PME INNOVATION 

Innover grâce
à ses clients

La paperasse n’a jamais été très populaire, mais il y a des domaines où elle a la tête dure. idSide, une firme de logiciels de Québec, en cible deux : les conseils d’administration et les procédures d’urgence.

Fondée en 1998, idSide s’est d’abord attachée à rendre accessible en ligne des bases de données comme les statistiques sur le taux d’occupation des services des urgences des hôpitaux québécois.

C’est un client, un directeur de caisse populaire, qui a fourni à l’entreprise l’idée derrière ce qui est aujourd’hui l’un de ses deux produits, Gouvernance Web.

« Il en avait assez de devoir gérer les photocopies et la livraison des documents avant chaque réunion du conseil d’administration », raconte André Vuillet, président d’idSide.

Le contrat a changé l’entreprise. « C’est ce qui nous a permis de passer d’une boîte de sur-mesure à une boîte de produits. »

Il a toutefois fallu du temps avant qu’idSide déniche d’autres entreprises prêtes à emboîter le pas à son premier client un peu visionnaire.

« En 10 ans, je dirais qu’il a fallu en consacrer sept à l’“évangélisation”. »

— André Vuillet

Ce long chemin de croix a été finalement facilité par l’émergence des tablettes numériques, qui ont donné « un second souffle ».

« Les conseils d’administration sont un reflet de la société en général, indique M. Vuillet. Ils sont composés à environ 20 % d’amateurs de technologie. Le reste, ce n’est pas seulement des gens qui sont résistants au changement. Il y en a qui ont des préoccupations légitimes, entre autres pour la sécurité. La gestion du risque fait partie de leur rôle d’administrateur. »

Pour espérer remplacer le papier, les solutions logicielles doivent être en mesure d’être aussi pratiques à tous les points de vue, voire en offrir davantage. Gouvernance Web permet donc d’annoter et de surligner des documents. On peut même y ajouter des notes vocales. L’ensemble des documents liés à une réunion peut aussi être téléchargé localement pour une utilisation ultérieure dans un endroit privé de connexion à l’internet.

« À la blague, on dit que c’est le “mode chalet”, parce que c’est ainsi que nous l’ont demandé plusieurs administrateurs », dit M. Vuillet.

URGENCES SANS PAPIER

L’autre produit d’idSide est lui aussi venu d’une demande d’un client. Cette fois, c’est un centre de santé de la région de Québec qui, il y a sept ans, a « lancé le défi » à idSide de convertir à l’électronique les classeurs à anneaux renfermant les protocoles à suivre point par point dans différentes situations d’urgence.

Que doit faire le chef d’un service d’un hôpital si un avion s’écrase dans son secteur ? Les étapes, listes d’intervenants et coordonnées, normalement consignées sur papier et compliquées à tenir à jour, sont maintenant accessibles sous forme électronique grâce à un produit qu’idSide appelle « Valise de garde ».

Après avoir obtenu un certain succès dans le domaine de la sécurité civile, idSide « commence à déployer Valise de garde dans d’autres secteurs, dont les plans de relève et la continuité des entreprises ».

idSide

Qui : 
André Vuillet et une quinzaine d’employés.

L’idée : 
Des logiciels pour
la gestion de documentation
sans papier.

L’ambition : 
Aller à l’international et devenir le meilleur outil en gestion de protocoles en ligne.

Ils y croient et y ont investi de l’argent : 
André Vuillet, Martin Sohier et François Lefebvre.

Secteur manufacturier

La réindustrialisation
de l’Amérique est en marche

L’exode des emplois manufacturiers a été stoppé aux États-Unis en 2013. La Reshoring Initiative, un organisme sans but lucratif qui fait la promotion de la réindustrialisation des États-Unis, prévoit même la création nette de 50 000 emplois manufacturiers en 2016. Entretien avec le fondateur de l’organisme, Harry C. Moser. 

Cinq mots pour comprendre le reshoring

Coûts

Le quart des 4 millions d’emplois qui ont été délocalisés à l’étranger au cours des dernières années est susceptible d’être rapatrié en sol américain par simple logique économique. Selon la Reshoring Initiative, qui a vu le jour en 2010, il devient plus avantageux de produire localement certains produits que de les faire fabriquer en Chine, une fois que l’on a tenu compte de l’ensemble des coûts associés à la production d’un bien destiné à être vendu en Amérique.

Cinq mots pour comprendre le reshoring

Inflation

La Chine connaît une inflation des salaires, exprimés en dollars américains, de 15 à 18 % par année depuis 15 ans. En termes relatifs, l’augmentation des coûts de production a été significative. « Avant, les coûts de production y étaient tellement bas qu’un manufacturier pouvait ignorer les frais secondaires et prendre quand même une bonne décision en délocalisant sa production en Chine, explique M. Moser. Maintenant, l’écart s’est rétréci au point où il n’est plus avisé d’ignorer les coûts accessoires avant de prendre une décision », soutient-il. Ces frais (stockage additionnel, rappels de produits, etc.) peuvent représenter 25 % du coût total du produit.

Cinq mots pour comprendre le reshoring

Énergie

Grâce au boom dans la production du gaz de schiste qui a fait baisser le prix de l’énergie, il s’est investi 100 milliards dans l’industrie chimique et plastique aux États-Unis depuis 2010. Les industries utilisant massivement les produits plastiques et chimiques à titre d’intrants dans leur production profitent de baisses de leur prix de revient. L’énergie bon marché a aussi rendu plus concurrentielles les aciéries et les fonderies américaines, des entreprises énergivores.

Cinq mots pour comprendre le reshoring

Transport

Les biens manufacturés les plus lourds, ceux qui sont les plus coûteux à transporter, sont les premiers à avoir vu leur production rapatriée aux États-Unis. Le matériel de transport, l’équipement industriel, les appareils électroménagers domestiques tombent dans cette catégorie. Une centaine de sociétés œuvrant dans ces trois industries ont rapatrié des éléments de leur production au cours des dernières années. Curieusement, le meuble aussi profite du phénomène. Cette industrie doit renouveler régulièrement ses collections. Dans ce cas de figure, la proximité entre le design, le génie et la production devient un gage d’optimisation du processus de fabrication.

Cinq mots pour comprendre le reshoring

Croissance

Pour la Reshoring Initiative, le retour en force du manufacturier en créant de bons emplois, en diminuant les importations et en stimulant les exportations devient un moyen efficace de lutter contre le déficit de la balance commerciale aux États-Unis et contre les déficits des États et des pouvoirs locaux. Jusqu’à maintenant, le phénomène a surtout profité aux États du sud du pays, qui ont accaparé 40 % des cas documentés de relocalisation. Le Nord-Est reste à la traîne avec seulement 5 % des relocalisations.

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