Bandes dessinées

Le rapport de Brodeck, tome 2

(Dargaud)

Il s’agit du deuxième et dernier volet de ce diptyque de Manu Larcenet (Blast),

qui a adapté le roman du même nom de Philippe Claudel. « Quand j’ai lu le roman en 2008, je suis tombé sur le cul. Quand j’ai su que c’était Manu Larcenet qui faisait l’adaptation, je me suis demandé comment il allait faire… Quelqu’un qui ne connaît pas le roman pourrait croire que c’est l’œuvre de Larcenet. Il réussit avec le dessin à traduire l’ambiance poisseuse et froide du roman de Claudel. Dès le premier tome, tout est là. » Rappelons que l’histoire originale met en scène le personnage de Brodeck, qui fait le récit de la mort d’un étranger (baptisé L’autre). Lui-même avait été envoyé dans un camp de concentration parce qu’il était différent…

Bandes dessinées

The Vision

(Marvel)

C’est le premier tome qui regroupe les six premiers fascicules de cette histoire qui comptera un deuxième tome. Créé par Tom King et Gabriel Hernandez Walta, Vision est un androïde qui fait partie de l’équipe des Avengers.

« Pour mieux comprendre la race humaine, il va se créer une famille [d’androïdes] – une femme, deux enfants et un chien – et s’installer dans une ville de banlieue américaine, raconte Jean-Dominic Leduc. On est loin des batailles de superhéros… En fait, c’est une série de science-fiction qui pose la question : qu’adviendra-t-il de l’humanité si, un jour, l’intelligence artificielle prend le dessus sur l’homme ? Donc on reprend un personnage secondaire et on en fait un récit à la fois captivant et contemporain. »

Bandes dessinées

Le retour de l’Iroquois

(Trip)

L’auteur vétéran Louis Rémillard a imaginé ce récit historique (qui se passe au XVIIe siècle) où un Iroquois fait prisonnier par les Français part seul en canot de Trois-Rivières

pour porter un traité de paix aux États-Unis. « C’est un voyage initiatique où le lecteur est invité à plonger dans le mode de vie des Premières Nations de cette époque. Il y a des moments où il pagaie dans le fleuve et où on voit ce qui se passe 300 ans plus tard ! On reconnaît des édifices de la ville ! Il a des perceptions du futur. C’est un album qui nous amène à réfléchir sur qui nous sommes. Quel territoire habitons-nous vraiment ? Comment les gens vivaient-ils ici avant qu’on arrive et qu’on les exproprie ? C’est tellement bien documenté ! C’est vraiment un album à lire. »

Bandes dessinées

La femme aux cartes postales

(La Pastèque)

Le nouveau roman graphique de Jean-Paul Eid et Claude Paiement est un incontournable

parmi les nouveautés,

insiste Jean-Dominic Leduc. « Jean-Paul est l’un de nos grands bédéistes. Il nous a fait rire pendant des années avec son Jérôme Bigras. Il a touché à la science-fiction (Le naufragé de Memoria) et là il nous emmène complètement ailleurs, dans une quête identitaire qui nous plonge dans le Montréal jazz des années 50. Il y a très peu d’albums qui s’intéressent à notre histoire. Le scénario est impeccable, le dessin, magistral. Il y a une minutie extraordinaire dans cet album. » Un disque 45 tours a également été lancé avec la chanson-titre du personnage principal (chantée par Fanny Bloom).

Bandes dessinées

L’homme qui tua Lucky Luke

(Lucky Comics)

Il s’agit d’une carte blanche de Dargaud et du créateur de Lucky Luke, Morris, au bédéiste français Matthieu Bonhomme

pour redonner vie au lonesome cowboy. Un one shot. « C’est un superbe exercice qui montre à quel point on peut revisiter un personnage iconique comme Lucky Luke. On apprendra entre autres pourquoi il a troqué la cigarette contre la brindille. Matthieu Bonhomme a gardé les aplats de couleurs, qui font partie du look et de la façon de raconter une histoire. Il a une approche plus naturaliste que les auteurs de Lucky Luke. Les purs et durs de Morris diront peut-être que ce n’est pas un “vrai” Lucky Luke, mais on s’en fout. L’instant d’un album, on réinvente le personnage. »

Bandes dessinnées

Faith

(DC Comics)

Une autre bédé américaine de Jody Houser qu’ont illustrée Francis Portela et Marguerite Sauvage, une Montréalaise d’origine française.

