Revenus de l’État

Québec écope, mais moins qu’au printemps

Le confinement partiel de cet automne ferait perdre à l’État au moins 900 millions de dollars supplémentaires en revenus, selon une étude de l’Institut du Québec. Cette perte demeure toutefois plus limitée que la débâcle financière du printemps, lors de laquelle les revenus ont chuté d’environ 8 milliards. Pendant ce temps, le bilan s’alourdit à l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction, en Beauce, où une éclosion frappe de plein fouet.

Deuxième confinement

Une baisse de revenus d’au moins 900 millions

Québec — La pandémie de COVID-19 n’a pas fini de grever le Trésor public. Le confinement partiel de cet automne ferait perdre à Québec au moins 900 millions de dollars supplémentaires en revenus, conclut une étude de l’Institut du Québec (IDQ). Une perte qui reste tout de même plus limitée que la débâcle financière du printemps.

Dans cette étude intitulée Un deuxième confinement : conséquences sur les revenus de l’État québécois, l’IDQ s’est penché sur l’impact financier des restrictions imposées par le gouvernement Legault cet automne – des mesures qui sont moins sévères que celles du printemps, alors que l’équivalent de 40 % de l’économie avait été mis à l’arrêt pendant huit semaines.

Les revenus autonomes du gouvernement (taxes et impôts) ont chuté d’environ 8 milliards de dollars en raison de ce premier confinement, selon une évaluation faite par le ministère des Finances en juin dernier.

Dans son étude, l’IDQ fait une évaluation des pertes supplémentaires de revenus en taxes et impôts du « deuxième confinement », celui que l’on vit depuis un mois et qui doit durer quatre semaines de plus au minimum. Il a fait des simulations en fonction de la durée du deuxième confinement et de l’intensité de la baisse de la consommation par rapport au premier confinement.

Les différents scénarios indiquent que la perte de revenus se situerait entre 700 millions et 2,5 milliards de dollars. Le scénario qui paraît le plus réaliste en fonction des plus récentes informations disponibles – un confinement de huit semaines et un rationnement de la consommation de 25 % par rapport à celui observé au printemps – chiffre l’impact à 900 millions de dollars. Ce pourrait être davantage selon l’évolution de la situation.

« Un constat général se dégage de cette analyse : le deuxième confinement a moins d’effets négatifs strictement sur les revenus de l’État », écrit l’IDQ. On observe que l’impact financier est somme toute « limité », entre autres parce que le reconfinement de l’automne est partiel. Une part moins grande de l’économie est paralysée.

« Le choc du printemps dernier et le confinement ont déjà réduit les revenus de l’État. C’est donc sur une économie déjà en rémission que les scénarios de deuxième confinement ont été appliqués. »

— Extrait de l'étude de l’Institut du Québec

Sa PDG Mia Homsy note que l’impact est plus faible également « parce que les gens ont déjà commencé à consommer plus que lors du premier confinement, qu’ils ont épargné plus au cours de cette période et se mettent à décaisser ».

Provision de 4 milliards

Le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé en juin une provision de 4 milliards « pour pallier les risques économiques potentiels et financer des mesures de soutien et de relance ». Pour l’IDQ, cette réserve « serait suffisante pour affronter un confinement limité en intensité et en durée en 2020 ». « Mais cette réserve n’est pas nécessairement suffisante pour couvrir les dépenses liées à la reprise, que nous ne pouvons estimer que de façon approximative à l’heure actuelle », précise l’étude, ajoutant que « plusieurs secteurs de l’activité économique seront totalement à reconstruire après la pandémie ».

L’étude relève que la prestation canadienne d’urgence (PCU) d’Ottawa, « même si elle est décriée par plusieurs, a contribué à maintenir, avec d’autres mesures, le revenu disponible des ménages québécois », ce qui a permis de soutenir la consommation et laisse entrevoir la possibilité que l’État retrouve éventuellement une part des revenus perdus avec la crise.

« Le soutien vigoureux du gouvernement fédéral semble avoir une incidence positive sur les revenus du gouvernement du Québec », note l’IDQ.

