semaine ?

On est en train de travailler sur une programmation qui offrira le meilleur de tout ce qu’on a vu. Il y aura des défilés de designers indépendants autant que de boutiques ou de détaillants, un salon de vente, des conférences, des ateliers comme le yoga rondeur ou la danse pour femmes rondes. Rien n’est encore coulé dans le béton, mais ça ressemblera à ça dans les grandes lignes. L’idée est de se réunir pour avoir du fun et non pas pour aborder les aspects négatifs du sujet.

Y a-t-il suffisamment de marques accessibles à une clientèle « taille plus » à Montréal pour les mettre de l’avant dans un tel cadre ?

Il n’y a pas beaucoup de marques locales, mais on n’a pas encore sorti les formulaires d’inscription qu’on reçoit des demandes de participation d’ailleurs : de Toronto, où ce marché est assez développé, et des États-Unis également, preuve qu’il y a peu de vitrines pour ce type de produit. Et ce qu’on sait, c’est que les femmes rondes sont prêtes à se déplacer pour assister à ce type d’événement !

Quand vous dites « femmes rondes », vous faites référence à quels gabarits ?

Des tailles 12 ou 14 ans et plus, selon les boutiques, ou XX large [très très grand] et plus.

Beaucoup de femmes portent la taille 12 au Québec. Est-ce représentatif, selon vous, d’une clientèle « taille plus » ?

L’industrie de la mode a ses exigences et il faut bien trancher quelque part ! Mais évidemment, personne n’est fait sur le même « frame ».

On n’entend pas parler des « tailles plus » masculines. Les hommes seront-ils aussi représentés dans cette semaine de la mode montréalaise ?

Ce ne serait pas une mauvaise idée. On y pense, mais il est plus difficile de trouver des mannequins hommes dans ce segment. Il n’est pas impossible qu’on les inclue dans notre tournée de casting.

BEAUTÉS RECHERCHÉES

Après les Fêtes, la Montréal + Fashion Week partira à la recherche de perles rares dans quelques grandes villes québécoises et à Toronto. « Nous voulons trouver les meilleures mannequins taille plus pour nos défilés. Mais si la personne a une belle démarche et une superbe personnalité, elle pourrait se retrouver à défiler même si elle n’a pas les critères requis pour être mannequin professionnel. L’idée est de présenter différents types de silhouettes pour que les femmes s’y reconnaissent. »

À suivre sur le site internet de l’événement et sur sa page Facebook.

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