OPINIONS

La solution : ne rien faire

Monsieur Drainville,

Vous et moi, nous voulons la même chose : que les musulmanes enlèvent leur voile. Vous cherchez à atteindre ce but pour faire plaisir à votre tante qui a peur des « voilées », tandis que pour ma part, c’est une question de beauté féminine. Maintenant que la noblesse de notre objectif a été exposée, comment en vient-on à nos fins ?

Vous proposez de créer une loi (habilement dissimulée sous le nom de « charte » et habillée d’un manteau de bureaucratie) qui interdit le port du voile. Laissez-moi vous soumettre une alternative : ne rien faire.

Je vous entends déjà pleurer de désespoir en me disant entre deux halètements que ça ne fonctionnera jamais, car ces femmes musulmanes et bornées martèlent que le port du voile relève de leur propre choix.

Entre vous et moi, est-ce votre choix que de porter un veston et une cravate en public ? Oui, me répondrez-vous candidement en argumentant que vous pourriez porter une chemise hawaïenne si par un bon matin vous en ressentiez l’envie. Et pourtant, ça n’arrivera pas (quoique j’apprécierais grandement vous voir relever ce défi), pour la simple et bonne raison que de tels choix sont dictés par le regard de notre communauté.

Alors, comment fait-on pour leur retirer leur voile ? On les inclut dans notre communauté ! La méthode la plus simple, à mon avis, passe par les écoles (à noter que mon argument ne concerne aucunement le port du voile chez les enseignantes).

Je m’explique. Selon vous, que se passe-t-il si on place trois enfants qui portent le voile dans une classe de 30 élèves ? Les 27 autres se mettent à songer à se convertir à l’islam, ou l’inverse ? Et si ces trois enfants grandissent sans jamais se découvrir le chef, il y a fort à parier que les enfants de ces enfants seront plus enclins à le faire (ça ne vous rappelle pas le sort de la religion catholique au Québec ?).

De sorte qu’après quelques générations, votre vieille tante pourra enfin se promener dans les rues de Montréal et le vieillard que je serai pourra se régaler à la vue de la jolie crinière de jais de ces femmes tout droit sorties du conte des Mille et une nuits. Tout le monde y gagne.

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