Le ministre des Finances, Eric Girard, présentera sa mise à jour budgétaire le 12 novembre. Ce rapport doit confirmer un déficit avoisinant les 15 milliards de dollars pour l’année en cours et un retour à l’équilibre budgétaire pas avant 2025-2026.

Éclosion chez Olymel de Vallée-Jonction

114 travailleurs infectés, bilan EN HAUSSE

Le bilan s’alourdit à l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction, en Beauce. Sur 581 employés testés depuis une semaine, 114 sont atteints de la COVID-19.

Plutôt que de fermer l’usine durant deux semaines pour endiguer la propagation, la Santé publique a décidé de mettre en place un projet pilote de dépistage hebdomadaire chez les employés qui n’ont jamais contracté le virus. Une première dans cette industrie frappée par d’importantes éclosions depuis mars.

Cette nouvelle approche vise d’abord et avant tout le quart de travail de jour, où 60 % des travailleurs testés ont reçu un résultat positif.

Dans l’ensemble de la population de la région de Chaudière-Appalaches – qui se trouve actuellement en zone rouge –, le taux de positivité des tests oscille entre 6 % et 8 %. Dans les quarts de soir et de nuit chez Olymel, la positivité des tests tourne autour de 4,5 %.

En entrevue avec La Presse, la directrice régionale de santé publique de Chaudière-Appalaches, la Dre Liliana Romero, a qualifié cette nouvelle mesure d’« innovante ». Elle sera mise à l’essai au cours des trois prochaines semaines et pourrait être prolongée par la suite. « C’est une mesure qu’on va réévaluer selon les résultats, mais je pense que c’est une mesure de suivi très serrée », a-t-elle souligné.

Les tests dans le cadre de ce programme seront réalisés au privé et les coûts seront payés par Olymel. Il vise uniquement les employés asymptomatiques. Les gens malades doivent immédiatement se faire tester dans le réseau public.

« Ça exclut les travailleurs qui ont déjà eu la COVID-19 parce que quand une personne a contracté la maladie, on recommande de ne pas dépister sur une période de trois mois », précise la Dre Romero.

Maintenir le « fonctionnement économique »

Ce n’est pas la première éclosion à survenir à l’usine de transformation du porc de Vallée-Jonction. Lors de la première vague, 30 employés avaient contracté le virus.

En avril, l’abattoir d’Olymel situé à Yamachiche, en Mauricie, a été fermé durant deux semaines lorsqu’une importante éclosion a infecté près de 140 travailleurs. Pourquoi ne pas avoir procédé à une fermeture cette fois-ci ?

« On sait qu’il y a de la transmission communautaire dans la région et on sait que la situation d’éclosion ici, c’est un reflet de la situation dans la communauté. Ce n’est pas juste un problème d’organisation de l’entreprise. Et donc, on veut conserver les emplois et on veut maintenir le fonctionnement économique. En même temps, l’objectif principal, c’est de protéger la population, donc c’est pour cela qu’on va avec des mesures très serrées », explique la Dre Liliana Romero.

Plan d’action

À compter de mercredi, des infirmières ont été embauchées par Olymel afin de dépister les symptômes des employés.

« On voyait qu’il y avait des travailleurs qui ne déclaraient pas qu’ils étaient symptomatiques parce qu’ils avaient peur de perdre leur travail ou de ne pas avoir une assurance salaire. L’entreprise a corrigé ça : il va y avoir la mise en place d’un système d’avance de salaire pour les personnes qui ont des symptômes. »

— La Dre Liliana Romero, directrice régionale de santé publique de Chaudière-Appalaches

Partout en Amérique du Nord, les usines de transformation de viande sont frappées par des éclosions de COVID-19. La distanciation physique de deux mètres est difficile à appliquer et le virus SARS-CoV-2 a tendance à survivre plus longtemps dans les milieux froids et humides.

Dans la section de la découpe – où l’on recense le plus grand nombre de cas dans la deuxième vague à Vallée-Jonction –, les employés travaillent coude à coude.

Mais c’est plutôt dans les aires communes que la Santé publique a noté un certain laxisme.

