Lu Philo mène la danse

Les garçons aussi aiment la danse

Fait vécu. C’est l’histoire d’un gamin inscrit à l’escrime, pour faire comme les autres, mais surtout, pour plaire à son père. Seulement voilà, le gamin ne s’y plaît pas. Mais pas du tout. Un jour, il a une révélation. Sa prof met sur pied un atelier de danse à l’école et il réalise que c’est ça, exactement ça, qu’il veut faire : danser. Encore faudra-t-il convaincre son paternel, ce qui, on le devine, ne sera pas nécessairement évident.

L’histoire du gamin, c’est, à quelques détails près, celle de Philo mène la danse, un roman pour enfants à la Billy Elliot qui vient briser bien des stéréotypes, sur fond de légèreté et de divertissement. « C’est une histoire qui est arrivée, je l’ai juste romancée un petit peu », raconte l’auteure, Séverine Vidal, en entrevue depuis Paris. Elle a troqué l’escrime pour le soccer (pardon, le foot, on pardonnera d’ailleurs ici à l’auteure les expressions très franco-françaises, parce que le sujet est franchement intéressant).

L’auteure est en fait une ex-enseignante, et a donc pu prendre pleinement conscience de l’omniprésence des stéréotypes chez les jeunes. Oui, encore aujourd’hui.

« Chaque année, les gars disaient que non, ils ne danseraient pas, que la danse, c’était un truc de filles. »

— Séverine Vidal, ex-enseignante et auteure

Quand il fallait se donner la main, ça ne ratait jamais : il y avait toujours un bambin pour refuser. Des déclarations à la « mon père ne voudra jamais que je danse », elle en a entendu, et entendu encore.

Pourquoi tant de sexisme ? Question d’éducation, répond l’auteure, et certainement de contexte familial. À son école, le projet de danse s’était étendu aux familles. On invitait les parents à venir, le soir, danser avec leurs enfants. « Je me souviens d’un père musulman pratiquant, qui avait dit que jamais il ne viendrait. Il a fini par venir à une soirée. Son garçon insistait. Et finalement, il l’a fait ! Il a dansé avec son fils ! Ç’a été un très beau moment. »

Non, elle ne pense pas que la danse ni son livre ne vont changer le monde. Quoique. À voir les discussions suscitées par ses textes explicitement antisexistes (elle est également l’auteure de Léontine, princesse en salopette), elle se dit que peut-être cela provoquera quelques débats, peut-être même quelques changements de position. « En tout cas, je l’espère ! »

Au passage, l’auteure se permet d’ailleurs de gentiment faire une petite leçon de morale aux parents : « Les parents, ça s’éduque. Il faut de la pédagogie. Au début, ils ont du mal, mais finalement, on note quand même quelques progrès », écrit-elle.

« Ce sont quand même plus souvent les parents qui sont plus intolérants que les enfants », confirme-t-elle.

Pour la petite histoire, sachez que l’ex-escrimeur est aujourd’hui… danseur !

Séverine Vidal, Philo mène la danse,

Éditions Talents Hauts, 2015.

Pour les 8-12 ans.

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