Religion

L’espoir de la relève

Elles ont moins de 40 ans, ont profité de la vie, eu un amoureux, un travail et décident de vouer le reste de leur vie au Seigneur. Devenir sœur, phénomène du passé ? Pas tant que ça. On assiste encore aujourd’hui à une certaine résurgence des vocations, ici au Québec et ailleurs dans le monde.

« On assiste à une nouvelle vague, mais très petite, de recrutements, notamment chez les dominicains, jésuites et capucins. Chez les femmes, j’observe aussi un mouvement perceptible », dit Rick Van Lier, sociologue des religions et théologien.

Depuis trois ans, on dénombre 57 nouvelles vocations dans 101 congrégations francophones du Canada, dont la majorité au Québec. Ces chiffres proviennent d’une étude universitaire menée par le professeur Jason Zuidema, de l’Université Concordia.

M. Van Lier cite l’exemple de deux femmes dans la vingtaine qui ont commencé leur noviciat chez les sœurs non cloîtrées de la congrégation de Notre-Dame. L’une d’elles, Violaine, révèle dans une vidéo sur l'internet avoir eu un véritable coup de foudre avec le Seigneur à la suite d’un séjour dans un monastère.

Qui sont-elles?

« Ces nouvelles religieuses sont des femmes issues de milieux culturellement catholiques, mais non pratiquants. Certaines n’ont même pas été baptisées. Elles doivent convaincre leurs parents d’appartenir à une congrégation », explique M. Van Lier.

« Ces femmes gagnaient bien leur vie dans la société. Elles ont des convictions extrêmement fortes qui proviennent d’une expérience spirituelle avec le Christ. Elles font des vœux de pauvreté, chasteté, obéissance : des valeurs à contre-courant de la société. »

Ce changement radical du rythme de vie emmène plusieurs d’entre elles à abandonner. « Cela demande une grande maturité et une attitude pour vivre en communauté », confie sœur Annie.

Oasis de silence

Les contemplatives comme les rédemptoristines, à Sainte-Thérèse, ont une influence dans la société, croit l’historien Guy Laperrière, qui a écrit un livre sur l’histoire des communautés religieuses au Québec. Plusieurs personnes, croyantes ou non, viennent y entreprendre une retraite. « Pour une rare fois, elles se retrouvent dans un endroit de silence. Une véritable oasis. Elles reviennent parfois transformées », observe l’historien.

Ces spécialistes n’osent pas se prononcer clairement sur l’éventuelle disparition de communautés religieuses. La moyenne d’âge au monastère de Sainte-Thérèse s’élève à 67 ans. Certaines congrégations n’ont pas eu de recrutement depuis 20 ou 30 ans.

« Les moniales rédemptoristines tout comme les bénédictines développent des missions en Asie, en Afrique ou en Amérique latine. Cela donne de l’espoir pour la relève », conclut M. Laperrière.

Qui sont les rédemptoristines?

L’Ordre du Très-Saint-Rédempteur a été fondé en Italie en 1731 par sœur Maria Céleste Crostarosa, une religieuse de 33 ans originaire de Naples. Au Québec, les rédemptoristines sont arrivées en 1905 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Au début des années 90, elles ont été transférées au monastère Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours à Sainte-Thérèse. Aujourd’hui, la communauté contemplative compte 21 religieuses, âgées de 23 à 96 ans. Les rédemptoristines sont établies dans 45 pays, dont le Mexique, l’Afrique du Sud et le Japon. La chute du communisme, à la fin de 1989, accentue leur présence en Pologne, en Slovaquie et plus récemment, au Kazakhstan, en 2011.

Au Québec en 2013 

136 communautés

9588 religieux 

7904 religieuses 

1145 pères 

539 frères 

Source : Conférence religieuse du Canada (CRC). Ces chiffres proviennent des congrégations membres de la CRC.

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