Voisinage

« Sur quels voisins vais-je tomber ? »

C’est la question qui vrille dans la tête de tous ceux qui ont vu une pancarte « Vendu » devant la maison de leurs voisins… ou la maison qu’ils ont achetée. Qui seront ces nouveaux venus ? Comment sera mon nouveau quartier ?

Si le bon voisinage consiste à trouver le bon dosage entre proximité et distance, selon Annick Germain, les problèmes entre voisins se situent aux extrêmes – soit le voisin trop distant et fermé, soit le voisin trop intrusif. Le défi ? Trouver la façon de ne pas empiéter sur la sphère privée de l’autre, sans non plus lui laisser le droit d’empiéter sur la nôtre. À défaut de tomber sur ce type de voisin parfait, à la fois présent, impliqué, mais discret, voici sept types possibles de voisins « à problème »… avec des pistes de solution de Michel Giroux, psychologue.

TYPES DE VOISINS

L’EMPRUNTEUR

C’est celui qui… a toujours un truc ou deux ou trois à nous emprunter.

Quoi faire ? D’abord, on ne répond pas immédiatement pour pouvoir mieux établir nos limites (la durée du prêt ou la date de retour !) et nos conditions. On peut y aller un prêt à la fois, et on a aussi le droit de refuser sans avoir à se justifier.

LE FOUINEUR

C’est celui qui… épie ce qu’on fait dans notre cour à travers la clôture, qui zieute aux fenêtres, etc.

Quoi faire ? « On renforce les frontières naturelles. On applique un joli transparent dans les fenêtres problématiques, on met des plantes, etc. Sinon, on peut aussi le fixer jusqu’à ce qu’il arrête de nous regarder », suggère Michel Giroux.

LE « GONFLABLE »

C’est celui qui… est trop fier de nous parler de toutes ses nouvelles acquisitions et qui achète systématiquement tout ce qu’on possède !

Quoi faire ? On évite d’entrer dans cette compétition. « On lui dit : “C’est beau !”, et on change de sujet. On prend alors le contrôle de la conversation au lieu de lui laisser la chance de faire le tour de toutes ses possessions ! », précise Michel Giroux.

L’ENVAHISSANT

C’est celui qui… empiète sur notre terrain pendant ses travaux, se gare dans notre espace, etc.

Quoi faire ? On réagit immédiatement lorsqu’on remarque le comportement qui nous déplaît. « On est clair et on nomme les inconvénients avec une formule du genre : “Je trouve ça désagréable quand…” ou “Je n’aime pas être accueilli par…” Autrement, on attend avant de réagir, mais on prend en note les exemples précis qui nous exaspèrent », suggère Michel Giroux.

LE BRUYANT

C’est celui qui… entonne tout le répertoire de Paul Piché autour du feu dans sa cour, qui enfile les partys tout l’été ou qui sort sa tondeuse à 7 h le dimanche matin !

Quoi faire ? « On lui pose la question inverse : “Est-ce que je vous dérange quand j’écoute un film sur mon cinéma maison ?” C’est une formule pour aborder le sujet de façon détournée. Autrement, si on pense ne pas être capable de s’exprimer sans être agressif et de vite grimper dans les rideaux, ou en cas du dépassement majeur des limites, on peut appeler les policiers et faire une plainte », indique Michel Giroux.

LE CHIALEUR

C’est celui qui… profite du fait de nous voir dehors pour râler sur tous les sujets possibles et imaginables : la météo, l’élimination du Canadien, le chien du troisième voisin, le prix de l’essence, alouette !

Quoi faire ? Bien sûr, on essaie de l’éviter, mais s’il nous attrape, on change vite de sujet. « On applique la même tactique que pour le voisin gonflable », suggère le psychologue.

LE « TROP AMI »

C’est celui qui… voudrait vraiment devenir notre ami sans qu’on partage la même envie.

Quoi faire ? On met une distance entre nous. On évite d’aborder des sujets trop personnels. « On refuse ses invitations et, au besoin, on est très clair : “Non, merci ! Je tiens à mon intimité !” La meilleure réponse est courte et simple. On n’a pas à se justifier sans fin si on prend ses distances », précise Michel Giroux.

Et si ça tourne mal ? « La proximité a toujours un coût. On ne sait jamais ce qui pourrait se passer ultérieurement. Dans plusieurs cas, bien des gens se disent que ça aurait été mieux s’ils avaient gardé une certaine distance. En cas de conflit, on peut en parler avec son voisin, mais on évite d’en faire une thérapie collective. Ce n’est pas parce qu’on en parle que le problème se règle. C’est parfois pire ! Il est préférable de devenir très distant. Le geste est plus utile que les paroles », conclut Annick Germain.

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