Earthquakes de San Jose

Wondolowski, le renard solitaire

En 2009, Chris Wondolowski vivotait dans la MLS depuis quatre saisons lorsque les Earthquakes de San Jose l’ont réacquis du Dynamo de Houston. L’attaquant, alors âgé de 26 ans, a beau être un régional, ayant grandi à 45 minutes de San Jose, son arrivée n’a pas stoppé les rotatives des journaux locaux. D’ailleurs, pourquoi en aurait-il été autrement pour un renfort qui n’avait marqué que 4 buts en 39 rencontres de MLS ? « Je pense vraiment que je peux les aider », racontait simplement Wondolowski au Mercury News.

Aujourd’hui, cette déclaration laconique entraîne un sourire en coin. Sept saisons pleines plus tard, « Wondo » a marqué à 121 reprises, avec un pic de 27 buts au cours de la campagne 2012.

Élu joueur par excellence cette saison-là, il compte même 35 sélections avec l’équipe américaine, qu’il a accompagnée à la Coupe du monde, lors de deux Gold Cup et à la Copa America Centenario. Bref, il fallait être un sacré visionnaire, ou faire aujourd’hui preuve de mauvaise foi, pour anticiper une deuxième partie de carrière aussi prolifique.

« Je n’aurais aucunement pensé qu’il ferait ça, convient Antonio Ribeiro, qui l’a côtoyé lors de la deuxième moitié de saison, en 2009. Certains joueurs comme [Didier] Drogba ont des capacités hors du commun, alors que lui, il est très normal. À la limite, il avait comme une petite bedaine. »

« Je n’ai rien compris [à son parcours]. Ce n’est pas le gars le plus vite, le plus technique, le plus costaud ou celui qui tire le plus fort. Il est très normal, mais il est rusé. Il est comme un petit renard devant le filet. »

— Antonio Ribeiro, à propos de Chris Wondolowski

À 34 ans, les jambes du renard des surfaces – dont le tableau de chasse est forcément moins élevé qu’au début de la décennie – sont un peu plus lourdes. L’homme n’a jamais été le plus exubérant devant une caméra ou un micro, mais il reste le premier à montrer l’exemple et à se battre sur un terrain.

C’est d’autant plus vrai, maintenant, qu’il est devenu le visage de l’équipe. « C’est un garçon qui est très simple et qui veut gagner à tout prix. Il ne triche pas, il travaille fort, et ce n’est pas pour rien qu’il est rendu capitaine de l’équipe, souligne l’ancien milieu offensif de l’Impact. Il a une grosse volonté de réussir, de marquer, et il ne se décourage pas. »

Quelle ruse pour le remplacer ?

La saison 2017 des Earthquakes sera une belle réussite si elle se termine par une participation aux séries. L’an dernier, huit points les séparaient du sixième rang de la compétitive Association de l’Ouest. 

Individuellement, personne n’est parvenu à prendre le relais offensif de Wondolowski, qui a inscrit 12 des 32 buts de l’équipe en 34 rencontres. L’ancien international américain Hérculez Gómez a jeté un pavé dans la mare, le mois dernier, en affirmant que l’équipe, par sa politique de recrutement, gâchait carrément le talent du numéro 8.

De saison en saison, les Quakes piochent allègrement dans le marché international sans qu’on n’y décèle une réelle cohérence sportive. Il reste que la recette tactique restera plutôt simple, à défaut d’être totalement connue des Montréalais.

« La tendance est que Wondolowski va jouer, maintenant avec qui ? s’est interrogé l’entraîneur adjoint Jason Di Tullio. On est presque sûrs qu’ils vont aller en 4-4-2, mais ils ont recruté autant des joueurs expérimentés que des jeunes joueurs. On a des vidéos sur tous ces joueurs-là et on sera prêts. »

Trois rescapés

En plus de Wondolowski, Ribeiro a évolué avec deux autres joueurs toujours présents au club : l’ailier Shea Salinas et le puissant attaquant Quincy Amarikwa. À l’époque, le décor n’était pas le même, puisque les Quakes n’avaient pas emménagé dans le somptueux Avaya Stadium. Le modeste Buck Shaw Stadium, qui compte à peine plus de 10 000 places, cédait sa place au gigantesque Candlestick Park lors des grands rendez-vous. « Je ne suis pas allé dans le nouveau stade, je n’y ai pas joué, mais j’ai vu des photos. Quand l’équipe vient à Montréal, je passe du temps avec le directeur général, qui m’a invité là-bas. Mais comme je vais être papa pour la deuxième fois au mois d’avril, ça limite les voyages. Mais j’ai gardé une très bonne relation avec les gens là-bas », conclut Ribeiro.

Une blessure inopportune

Ribeiro, milieu offensif, a disputé sept matchs avec les Earthquakes, en 2009, pour un total de 509 minutes de jeu. Avec le recul, il juge encore très favorablement sa seule saison disputée à l’étranger. Mais s’il garde un seul regret durant son séjour en MLS, c’est bien la façon dont il a géré une blessure ligamentaire à une cheville subie avec la sélection canadienne, en janvier 2010. Malgré la douleur et les limitations, il n’a pas pris le repos nécessaire. « Le coach m’a dit : “Antonio, ton niveau n’est pas très fort cette année, je ne sais pas ce qui se passe. Nous, on va prendre des décisions et on te libère.” Je ne pouvais plus dire que j’étais blessé, parce que j’avais joué. À mon retour à Montréal, j’ai fait des radiographies et on m’a confirmé que j’avais une blessure qui allait peut-être prendre trois ou quatre mois à guérir. J’ai ensuite rejoint l’Impact. Avoir su, j’aurais fait des tests et j’aurais dit à San Jose qu’il ne pouvait pas me libérer puisque je n’étais pas à 100 %. J’aurais peut-être pu me trouver un autre club pendant que j’étais là-bas. » Ribeiro a pris sa retraite en 2012, avec au compteur 177 apparitions dans le maillot montréalais.

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