Égéries d’ici et d’ailleurs

États-Unis et Canada

La beauté nord-américaine (excluant le Mexique) est hétérogène. « Dans notre société individualiste, on observe une fragmentation des goûts, affirme Diane Pacom, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa. L’industrie des cosmétiques, les magazines et le milieu du showbiz ont créé des modèles qui ciblent des groupes en particulier. On est loin de l’époque où les femmes voulaient ressembler à quatre ou cinq égéries qui changeaient tous les dix ans. 

« Aujourd’hui, les Nord-Américaines ne fétichisent pas toutes la même chose, ajoute-t-elle. On vise une tendance commune, mais appliquée de façons différentes. Les entreprises de marketing donnent aux individus une impression de liberté, alors que chaque partie du corps est ultra-codifiée, de la tête aux orteils. »

Bien que l’Amérique soit multicolore et multigenre, certains stéréotypes transcendent les catégories : yeux pâles, cheveux longs avec du volume, corps presque totalement dénué de poils et traits délicats. « Dans le choix des mannequins, on voit une préférence pour les petits nez et les visages pointus, qui ressemblent à des elfes, illustre la retoucheuse Dominique Fraser. Depuis deux ans, je remarque aussi la recherche d’une peau luisante et moins bronzée qu’avant. »

Le photographe Vincent Chine dénote également une préférence marquée pour les physiques athlétiques.

« Les icônes chez les jeunes sont grandes et sportives, pas forcément minces ou maigres, mais tonifiées avec de gros seins. » — Vincent Chine

Les États-Unis se classent d’ailleurs premiers dans le monde pour le nombre d’augmentations mammaires, alors que le Canada est 15e, selon une étude réalisée en 2013 par l’Association internationale des chirurgiens esthétiques. Une tendance devenue presque banale dans certains milieux. « C’est devenu un cadeau convoité et offert de plus en plus souvent pour les bals de fin d'études, spécialement aux États-Unis », explique Diane Pacom.

Des idéaux colportés par les célébrités à un âge de plus en plus jeune. « Les fillettes sont exposées massivement, et de façon très insidieuse, à des stéréotypes de ce que devrait être la beauté, souligne la sociologue. Dès l’âge de 6 ou 7 ans, les enfants sont pris en charge au niveau social par des vedettes, elles-mêmes de plus en plus jeunes, et ça ne lâche pas jusqu’à la mort. »

ICÔNES

Coco Rocha, Lara Stone, les mannequins de Victoria Secret, Beyoncé, Katy Perry, Rihanna

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