ÉDITORIAL

Moins élitiste

Qui sont les futurs médecins ? Majoritairement des jeunes qui ont grandi dans des familles aisées. Un portrait élitiste que l’Université de Montréal veut renverser.

L’institution a mis en place un programme destiné aux élèves de certaines écoles secondaires défavorisées ou multiethniques de Montréal. Des étudiants en médecine viennent parler de leur expérience. Du jumelage, qui pourrait prendre la forme de mentorat ou d’aide aux devoirs, est en train de se mettre en place.

L’effort est louable. Il serait surprenant que le portrait des étudiants en médecine change radicalement, mais quand il est question de persévérance scolaire, chaque petit geste compte.

Les études le montrent clairement : l’enfant qui grandit dans une famille où le revenu annuel est bas et dont les parents ne sont pas allés à l’université a moins de chances de s’y rendre à son tour.

Le soutien social, de bonnes notes au secondaire et le fait de grandir dans un milieu qui valorise l’éducation sont d’autres facteurs qui pèsent dans la balance.

Beaucoup d’efforts ont été faits pour convaincre les jeunes que les portes des universités leur sont ouvertes. L’Université de Montréal veut maintenant leur dire que celles de la médecine le sont également.

Interrogés sur leurs craintes à l’idée d’entreprendre des études en médecine, les jeunes ciblés par l’institution ont évoqué l’argent et la difficulté des études.

Les résultats scolaires doivent effectivement être excellents. Malgré cette exigence élevée, la compétition est forte. À peine un candidat sur 10 est sélectionné.

Mais de plus en plus, les universités recherchent d’autres aptitudes chez les futurs médecins. Au-delà des notes, les candidats doivent être bons gestionnaires, bien communiquer, avoir de l’empathie, de la sensibilité.

Qui de mieux qu’un médecin qui a grandi dans un milieu modeste pour comprendre la réalité des patients qui y vivent ?

L’idée de sensibiliser les jeunes à la médecine dès le secondaire est intéressante, mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Le défi est de ne pas abandonner les futurs candidats en cours de route.

Le soutien scolaire doit se poursuivre au collégial, une transition souvent difficile, particulièrement quand les parents n’ont pas vécu eux-mêmes l’expérience des études postsecondaires. Ils se retrouvent alors démunis pour aider leurs enfants. Des bourses pourraient aussi donner un coup de pouce aux jeunes des milieux défavorisés.

Tout cela ne fera pas en sorte que des dizaines de jeunes issus de milieux modestes vont se ruer vers la médecine. S’il y en a quelques-uns, ce sera toutefois un beau progrès.

D’autres facultés, en sciences de la santé, en droit ou en administration, pourraient suivre l’exemple. S’il est vrai que les universités doivent ouvrir leurs portes, ce sont tous les programmes universitaires qui doivent être accessibles.

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