Madame Unetelle

Pour en finir avec la conciliation

Non, toutes les mères n’assurent pas. Certaines en arrachent. Pleurent au travail. S’absentent, même. Parce que la varicelle ne frappe jamais qu’une fois. Et savez-vous quoi ? Non, la mijoteuse ne les sauve pas toutes non plus. 

Danielle Verville, plume du blogue Madame Unetelle, publie ces jours-ci chez Québec Amérique un recueil de ses chroniques, mises en ligne au cours des sept dernières années. Au menu : ses réflexions sur l’impossible conciliation, la maternité, l’écologie, le travail, l’école, bref, la vie.

Encore un recueil de mère blogueuse à la Mère indigne, vantant les mérites de l’imperfection ? Pas tout à fait. Pas du tout, en fait. Parce que contrairement à Caroline Allard et aux autres populaires (Z)imparfaites, « moi, je voulais être une mère parfaite ! », raconte la jeune, dynamique et verbomotrice mère de quatre enfants, âgés de 3 à 14 ans.

« Je suis une femme en quête de sens, dans le sous-sol de son bungalow, résume-t-elle en riant. Je cherchais la perfection, mais pour ça, ça prend des repères. Or, notre société est pleine de contradictions », dit celle qui assume aujourd’hui pleinement les siennes : ses contradictions de mère, mais aussi de femme, de travailleuse et de citoyenne engagée.

Elle se voit encore, mère de deux jeunes enfants, courant entre le boulot et la maison. À bout de souffle et découragée. « Mais pourquoi est-ce que quand ça arrive, les collègues, elles, ne pensent qu’à nous donner leurs conseils ? Nous dire qu’elles, elles branchent leur mijoteuse tous les matins, coupent leurs légumes le samedi, et font les lunchs la veille ? Ce n’est pas ça qu’on veut entendre ! »

Apprivoiser le chaos

Après avoir essayé toutes les formules (travailleuse à temps plein, à temps partiel, à son compte, ou à la maison), elle le dit et le répète : «  Oui, on peut travailler avec de jeunes enfants. Mais avant 4 ans, c’est un enfer total ! Et ça, on ne le dit jamais ! »

Morale ? « Il faut se dire que c’est temporaire », répond-elle, bien consciente que cela lui a tout de même pris sept ans et quatre enfants pour assumer pleinement cette zénitude. « Oui, c’est le chaos. Mais c’est temporaire et ce n’est pas grave. » 

D’où la question : et si les femmes, au lieu de s’échanger leurs trucs pour concilier l’inconciliable, visaient plus haut ? « Est-ce que les femmes ne devraient pas plutôt investir la sphère politique ? Revendiquer la semaine de quatre jours ? Parce que tout ce temps qu’on passe à s’échanger nos trucs sur les couches lavables, ou nos recettes à la mijoteuse, on ne change pas le monde ! »

À lire, en plus de mille et une autres réflexions parfois sérieuses, parfois pas, sur le compost, la vie de banlieue, les costumes d’Halloween, et… la mijoteuse.

Danielle Verville, Les chroniques de Madame Unetelle, On ne change pas le monde avec une mijoteuse !, Québec Amérique, septembre 2013, 275 p.

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