« Des plexiglas, l’utilisation des masques et des visières : c’était tout en place, mais il y avait un relâchement chez les travailleurs, surtout dans la cafétéria et dans le stationnement », explique la Dre Romero.

Le porte-parole d’Olymel, Richard Vigneault, ajoute que du personnel sera désormais affecté exclusivement à disperser les attroupements dans les aires communes ainsi qu’à s’assurer du respect des mesures de distanciation.

Le service de navette sera aussi étendu pour éviter le covoiturage. Les horaires seront réaménagés pour éviter les croisements entre les quarts de travail.

Les heures supplémentaires et les mouvements entre les quarts de travail seront réduits au strict minimum.

Avec cinq abattoirs au Québec, Olymel est le plus important acteur de l’industrie.

« Si on a un autre abattoir qui se retrouve en zone rouge et dans une résurgence de contamination, c’est sûr que toutes les mesures sanitaires seront resserrées, que tout le plan d’action de Vallée-Jonction va être appliqué », a-t-il noté.

Les porcheries débordent

Le retrait de plus de 100 employés de la chaîne d’abattage a engendré un ralentissement des activités au sein de l’usine qui abat généralement 35 000 porcs par semaine. À l’heure actuelle, 1300 bêtes de moins sont tuées chaque jour, affirme M. Vigneault.

Cette situation préoccupe les éleveurs de porcs, car les porcheries débordent. À l’heure actuelle, on recense 81 000 porcs « en attente ». Un porc « en attente » est un animal prêt à abattre. En temps normal, il y en a entre 10 000 et 15 000.

Lundi, le premier ministre François Legault affirmait qu’il y avait « trop » d’éclosions au sein des entreprises du Québec.

Selon la dernière recension de l’Institut national de santé publique, dans la semaine du 11 au 17 octobre, on recensait 501 milieux de travail en éclosion dans la province, soit une hausse de 30 % par rapport à la semaine précédente. Plus de 2000 travailleurs étaient infectés (ce total exclut les milieux de soins aigus et d’hébergement de longue durée, de garde et scolaires).

Vaccin contre la grippe

Québec MET les bouchées doubles

Afin d’éviter que les hôpitaux ne soient surchargés de patients atteints de la grippe en pleine pandémie de COVID-19, Québec lance dès dimanche sa campagne annuelle de vaccination contre l’influenza.

Le nombre de doses de vaccin achetées par le gouvernement a été augmenté de 30 %, pour un total de plus de 2 millions de doses.

Pour éviter les rassemblements, aucune clinique sans rendez-vous n’offrira la vaccination cette année dans la province. Il y aura des cliniques ouvertes, mais il faudra prendre rendez-vous. Pour la première fois cette année, il sera également possible de se faire vacciner dans les pharmacies communautaires.

Certains citoyens ont souligné ces dernières semaines qu’il est difficile d’obtenir un rendez-vous pour se faire vacciner contre la grippe. Dans une séance d’information tenue mercredi après-midi, le ministère de la Santé a indiqué que la campagne de vaccination n’en est qu’à ses débuts et que plus de doses seront livrées au cours des prochaines semaines. Le nombre de plages de rendez-vous pourra alors augmenter.

Le ministère de la Santé suit de près ce qui se passe dans l’hémisphère Sud, traditionnellement touché en premier par la grippe chaque année. On note pour l’instant que l’activité grippale y est très faible, voire presque nulle. Probablement parce que les mesures de distanciation physique adoptées pour lutter contre la COVID-19 contribuent par le fait même à diminuer le nombre de cas de grippe.

Mais le Ministère rappelle que la grippe est un virus plein de surprises et que dans le contexte actuel, il ne serait pas prudent de le prendre à la légère.

Chaque année, de 5000 à 8000 personnes sont hospitalisées à cause de la grippe dans la province.

