Thaïlande

Une maladie menace les crevettes

SURAT THANI, Thaïlande

 — Environ la moitié des crevettes thaïlandaises proviennent de la pêche. L’autre moitié provient des élevages. Jusqu’à cette année, cette industrie était en pleine croissance. En 2012, on a produit 600 000 tonnes de crevettes. En 2013, on ne sait pas ce qui arrivera. Le monde de la crevette d’élevage est en crise.

Les crevettes blanches sont en effet vastement touchées par une maladie dont on sait bien peu, appelée EMS (Early Mortality Syndrome), le syndrome de mortalité précoce. L’impact pourrait être pénible pour ce secteur économique. Comme son nom l’indique, cette maladie touche les crevettes alors qu’elles sont jeunes. Elles meurent prématurément. Tout simplement.

Pour le moment, explique Suraphol Pratuangtun, président de la Thai Marine Shrimp Farmers Association, on parle d’une baisse de 25 % de la production. C’est dans l’est du pays que la situation est la plus catastrophique. Dans le sud, on croit pouvoir contrôler le problème.

Selon le Dr Pratuangtun, qui possède quatre fermes dans la région de Surat Thani, au sud du pays, le problème est largement lié à un mauvais entretien des étangs d’élevage. « Certaines fermes fonctionnent depuis trop longtemps, explique-t-il. Dans certaines régions, les éleveurs ne coopèrent pas toujours. »

L’éleveur s’explique difficilement cette attitude. « La santé de nos étangs, c’est notre bol de riz, dit-il. Il faut s’en occuper pour notre propre survie. »

La plupart des grands et des moyens éleveurs font partie de son association et respectent les règles établies. Les petites fermes, par contre, fonctionnent souvent indépendamment. Et l’association n’a pas de moyen de les obliger à adhérer à ses codes de conduite. « On n’a pas de bâton pour punir ceux qui trichent », dit-il.

Le meilleur outil, explique M. Pratuangtun, demeure les explications. « On leur parle. On leur explique que la prévention des maladies est plus efficace que les antibiotiques. Qu’il faut bien oxygéner l’eau. Qu’il faut surveiller la qualité de l’eau. Ne pas mettre trop de nourriture. »

Il y a 20 ans, continue-t-il, tout le monde utilisait des antibiotiques. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les éleveurs comprennent qu’ils n’ont pas intérêt à prendre des raccourcis. « Au début, dit-il, on vidait nos boues n’importe où. Au début, on ne savait rien. Plus maintenant. »

Quelques faits

 – La Thaïlande interdit l’utilisation des antibiotiques dans les élevages de crevettes depuis 10 ans.

 – La Thaïlande, comme les autres pays producteurs de crevettes d’élevage en Asie, est aux prises avec une maladie appelée EMS (Early Mortality Syndrome), syndrome de mortalité précoce, qui affecte grandement le secteur.

 – Actuellement, il n’y a pas de système de traçabilité pour les crevettes, donc impossible de savoir quelles sont celles qui proviennent de fermes pratiquant une pisciculture durable.

 – Les travailleurs migrants qui pèlent, décortiquent, congèlent les crevettes devraient être payés 10 $ par jour, pour huit heures de travail, au salaire minimum. Souvent, c’est moins.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.