Il est question d’une jeune adolescente américaine un peu rondouillette

qui alimente un blogue de nouvelles et qui se découvre des pouvoirs télékinétiques. « On est à des années-lumière de la superhéroïne bimbo. Elle aimerait bien avoir une identité secrète et elle a le fantasme de rencontrer un acteur [qui est selon toute vraisemblance Chris Evans, qui joue Captain America]. » Toutes les portions fantasmées sont dessinées par Marguerite Sauvage. « On déconstruit les a priori du genre superhéroïque et ça fait du bien. C’est un personnage féminin très fort. Il y a quelque chose d’adolescent et de rafraîchissant, une capacité d’émerveillement extraordinaire. »

Bandes dessinées

De la bédé dans HoMa !

Une nouvelle librairie spécialisée dans la vente de bandes dessinées a été inaugurée la semaine dernière dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. La librairie Z, clin d’œil au personnage Zorglub créé par Franquin dans Spirou, a élu domicile dans le quartier. La Presse s’est entretenue avec son cofondateur Jean-Dominic Leduc.

« Chaque fois que je voulais m’acheter une bédé, il fallait que j’aille sur le Plateau, raconte le comédien Jean-Dominic Leduc, en se référant aux librairies Planète BD et Millenium. J’habite le quartier Hochelaga-Maisonneuve où il y a plein d’auteurs et plein de nouvelles familles, mais aucune offre. Je me suis demandé : pourquoi il n’y a pas de librairie ici ? ! »

Mais quelle mouche a piqué le comédien qui a joué dans L’auberge du chien noir pendant près de 10 ans pour qu’il ouvre lui-même cette librairie ?

« C’est un vieux fantasme, avoue-t-il. Le jour où mon père m’a offert un album de Tintin, ma vie a changé ! J’ai été passionné de bédés. Depuis le début des années 2000, en plus de mon travail d’acteur, je fais des chroniques là-dessus, j’ai écrit l’histoire du magazine Croc (chez Québec Amérique) et j’ai publié sept albums depuis trois ans avec ma maison d’édition Mem9ire, qui est spécialisée dans l’histoire de la bande dessinée.

« Quand j’ai eu 40 ans, je me suis dit : la bédé occupe une place importante dans ma vie. Ce serait quoi, la prochaine étape logique ? La réponse a été claire : une librairie ! »

— Jean-Dominic Leduc

Avec le réalisateur Christian Viel (Heroes of the North, la websérie), lui aussi passionné de bédés, il a trouvé un local assez grand pour qu’en plus de la vente d’albums, la librairie puisse organiser des expos, des rencontres avec des auteurs, des causeries et des lancements. La semaine dernière, par exemple, le huitième album de Red Ketchup, Red Ketchup en enfer, de Réal Godbout et Pierre Fournier, a été lancé chez Z.

« Il y a dans le quartier une librairie jeunesse [Bric-à-brac], une librairie anarchique qui fait dans l’usagé [La Flèche rouge], mais rien en bédé… Je crois qu’il y a un tissu social qui permet ce genre de boutique en ce moment et je vois depuis l’ouverture beaucoup de familles », détaille le comédien qui veut continuer à jouer, même s’il consacre beaucoup de temps à son nouveau bébé.

AUTEURS QUÉBÉCOIS

Jean-Dominic Leduc a l’intention de faire connaître les auteurs québécois – on peut voir sur les étagères les albums de Samuel Cantin, Jimmy Beaulieu, Jean-Paul Eid, Bach, Cab ou les albums américains illustrés par Yannick Paquette – qui vient de HoMa et qui vient d’illustrer le plus récent Wonder Woman. Nul doute, la bédé québécoise est en pleine effervescence, et Z s’est donné le mandat de répandre la bonne nouvelle.

« J’ai été choyé de côtoyer ces gens-là depuis quelques années, et avec Z, j’espère maintenant créer des rencontres avec les résidants du quartier. »

— Jean-Dominic Leduc

Mais ayant lui-même des goûts éclectiques – même s’il jure qu’il revient toujours aux bédés de son héros Franquin –, il voulait aussi avoir des comic books américains (incluant les petits fascicules qui se vendent à faible coût tous les mois), des mangas et des albums européens – les classiques autant que les albums de la nouvelle vague dont font partie un fort contingent de bédéistes français et belges.

« On est quand même obligés de faire des choix, mais on voulait que l’offre soit complète », insiste Jean-Dominic Leduc.

Chaque semaine, les deux propriétaires de Z comptent produire des capsules vidéo où Jean-Dominic Leduc parlera de ses albums coups de cœur. « Je suis quand même habitué à travailler devant la caméra, l’occasion est trop belle pour ne pas s’en servir. On va aussi profiter du passage de certains auteurs pour diffuser des entrevues avec eux. Comme ça, si on organise une causerie et que vous n’avez pas pu y assister, vous pourrez quand même en voir une partie ! »

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