PME Innovation

Du Kraft Dinner à la fibre optique

Les géants des télécommunications bâtissent leur réseau de fibre optique à coups de millions, voire de milliards. Les fondateurs de Fibrenoire, eux, l’ont fait « en mangeant du Kraft Dinner pendant deux ans et en ne dormant quasiment pas ».

Benjamin Desmarais, Rémi Fournier et Jean-François Lévesque, trois ingénieurs en informatique diplômés de Polytechnique, ont fondé l’entreprise en 2007. Ils avaient quitté les bancs de l’université quelques mois plus tôt pour aller travailler chacun de leur côté.

Ces quelques mois passés à être employés par autrui ont été suffisants pour que Desmarais et Fournier trouvent une occasion dans les besoins sans cesse grandissants en bande passante des entreprises.

« À cette époque, l’alternative pour les entreprises, c’étaient des connexions par cuivre ou par câble qui avaient d’abord été conçues pour un usage résidentiel, explique Jean-François Lévesque. Des entreprises de 50 employés se retrouvaient à partager une connexion équivalant à celle d’une résidence. »

Fibrenoire a donc défini ainsi son mandat : n’offrir que de la fibre optique, et seulement aux entreprises.

« On était trois gars dans une cuisine. Si on voulait se démarquer, il fallait cibler » raconte M. Desmarais.

Plutôt que de tout bâtir elle-même, Fibrenoire trouve des partenaires dont elle peut louer des parties de réseaux, ce qui lui permet de réduire ses investissements.

Ses fondateurs ont aussi constamment cherché à réduire leurs dépenses, d’où l’allusion au Kraft Dinner faite par M. Desmarais.

Services étendus

« Au départ, c’était surtout pour l’accès internet, mais la demande pour des réseaux privés s’est rapidement fait sentir », explique Benjamin Desmarais.

La gamme de services et de solutions varie. Dans certains cas, Fibrenoire peut carrément installer une fibre optique dédiée entre deux établissements d’un client. « S’il tire sur sa fibre à un bout, il fait tomber de l’équipement à l’autre bout », illustre M. Desmarais.

Mais le plus souvent, Fibrenoire monte une solution qui combine son propre réseau, celui des géants (Bell, Vidéotron, Telus) et ceux d’acteurs moins connus, notamment les commissions scolaires et les municipalités.

« Nos clients viennent nous voir et nous demandent d’avoir de la fibre à telle adresse, raconte M. Desmarais. Notre travail, c’est de trouver cette fibre. Nous sommes les experts pour trouver des bouts de fibre excédentaires et les offrir à nos clients. Ça veut dire de passer beaucoup de temps à conduire la tête en l’air, à regarder ce qui passe dans les poteaux. »

En tant que petite entreprise d’une quarantaine d’employés, Fibrenoire mise aussi beaucoup sur la transparence.

« Quand on a des pannes, on les tweete, et quand nos clients appellent, ils parlent à la bonne personne », résume Jean-François Lévesque.

La fiabilité est l’une des raisons pour lesquelles des entreprises optent pour des liens dédiés. Certaines veulent s’assurer d’avoir deux accès distincts au réseau pour se prémunir en cas de défaillance de l’un ou l’autre.

« Je mets au défi un client de Bell ou de Vidéotron de savoir par où exactement passent ses données, lance M. Desmarais. Il n’est pas capable de le dire. Il y a quelqu’un quelque part qui le sait, mais bonne chance pour le trouver. Nous, on fait ça tous les jours avec nos clients. »

L’entreprise a officiellement accueilli la semaine dernière son premier investisseur extérieur, le fonds d’investissement Novacap, dans le cadre de l’acquisition de la Société des réseaux dédiés privés inc. (SRDP Télécom) et de sa filiale Réseau du Haut-Richelieu inc. (RHRI).

SRDP, qui se spécialisait dans l’installation de réseaux de fibres et qui détenait beaucoup de capacité excédentaire exploitée par Fibrenoire depuis ses débuts, « est vraiment complémentaire », explique M. Lévesque.

Fibrenoire compte maintenant environ 800 clients et son réseau a plus de 75 millions de mètres-fibre, surtout à Montréal, à Québec, à Toronto et, grâce à l’acquisition de SRDP, en Montérégie.

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