Poésie

L’été en strophes

Au cours des huit prochaines semaines, cet espace sera réservé à plusieurs vers, quelques strophes, un poème court. La poésie peut tout dire tout le temps de plusieurs façons. L’été, elle sait être arborescente, lumineuse et ludique. 

Extrait de 47Atelier des saveurs

De Charles Sagalane (La Peuplade)

« 22 juillet 2012, Énigme de jardin, Détaillant de chaîne alimentaire, Alma QC//Je ne suis pas une marchandise./Aucun prix ne me colle à la peau./L’astre du jour a fait de moi sa friandise./Et le fumier me voit comme son cadeau./Je bois quand les nuages se brisent./Et rougis pour peu qu’on me tourne le dos.//“Eille les tomates sont en spécial./Y’ont pas l’air belles belles par exemple./Ben, ça dit que c’est des tomates de jardin.” »

Le poète  

Né à Saint-Gédéon-de-Grandmont, Charles Sagalane a publié quatre autres recueils aux Éditions La Peuplade, soit 73Armoire aux costumes, 51Antichambre de la galerie des peintres68Cabinet de curiosités et 29Carnet des Indes

Quelle poésie aimez-vous lire l’été ?

« J’aime bien les lectures feuillues d’été. Ramures vastes et feuillaisons grouillantes. Ces temps-ci, je savoure trois traductions de l’ultime journal poétique de Bashō, le Oku no hosomichi. Il m’a fallu l’hiver pour en recueillir les versions publiées à Bordeaux, Genève et Lagrasse. Le poète y retrace un voyage à pied sur les routes du Nord japonais. J’en fais une lecture simultanée. Un bref chapitre à la fois. D’abord, je grimpe L’étroit chemin du fond d’Alain Walter et sa montagne de notes, qui me procure un panorama admirable sur l’entreprise d’écriture. Ses marges me ravissent autant que sa justesse textuelle. Je découvre lexique et règles poétiques, inspirateurs chinois et précurseurs japonais, sites emblématiques et allusions historiques. Tout le monde intérieur du poète pèlerin. Puis, la traduction sèche et limpide de l’orientaliste René Sieffert, La sente étroite du Bout-du-Monde, me redonne le pas sur l’essentielle lancée narrative. Je boucle mon itinéraire en déambulant dans une rareté lumineuse, Le chemin étroit vers les contrées du Nord. C’est l’écrivain Nicolas Bouvier qui traduit. Le concret paysage de Bashō, sa bougeotte de voyageur, sont rehaussés par la touche unique de l’écrivain suisse. Sur mon chemin, peu importe l’édition, je recopie de remarquables passages avec délectation. »

— Propos recueillis par Mario Cloutier, La Presse

L’été en strophes

Au cours des prochaines semaines, cet espace sera réservé à plusieurs vers, quelques strophes, un poème court. La poésie peut tout dire tout le temps de plusieurs façons. L’été, elle sait être arborescente, lumineuse et ludique.

Le recueil

Habiter est une blessure

François Godin

Le lézard amoureux

extrait de habiter est une blessure

De François Godin (Le lézard amoureux)

« Les draps survoltés éclatent sur nos dos / quand mon indiscipline tend ses voiles // je me détache au milieu de tes écorces / mes ravages chassent les nuances de muscles // sur la terre matelassée / une brume renverse mes tribus // l’écharpe et le gibier/charpentent l’intime »

Le poète 

François Godin

Né à Grand-Mère, François Godin a été finaliste du prix du récit Radio-Canada en 2012. Habiter est une blessure est son troisième recueil après La victoire jamais obtenue (Écrits des Forges) et La chambre aux quatre vents (l’Hexagone).

Quelle poésie aimez-vous lire l’été ?

« Explorer l’imaginaire des poètes que j’emporte comme un carnet et en être habité de longues heures. Une plage, un quai, un banc de parc, sous le soleil. Les occasions se multiplieront pendant la saison estivale. Mes compagnes et compagnons, cet été : Catherine Harton (Les Ordres de la nuit), Valérie Forgues et Stéphanie Fillion (Jeanne Forever), Hélène Dorion (Comme résonne la vie), Jonathan Charette (Ravissement à perpétuité), Audrey Hébert (Hochelagurls), le dernier numéro d’Estuaire, “Portrait”, tout au féminin. D’autres s’inviteront sans doute, à l’abri, pendant un orage ou une pluie chaude. »

— Propos recueillis par Mario Cloutier, La Presse

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