Cinq conseils pour réussir dans les affaires
La Presse a demandé à Peter Simons comment il voyait l’avenir, ce qu’il expliquerait à de jeunes entrepreneurs désireux de se lancer dans les affaires. Voici les thèmes qu’il a abordés.
1. Ne jamais oublier qu’aujourd’hui, les plus importants actifs d’une entreprise ne sont pas comptés dans la comptabilité officielle.
On compte la valeur des immeubles, de la machinerie, l’argent à la banque, les dettes, les comptes à recevoir. Mais deux importants actifs ne se retrouvent pas dans les chiffriers. D’abord, il y a la quantité et la qualité des compétences des gens qui travaillent dans l’entreprise. Et ensuite, il y a la quantité et la qualité des données que l’on détient sur tout, autant sur l’évolution des marchés que sur ce que veut la clientèle de l’entreprise. Dans le cas d’Amazon, ça se reflète sur sa capitalisation boursière. « Mais la vérité, c’est que souvent, les investisseurs veulent savoir si on a des camions qui fonctionnent, pas si nos employés sont heureux. Or, c’est très important. »
2. Tout change très vite, et il faut l’accepter et l’embrasser.
Chaque matin, il faut s’interroger soi-même et se faire interroger. Il faut avoir le courage d’exprimer ses idées et l’humilité de les voir remises en question par d’autres. « Je crois beaucoup à la vigueur des hybrides, l’enrichissement par les croisements », dit l’homme d’affaires.
3. La croissance est dans l’intangible, et c’est un immense changement.
Dans le numérique, dans les idées, dans les façons de faire, dans la transformation de nos acquis… Cela veut dire que tout dans la société change et, malheureusement, les politiciens ne le comprennent pas. « Je crois que ce qu’on voit en politique en France, en Hongrie ou même aux États-Unis est le reflet du fait que les politiciens ne comprennent pas. » Parce que la migration vers l’intangible change tout, insécurise, force l’adaptation, le changement du travail, des modes de vie, de tout. La migration vers l’intangible crée aussi carrément des besoins en politiques publiques, notamment un ajustement de la fiscalité. Il faut apprendre, inventer comment taxer la valeur de l’intangible pour poursuivre les missions de partage et d’investissements sociaux des gouvernements. « Il faut se demander, comment, maintenant, on finance nos projets de société. » C’est à tout le monde d’y penser.
4. Être proactif
Il ne faut pas attendre les crises pour réagir. Il faut essayer de prévoir l’évolution des phénomènes.
Par exemple, le journalisme est en danger parce que les modèles d’affaires anciens sont remis en question, il faut en parler maintenant. « Les journalistes, on ne pense pas en avoir besoin jusqu’à ce qu’on en ait besoin… On est juste au début du problème avec Netflix [et la question des taxes] et La Presse [qui doit étudier son financement]. C’est juste la première vague. Le tsunami s’en vient. Il faut imaginer les changements, voir comment ça va évoluer et agir avant. » Même chose pour tout ce qui touche l’environnement et les conditions de travail. Ça fait partie du paysage maintenant. Dépense-t-on trop d’énergie, produit-on trop de déchets, notamment avec les emballages, les processus de fabrication et de distribution sont-ils non polluants, les conditions de travail chez les fournisseurs à l’étranger sont-elles bien vérifiées ? Les questions sont nombreuses. Et doivent être posées maintenant. Il faut même penser aux questions que les consommateurs ne posent pas encore, mais qu’ils vont probablement poser en 2019.
5. Humilité et passion
« La passion parce que ça prend beaucoup de courage et de conviction et cette énergie pour avancer. » L’humilité pour savoir corriger le tir, accepter d’entendre les autres, s’adapter.
— Propos recueillis par Marie-Claude Lortie, La Presse