Religion

Un attrait irrépressible pour la vie religieuse

Au sous-sol du monastère Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, à Sainte-Thérèse, un grand parloir accueille les visiteurs. Assise derrière une longue table, une jeune novice de 23 ans raconte son histoire.

Le 3 juin 2012, Marie-Hélène Bourdon, qui pratiquait le métier de fleuriste à Châteauguay, donne l’accolade à son frère et à sa fiancée, venus la reconduire à Sainte-Thérèse, au monastère de la communauté contemplative des Rédemptoristines. 

Elle ressent une grande joie. « J’étais contente et je me disais en moi-même : Seigneur, je veux y rester pour toujours. »

Une longue réflexion a précédé cette décision irrévocable. 

Marie-Hélène est l’avant-dernière d’une famille de 11 enfants – 7 garçons et 4 filles. Durant son enfance, les Bourdon habitent une ferme où l’on élève des vaches laitières. Le dimanche, tous vont à la messe. Par conviction.

« À un moment donné durant l’adolescence, la foi de nos parents est appelée à devenir la nôtre », raconte, d’une voix douce, la jeune femme d’apparence timide. Elle fait alors partie d’un groupe de jeunes de son diocèse qui participent, en 2008, à un important congrès eucharistique à Québec.

Durant son enfance, elle aime lire les biographies de sainte Bernadette, sainte Jeanne d’Arc, Marguerite d’Youville. En entrevue, elle avoue avoir « ressenti un attrait pour Dieu en allant communier ». Elle hésite et cherche ses mots. « Il faut être quasiment parfaite et sainte pour devenir religieuse. J’ai essayé de m’enlever cette idée-là de la tête. »

À l’adolescence, elle s’imagine donner une seule année au Seigneur, et se marier ensuite. En février 2010, elle entreprend une courte retraite au monastère de Sainte-Thérèse. À l’âge de 20 ans, de septembre à décembre 2011, elle fait un stage de trois mois au même endroit. Sa famille réagit à sa décision.

« Mon beau-frère m’a dit : “Tu vas être enfermée dans un cachot et on va te passer un plat sous la porte” », relate-t-elle en riant.

En retournant à la maison, elle sent qu’il y a quelque chose de changé. Elle coupe les liens avec le garçon qu’elle fréquente. « Je voulais être vraie avec lui et avec le Seigneur. C’est ça qui me rendait heureuse. »

Elle réfléchit durant six mois. Puis, soudainement, elle a l’impression de recevoir un appel urgent. « Mon frère se mariait en juillet. Je ne pouvais même pas attendre. Je voulais être contemplative et répondre à la soif de Jésus. »

De postulante à novice

De 2012 et en 2013, Marie-Hélène vit la première étape de la vie religieuse en étant postulante. « J’ai revu le catéchisme, soit une version pour les jeunes qui s’appelle le Youcat. Je lisais entre autres la Bible avec une sœur qui est attentive à mon cheminement. »

En juin dernier, elle est devenue novice, une étape qui dure deux ans. Elle poursuit les études bibliques tout en apprenant la couture en compagnie d’une autre sœur. Elle aide à l’entretien du grand jardin, sous la direction d’une religieuse.

Des regrets?

Lorsqu’on lui demande si elle a des regrets, elle réfléchit. « Le plus difficile, c’est de dire que jamais je n’aurai un enfant à chérir ni un compagnon de vie. D’un autre côté, par notre don qu’on fait au Seigneur, on offre notre vie pour le monde. On prie pour des enfants malades ou des gens qui vivent des épreuves. C’est une fécondité spirituelle et non physique. »

Quelque temps avant la période des Fêtes, l’année dernière, son père lui a demandé au téléphone si elle serait présente pour Noël. « Cette question-là, avoue-t-elle, je l’ai trouvée dure. J’assume mon choix. Mes parents sentent qu’ils se font un peu enlever leur enfant. Au début, je ressentais leur douleur, mais aujourd’hui, je sais qu’ils veulent mon bonheur. »

« Dans ces moments plus difficiles, cela me permet de redire mon “oui” au Seigneur. La vie contemplative est une vie de foi. Si on se déconnecte de la foi, notre vie n’a plus aucun sens ni aucune raison d’être. »

S’imagine-t-elle encore ici, se promenant dans le magnifique jardin, à 83 ans? « Je prends ça au jour le jour. J’ai la grâce aujourd’hui dans le présent. Je compte sur la miséricorde de Dieu pour le futur. »

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