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Des hommes et Desports

Le deuxième numéro du trimestriel Desports est arrivé en librairie au Québec. Cette toute nouvelle revue, lancée en janvier dernier, tente de réconcilier sport, littérature et grand reportage. Le plus récent numéro propose un texte de Paul Auster sur le baseball, une entrevue décapante avec Yannick Noah, nous transporte dans un café sénégalais un soir de match du Barca… On est loin du compte-rendu de partie. Desports s’inscrit en France dans une tendance vers le magazine cartonné se rapprochant du livre – pensez à XXI. Ils appellent ça le « mook », pour « magazine » et « book », mais on ne leur en tiendra pas rigueur… Entretien avec le cofondateur de Desports, Adrien Bosc.

Q. Comment la revue Desports est-elle née ?

On a une autre revue, qui s’appelle Feuilleton, qui fait de la traduction de grands reportages étrangers, du type New Yorker, Vanity Fair ou Harper. Nous n’avions aucun projet autre que Feuilleton au départ. Mais on a publié dans le second numéro un grand article du New Yorker sur l’équipe cycliste du Rwanda, qui mélange autant Hutus que Tutsis. On a été époustouflés par ce reportage brillant. C’était une manière unique de comprendre la situation du Rwanda à travers le sport. Les réactions à cet article autour de nous nous ont fait réaliser qu’il y avait un manque dans la presse française, une place pour un magazine capable de raconter le sport différemment ; de faire du sport un tremplin pour raconter des sujets économiques, sociaux, culturels.

Q Et les amateurs de sport aiment lire des textes plus littéraires ?

R Nous en étions convaincus parce que nous-mêmes avons ce goût. On croisait autour de nous des gens qui lisent à la fois L’Équipe et Le Monde. C’est quelque chose d’extrêmement répandu. On a vite fait d’enfermer les gens dans des cases ; si vous aimez ça, vous n’aimerez pas ça. C’est beaucoup plus complexe. On a entendu des libraires, des lecteurs nous dire : « je n’aime vraiment pas le sport, mais là, j’ai adoré la revue. » Le premier numéro s’est écoulé à 8000 exemplaires, au-delà de nos attentes.

Q Le néologisme « mook », c’est pas un peu affreux comme mot ?

R Oui, c’est affreux. C’est dur à comprendre pour vous dans un pays qui défend la francophonie. Mais nous, comme nous sommes dans un pays qui a un français peu attaqué, nous sommes les propres ennemis de notre langue. On a vite fait de trouver des néologismes anglais qui arrangent plus le marketing qu’autre chose. Nous, on s’est toujours tout simplement revendiqués de la « revue ». Évidemment, c’est un peu différent de vieilles revues françaises ou de la revue Esprit, mais c’est finalement une évolution technique du jour, avec le graphisme, l’illustration. Laissons le « mook » au marketing.

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