Ski de fond Championnats du monde de Lahti

Ça se complique pour Harvey 

À pareil moment en 2015, Alex Harvey détenait déjà deux médailles aux Championnats du monde de Falun. Après les deux mêmes épreuves à Lahti, son compteur est toujours à zéro. Cinquième du skiathlon hier, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges ne baisse pas les bras. Prochain rendez-vous dès demain pour le sprint par équipes.

Matti Heikkinen a reçu une volée de bois vert hier. Pas de ses milliers de partisans, déçus de sa lointaine 18e place au skiathlon des Championnats du monde de Lahti. Plutôt d’Alex Harvey et de Finn Hågen Krogh, furieux que le vétéran finlandais ait manqué le coche avant de leur barrer la route au moment où la course se jouait.

Dans la côte devant, le Russe Sergey Ustiugov et le Norvégien Martin Johnsrud Sundby se détachaient graduellement. Le temps de déborder leur rival défaillant – et de lui faire savoir leur façon de penser –, Harvey et Krogh ont compris qu’ils ne pourraient plus que se battre pour le bronze, avec une dizaine de kilomètres à faire.

« Heikkinen a complètement explosé », a relaté Harvey au téléphone par la suite. « On dirait qu’il ne voyait plus clair. Ça a été long avant qu’il nous donne l’espace. On lui demandait de se tasser. Quand on l’a dépassé, on ne lui a pas dit de beaux mots ! »

Avec le recul, il n’en voulait pas au Finlandais : « Ce n’était pas de la malice de sa part. » Il regrettait plutôt de ne pas avoir réagi avec plus de combativité, « quitte à lui piler sur les skis ».

Quatrième du peloton de tête à ce moment-là, le fondeur canadien se croyait pourtant à l’abri du danger : Heikkinen, le favori local, connaît la saison de sa carrière et pointe au deuxième rang du classement de la Coupe du monde de distance.

Erreurs coûteuses

Ce ne fut pas la seule erreur d’Harvey. Dans l’emballage final, pendant qu’Ustiugov filait vers l’or après une chute malheureuse de Sundby, il n’a pas réussi à se positionner au bon endroit dans le dernier virage avant la descente vers le stade. Il visait la deuxième place pour profiter de l’aspiration… comme Krogh qui lui a fermé la porte.

Excellent sprinter, le Norvégien a pu aborder la courbe ultime en tête, alors que le Québécois devait se contenter du corridor extérieur. Krogh a franchi la ligne au troisième rang (+ 31,8 s), une grosse seconde devant son compatriote Sjur Røthe et Harvey, quatrième et cinquième.

« J’ai fait deux erreurs et j’ai l’impression qu’elles m’ont coûté le podium. »

— Alex Harvey

« J’en suis amer, c’est sûr. Tu aimerais pouvoir revivre un ou deux moments de la course et faire un choix différent, essayer une manœuvre différente. C’est décevant », a résumé Harvey.

« Coupé » par Ustiugov, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges a fait une chute dans une montée de la dernière boucle en classique. Un ski s’est brisé, mais il a pu poursuivre sa course sans problème, sortant même premier de la zone de transition à mi-course.

Médaillé d’argent au sprint jeudi, Ustiugov n’a pas volé ce premier titre mondial, imposant son rythme durant la majeure partie de cette épreuve de 30 km (15 km classique + 15 km style libre). Impérial durant le Tour de ski, où il a aligné cinq victoires, le Russe a provoqué ce duel au sommet avec Sundby, leader de la Coupe du monde.

Moins fort au sprint, le Norvégien a tenté sa chance dans la dernière côte, à un kilomètre de l’arrivée. Il s’est enfargé, est tombé face première et a brisé un bâton. Heureusement pour lui, un entraîneur veillait au grain et lui en a remis un de rechange cinq secondes plus tard. Il a franchi la ligne 6,7 s après le gagnant.

« Excellente » prestation

Harvey, qui a lui-même évité deux chutes dans le dernier tour, a reconnu la supériorité des médaillés d’or et d’argent. « Honnêtement, Ustiugov et Sundby étaient plus forts, mais il ventait beaucoup aujourd’hui et tu avais un bon avantage à suivre. J’ai l’impression qu’on aurait pu rester dans leurs skis peut-être un tour de plus. Le groupe aurait rapetissé beaucoup et ça aurait été moins le chaos devant. »

L’entraîneur Louis Bouchard a salué l’« excellente » prestation de son protégé.

« Tu peux être déçu de ne pas être sur le podium, mais tu ne peux pas être déçu d’une performance comme ça. »

— Louis Bouchard, entraîneur d’Alex Harvey

Blanchi en deux épreuves à Lahti, Harvey s’attaque dès aujourd’hui au sprint par équipes, où son compatriote Len Valjas sera le finisseur désigné. Une vertèbre coincée expliquerait la qualification pénible du Torontois au sprint individuel de jeudi (48e).

« Il avait de la misère à respirer et ça a finalement débloqué [vendredi] soir après plusieurs traitements », a souligné Harvey, victorieux avec Valjas à Toblach le mois dernier.

« On a de bonnes chances, mais la course aujourd’hui [hier] me donne beaucoup de confiance pour le 50 km [de dimanche prochain], a avancé Harvey. Si la même situation se représente, je pense que je serai capable de partir avec Sundby et Ustiugov. » En tenant pour acquis que Heikkinen ne sera pas dans ses jambes…

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