Montréal, 375 ans d’histoire

Les Montréalaises et le vote des femmes

Le 18 avril 1940, le projet de loi du gouvernement d’Adélard Godbout concernant le droit de vote des femmes est adopté par 67 voix contre 9 à l’Assemblée législative du Québec. Une semaine plus tard, le Conseil législatif entérine la loi, permettant ainsi aux Québécoises de voter aux élections d’août 1944, quelque 22 ans après toutes leurs consœurs canadiennes qui, elles, pouvaient voter depuis 1922. Or, de nombreuses Montréalaises se sont battues, au fil du temps, pour le droit de vote des femmes et la participation de celles-ci en politique active. Voyons voir…

Carrie Matilda Derick

Botaniste et généticienne, Carrie Matilda Derick est la première femme à enseigner dans une université canadienne (McGill). Elle présida aussi les destinées de la Montreal Suffrage Association, organisme créé en 1912-1913 pour l’obtention du droit de vote des femmes aux élections fédérales. Les procès-verbaux de l’organisme, conservés aux Archives de Montréal, montrent qu’au départ, ce sont surtout des femmes de la bourgeoisie anglophone qui en font partie. Ce droit est accordé en 1918, et le comité se dissout le 22 mai 1919, selon ces archives.

Marie Gérin-Lajoie

Marie Gérin-Lajoie milite pour le vote des femmes au sein de la section montréalaise du National Council of Women of Canada, fondé en 1893, avant d’être cofondatrice, avec Anna Lyman, du Comité provincial pour le suffrage féminin, en 1922. S’y rassemblent des femmes francophones et anglophones unies pour la même cause. En 1902, à Montréal, le travail de Mme Gérin-Lajoie permet de faire reculer les élus qui voulaient retirer le droit de vote à 4804 femmes, majeures ou veuves, locataires de logement, rappellent Marie Lavigne, Yolande Pinard et Jennifer Stoddart dans un article de la Revue d’histoire de l’Amérique française.

Idola Saint-JeaN

La journaliste et professeure à McGill, Idola Saint-Jean fonde en 1927 l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec. Aux élections fédérales de 1930, elle est candidate dans Dorion–Saint-Denis et récolte quelque 3000 votes. Avec Thérèse Casgrain, qui a pris les rênes du Comité provincial pour le suffrage féminin, elle exerce des pressions constantes sur l’Assemblée législative du Québec afin d’obtenir le droit de vote pour les femmes. En 1934, ces deux associations font amender la charte de la Ville de Montréal pour permettre à toutes les Montréalaises de voter aux élections municipales, note l’historien Martin Landry de l’organisme Montréal en histoires.

Jessie Kathleen FisheR

Le 9 décembre 1940, Jessie Kathleen Fisher devient la première élue au conseil municipal de Montréal. Elle fait partie des conseillers de classe A (élus par les propriétaires) dans le district numéro 4 (Côte-des-Neiges et une partie du centre-ville), dit Mario Robert des Archives de Montréal dans une chronique Montréalité. Une autre femme, Elizabeth Monk, est élue chez les conseillers de classe C (nommés par des organismes). « Le 2 juin 1947, Mme Fisher devient la première femme à présider une séance du conseil de ville lors d’un débat sur l’augmentation des pénalités pour les infractions aux règlements de la circulation », ajoute Mario Robert.

Léa Cousineau

À l’automne 1974, Léa Cousineau se présente comme candidate (battue) du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal (RCM) dans le quartier Rosemont. Elle est à ce moment-là première présidente du parti dirigé par Jacques Couture et, de ce fait, première femme à présider un parti politique au Canada. En 1986, elle est élue au moment même où le RCM est porté au pouvoir. Elle siégera dès lors au comité exécutif de la Ville où le nouveau maire Jean Doré favorise la parité (trois hommes, trois femmes). En 1990, elle prend la présidence du comité exécutif, une autre première.

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