La vaccination sera offerte gratuitement et en priorité notamment aux gens de 75 ans et plus, aux femmes enceintes aux deuxième et troisième trimestres de grossesse, aux enfants et aux adultes avec des maladies chroniques. On inclut dans les maladies chroniques toute personne ayant un système immunitaire affaibli, souffrant de diabète, de maladie du cœur ou des poumons, de maladie du foie, des reins ou d’un état de santé compliquant la respiration, comme un trouble cognitif. Les travailleurs de la santé, les aidants naturels ou les personnes vivant avec une personne à risque sont aussi visés par la campagne de vaccination.

Les personnes de 60 à 74 ans ont été exclues cette année de la clientèle prioritaire pour la vaccination contre la grippe, car elles ne sont pas jugées plus à risque d’être hospitalisées en raison de la maladie.

Le gouvernement vise une couverture vaccinale de 80 % chez les clientèles à risque.

Bilan quotidien

Le bilan de la COVID-19 continue à s’alourdir alors que le Québec a rapporté mercredi 17 morts de plus. Pour la quatrième journée de suite, le bilan des nouveaux cas reste sous la barre du millier, tandis que les hospitalisations demeurent stables. Mais devant une hausse des cas dans Lanaudière, toute la région passera samedi en alerte maximale.

Le Québec rapporte en effet 929 nouveaux cas confirmés. Depuis quatre jours, le bilan est ainsi en légère baisse par rapport au plateau de 1000 observé pendant près d’un mois.

Le nombre de morts demeure par contre élevé, 17 s’ajoutant au bilan, pour un total de 6189 depuis le début de la pandémie. Du nombre, 427 ont été enregistrés depuis le 1er septembre, qui a marqué le début de la vague automnale de COVID-19.

C’est en Montérégie que l’on déplore le plus de nouveaux décès. Le bilan de la région s’est alourdi de cinq par rapport à la veille. Depuis le 1er septembre, 89 personnes ont perdu la vie en Montérégie en raison de la COVID-19.

Montréal rapporte trois décès mercredi, pour un total de 50 depuis la rentrée.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean déplore quant à lui deux morts de plus, pour un total de 11 depuis deux mois. La Gaspésie déplore aussi deux décès, pour un total de 15 depuis le 1er septembre.

La Capitale-Nationale rapporte aussi un nouveau décès, portant son total à 94 depuis la rentrée. Les régions de l’Estrie, Chaudière-Appalaches, Laval, Lanaudière et les Laurentides déplorent elles aussi chacune un nouveau décès.

Le bilan des hospitalisations est stable. On compte présentement 526 personnes hospitalisées, soit une de moins que mardi. Du nombre, 89 se trouvent aux soins intensifs, soit deux de moins.

Québec rapporte également avoir effectué 20 667 prélèvements lundi.

Plus de rouge encore

En après-midi, le gouvernement a annoncé que l’ensemble de la région de Lanaudière passera en alerte rouge samedi soir. La portion sud, soit Joliette et les MRC de L’Assomption, D’Autray et des Moulins, était déjà en alerte maximale, se trouvant dans la région métropolitaine de Montréal. Mais s’ajouteront désormais les secteurs de Rawdon et de Saint-Michel-des-Saints.

Alors que la majorité des régions du Québec observent une amélioration de leur bilan COVID-19, Lanaudière connaît au contraire une hausse constante des nouveaux cas confirmés. Depuis deux semaines, elle avait d’ailleurs franchi le cap des 10 nouveaux cas par 100 000 habitants par jour. En date de mercredi, 42 cas se sont ajoutés, faisant passer sa moyenne à près de 17 cas par 100 000 habitants. Lanaudière figure ainsi parmi les régions où la pandémie est la plus active dans la province.

Les mesures associées à la zone rouge, comme la fermeture des bars et des restaurants, entreront en vigueur samedi soir, le 31 octobre. « Les sacrifices de tous, au cours des dernières semaines, ont donné des résultats et la situation s’est stabilisée un peu, mais il faut poursuivre en ce sens si on veut limiter les risques de propagation du virus. La situation demeure préoccupante, et nous voulons protéger les efforts qui ont été faits jusqu’à maintenant, notamment dans la région de Lanaudière », a indiqué par communiqué le ministre de la Santé, Christian Dubé.

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