Religion

Pauvreté, chasteté et obéissance

Le monastère Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours se déploie sur le chemin de la Côte-Saint-Louis, caché derrière de grands arbres. En haut des marches, sœur Marie-Thérèse-Kim, d’origine vietnamienne, accueille chaleureusement les visiteurs qui viennent prier à la chapelle ou pour une retraite.

Derrière elle, on aperçoit un magasin offrant des cartes, des médailles et même de hautes statues religieuses. Dans le corridor attenant à la boutique, sur le mur, apparaît l’icône de la Vierge du Perpétuel Secours, qui se retrouve bien en évidence dans la chapelle. Des bouquets de fleurs roses et blanches, disséminés le long de l’autel, dégagent une odeur printanière.

Ce soir-là, la rencontre avec sœur Annie, vêtue de son habit rouge vin et de son voile noir, sera brève, mais fort sympathique. « Vous croyez peut-être que nous sommes des extraterrestres? », lance en riant la jeune femme de 35 ans, qui a prononcé ses vœux perpétuels en 2011.

Pause souhaitée

Cette ancienne cartographe est arrivée au monastère il y a neuf ans pour une retraite. Elle a alors 25 ans, un amoureux, joue au hockey quatre fois par semaine. Depuis sept ans, elle travaille à temps plein, aime son boulot. En janvier 2003, elle souhaite prendre une pause. Une simple recherche sur l’internet lui permet de trouver le monastère situé à Sainte-Thérèse. 

Après ce court séjour de 48 heures, elle a envie de revenir. « Je commençais à ne pas me trouver normale de vouloir refaire le trajet Québec-Sainte-Thérèse. C’est difficile à expliquer. Je me sentais tellement bien : je ressentais une paix, une vraie joie et je n’avais plus envie de repartir. »

À l’été 2004, elle entreprend un stage de deux mois. « Après 10 jours, j’ai ressenti une certitude : ma voie, c’était de donner ma vie pour le Seigneur et pour les autres. »

En septembre 2004, elle devient postulante. « J’ai tout quitté derrière moi : mon copain, mon travail, mon logement, ma voiture. » Fini les restos et le cinéma. « Je fais ces sacrifices dans la joie », assure-t-elle.

Le 25 mars 2011, sœur Annie prononce ses vœux perpétuels. « J’ai compris que le Seigneur m’aimait et veut que je sois son témoin. Le Seigneur a donné sa vie pour nous. »

Une décennie plus tard, elle est restée fondamentalement la même personne. Son caractère enjoué déclenche les fous rires. L’été, elle joue au basketball 15 minutes par jour. Elle garde une belle relation avec ses parents, qui viennent la visiter environ quatre fois par année.

La vie quotidienne avec 20 femmes différentes entraîne-t-elle des conflits? « Dans un couple, les gens se choisissent, nous, on ne s’est pas choisies. C’est un défi quotidien. Parfois, il se glisse des phrases qui peuvent blesser. On entreprend une démarche de pardon et l’autre nous accueille. »

Aide et écoute

Au parloir, elle rencontre des gens qui vivent des épreuves. « Cela peut être des parents dont l’enfant a fait une tentative de suicide. Ils se confient à nous. Dans un monde où tout va vite avec l’internet, l’iPad, les textos, ici, il y a une présence humaine qui les accueille. »

Au fond d’elle-même, elle a toujours ressenti le besoin d’aider les autres. Par la prière, elle atteint son but.

« Le plus difficile, c’est de voir mon beau petit neveu, Alex, un petit blond aux yeux bleus. Cela me tiraille. J’ai accepté de ne pas avoir d’enfant. C’est un sacrifice que je fais. D’un autre côté, nous avons une maternité spirituelle en priant pour les autres. »

Sœur Annie avoue connaître des moments de doute. « Il arrive dans un couple qu’on se questionne. C’est sain et normal. C’est la même chose pour moi. Cela me permet de choisir de nouveau d’être religieuse. »

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