Éducation

Des écoles attentives

De nombreux collèges privés privilégient une rentrée progressive pour les nouveaux qui arrivent en 1resecondaire, afin de les mettre en confiance.

Le premier jour, ils sont souvent seuls dans l’école. « Toute l’équipe les prend en charge et leur souhaite la bienvenue. C’est énervant de quitter le primaire, c’est une véritable source de stress et nous sommes là pour démystifier le fonctionnement du collège. Ensuite, ils participent à une activité d’intégration : ils partent à Tadoussac (144 garçons et 72 filles séparément) pendant trois jours pour apprendre à se connaître et briser l’anxiété devant l’inconnu. 

De cette façon, ils se font des amis et rencontrent tous leurs professeurs. Notre rôle est de les amener à réussir et il faut déployer beaucoup d’énergie pour y arriver », explique Michel April, directeur général du collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal. Il ajoute qu’il y a toute une équipe pour venir en aide aux élèves. Que ce soit une orthopédagogue ou une intervenante psychosociale. De plus, d’anciens élèves sont surveillants (à temps partiel) et servent de « grands frères et grandes sœurs ».

De son côté, Jean-Marc St-Jacques, directeur général du collège Bourget à Rigaud estime qu’il faut préparer adéquatement les élèves à entrer au cégep, puis à l’université, et à entrer dans la vie active où ils devront composer avec le souci de performance. Selon lui, il faut alléger leur emploi du temps. « Je ne cesse de répéter aux parents qu’il faut ralentir le rythme de leurs enfants, garder dans la journée un moment où il n’y a rien. Rien du tout. Se reposer, s’aérer mentalement. C’est important les activités physiques et les loisirs, mais il faut rester humain. Les parents sont dans les estrades, et je leur rappelle que ce n’est pas la Coupe Stanley qui est en jeu ! On ne mourra pas si l’équipe perd un match ! Il faut garder des activités où il n’y a pas de trophée ou de récompense à la clé. Au collège, on propose notamment aux élèves de s’engager dans des projets humanitaires. »

Il remarque que les enfants manquent de sommeil. Ils ne dorment pas assez et se disent fatigués en classe. «  Cela nuit à leurs capacités d’apprentissage. Quand on est moins reposé, on est moins à l’écoute, moins performant, plus stressé », explique-t-il. En effet, selon l’étude de la Fédération, la durée moyenne de la nuit de sommeil est passée de 8,2 heures en 2001 à 7,9 heures en 2010.

Savoir gérer son stress

« La pression ne vient pas toujours de la part des parents. Les enfants se la mettent eux-mêmes. Ils veulent que leurs parents soient fiers d’eux et veulent leur faire plaisir », souligne Jessica Brazeau, éducatrice spécialisée au Collège de Montréal. Elle propose des ateliers sur la gestion du stress aux élèves de la 1re à la 5secondaire. « Je vois des élèves qui veulent devenir médecins et qui travaillent fort pour avoir de bonnes notes pour leur future carrière.  »

Elle donne quelques trucs pour vaincre le stress : «  Conjuguer sa vie au présent, apprendre à avoir des pensées positives et travailler sur le corps. » Elle suggère de respirer par le ventre et de relâcher les muscles, ce qui aura un effet d’apaisement.

« Certains parents me confient qu’ils aimeraient bien assister à mes ateliers pour mieux gérer leur propre stress ! À l’âge adulte, le stress ne fait qu’augmenter. Le soir, les élèves voient leurs parents travailler sur leur ordinateur ou répondre à des courriels. Ils sont très conscients de ce que représente la performance au travail. »

« La performance n’est pas une de nos valeurs, mais l’excellence dans le dépassement, on y croit », estime la directrice générale du Collège de Montréal, Patricia Steben. À la veille des examens d’admission dans les écoles, la directrice souhaite rassurer les parents et les enfants. « On demande les bulletins scolaires de 4e et de 5e année. Tout ne repose pas sur le test d’admission. C’est deux ans de travail contre deux heures et demie d’examen, évidemment qu’on en tient compte », soutient la directrice.

Elle ajoute que certains parents soudoient presque les enseignants de 5e année pour que les enfants aient un bon bulletin pour pouvoir entrer dans une bonne école secondaire !

en 10 ans, le nombre d'élèves estimant avoir une vie stressante est passé de 36 à 43% chez les 12-18 ans. Ce taux est de 33% en secondaire 1 et passe à 50% en secondaire 5.

(enquête réalisée en 2010 par la Fédération des établissements d’enseignement privés auprès de 44 000 élèves)

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