COMMERCE

Nouvelle épicerie bio et zéro déchet à Montréal

Une vaste épicerie sans déchets et sans emballages, offrant des produits biologiques, locaux et en vrac, à prix abordable, ouvrira ses portes à la fin du printemps, dans le quartier Villeray. Le projet écologique qu’est l’épicerie LOCO, lancé il y a un an par quatre amies, a déjà remporté des prix d’entrepreneuriat. Deux des propriétaires, Martine Gariépy et Marie-Soleil L’Allier, ont répondu à nos questions.

Comment est née l’idée de l’épicerie LOCO ?

Comme on est toutes étudiantes ou finissantes à la maîtrise en sciences de l’environnement, on est très conscientisées face aux enjeux environnementaux. Chacune voulait trouver une façon de changer la société pour qu’elle soit plus écologique. Un soir, en prenant une bière, on a fait le pacte d’ouvrir une épicerie écologique !

Quels seront les produits qu’on y trouvera ?

Des produits en vrac comme des fruits, légumes, pâtes alimentaires, riz, légumineuses, farines, huiles, vinaigres, soya, olives, etc. Mais aussi, des condiments et des produits en consigne dans des pots Mason que les gens pourront rapporter. On travaille même pour offrir du sirop d’érable en vrac. Pour l’instant, nous ne proposerons pas de viande. Les gens pourront apporter leurs propres sacs et pots ou pourront s’en procurer à l’épicerie.

Pourra-t-on trouver du prêt-à-manger ?

Oui, on a déjà commencé à vendre des Bocaux LOCO déjeuner au café étudiant de l’UQAM. Ce sont nos propres mélanges dans des pots Mason, réalisés avec les produits de nos fournisseurs. Ça fonctionne très bien, alors on va en vendre à l’épicerie. On travaille aussi avec un traiteur qui préparera des repas avec nos restants afin de réduire au maximum les pertes alimentaires et créer des recettes sur mesure. Ça fait partie de notre système de recyclage. Il y aura aussi des ateliers pour les gens qui veulent réapprendre à faire du cannage, comme nos grands-mères faisaient.

Offrirez-vous des produits non alimentaires ?

Oui, des cosmétiques, des produits nettoyants. On vendra aussi les produits nécessaires pour fabriquer des produits cosmétiques. On veut que les clients puissent trouver de tout en un seul endroit.

Quelle est la clientèle cible ?

Nous avons trois clientèles cibles : les jeunes urbains, les jeunes familles et les baby-boomers. Ces derniers sont surtout intéressés pour des raisons de santé et cherchent des aliments moins transformés. À la suite de notre étude de marché, nous avons constaté que notre clientèle cible se trouve surtout dans Villeray, où il y a une grande demande. On compte ouvrir deux autres épiceries zéro déchet à Montréal d’ici trois ans.

Comment vos prix seront-ils compétitifs ?

Selon nos calculs, on sera moins chers que Rachelle-Béry, par exemple. On vise à offrir des produits biologiques moins chers qu’en épicerie conventionnelle en réduisant les intermédiaires, en offrant des produits moins transformés et en ayant une marge bénéficiaire raisonnable.

Avez-vous eu des moments de découragement ?

Non, au contraire. Plus on prend conscience de la gravité des crises environnementales, plus on se demande ce qu’on peut faire et plus c’est lourd. Passer à l’action avec un projet constructif, auquel les gens croient, donne de l’énergie. On est de plus en plus convaincues qu’on fait la bonne chose. Et on est étonnées de constater à quel point les gens veulent que le projet fonctionne, que ce soit lorsqu’on discute avec des financiers, des fournisseurs ou des clients. Les gens sont prêts pour ça !

Vous attendiez-vous à un tel enthousiasme avant même l’ouverture ?

Non ! Notre page Facebook est devenue virale après une semaine, on n’en revenait pas ! [Plus de 7600 personnes y sont abonnées.] On reçoit des CV et des courriels de gens qui veulent connaître la date d’ouverture. C’est incroyable, le nombre de personnes qui nous ont contactées pour des partenariats et des collaborations ! Tout cela nous a vraiment portées. Sans oublier qu’on veut que ce soit un projet citoyen.

Avez-vous été inspirées par ce qui se fait ailleurs ?

Oui, dans des pays en Europe comme la France ou l’Allemagne, le concept est très avancé. Par exemple, on trouve la chaîne day by day en France. Au Québec, l’an dernier, l’épicerie bio en vrac Silo a ouvert à Sherbrooke et ça fonctionne très bien ! On est aussi en contact avec Béa Johnson, une icône du zéro déchet.

De quoi aura l’air votre local de 1500 pi2 ?

On fait affaire avec deux architectes pour les travaux de rénovation, Micheal Hall et Catherine St-Pierre. On veut que l’ensemble soit épuré et convivial. Et on essaie de travailler le plus possible avec des matériaux recyclés, comme des palettes de bois. Et même avec des matériaux que les gens nous offrent gracieusement, tels que des étagères. Ça fait partie de la démarche zéro déchet.

Combien avez-vous investi jusqu’à présent ?

On a financé presque la moitié du projet avec nos économies personnelles, soit quelques milliers de dollars. Pour l’instant, on n’a pas demandé l’aide de nos familles et de nos amis. Comme certaines d’entre nous sont encore étudiantes, on a eu accès à des bourses. On a donc investi beaucoup de temps dans les concours. Des investisseurs nous ont aussi fait des propositions qu’on a refusées, car pour l’instant on veut se débrouiller toutes seules. On vient de lancer une campagne de sociofinancement.

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