ouverture des Stations de ski

« Notre philosophie, c’est d’y aller progressivement »

Skieurs et amateurs de plein air étaient nombreux à dévaler les pentes des quelques montagnes qui ont déjà ouvert leurs portes au Québec, samedi, dans un contexte sanitaire bien différent. Déjà, le message des propriétaires est clair : le succès de cette saison dépendra en grande partie du comportement des clients.

« Pour l’instant, ça se passe très bien. Les gens sont contents d’être là, donc on a une grande collaboration. Notre message, c’est que la responsabilité partagée sera très importante. Si les gens veulent skier jusqu’au printemps, c’est entre leurs mains », dit Simon Pagé, le directeur Expérience client du Sommet Saint-Sauveur.

Cet établissement, qui a ouvert ses portes il y a quelques semaines, affirme que ses règles sanitaires sont « très strictes ». « Toutes nos files d’attente, même extérieures, sont modifiées pour assurer une distanciation. On ne peut pas se permettre d’avoir des tapons de gens qui deviendraient problématiques », illustre M. Pagé.

Dans les files d’attente et les montées mécaniques, la Santé publique exige le port du couvre-visage, mais celui-ci peut prendre la forme d’un cache-col à l’extérieur. Le port du masque est toutefois obligatoire dans les chalets. En zone rouge, les chalets ne sont accessibles que pour se réchauffer et utiliser les toilettes.

Le Mont-Tremblant, de son côté, a ouvert ses portes vendredi. La porte-parole de la station, Annique Aird, affirme que tout se déroule comme prévu jusqu’à maintenant. « Ça fait des mois qu’on travaillait là-dessus avec la Santé publique, donc on était prêts. Tout va très bien. Je pense que les gens sont aussi conscients qu’ils doivent changer leurs habitudes », estime-t-elle.

Partout dans le village du Mont-Tremblant, notamment sur la montagne, des équipes de bénévoles circulent pour sensibiliser les usagers à l’importance de suivre les consignes. « On a aussi engagé des gardiens de sécurité dans les chalets pour s’assurer que les protocoles sont suivis », explique Mme Aird. Au Mont-Vidéo en Abitibi, la directrice des opérations, Kathy Lévesque, croit que l’achalandage sera en forte hausse cette année, malgré la pandémie. « Nous avons déjà vendu autant d’abonnements aujourd’hui que lors de toute la saison dernière », confirme-t-elle. La station a aussi ouvert samedi.

Les abonnés d’abord

Selon les données de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ), 9 des 75 stations de ski ont jusqu’ici ouvert leurs portes dans la province. Plusieurs établissements ont ouvert ce samedi, dont le Ski Montcalm, le Mont-Édouard, le Mont-Habitant et Val Saint-Côme.

« La plupart des stations ouvertes ont en réalité pris la décision d’offrir l’accès à leurs abonnés temps plein, explique le président-directeur général de l’ASSQ, Yves Juneau. Notre philosophie, c’est d’y aller progressivement pour que ça se passe bien et qu’on respecte la capacité d’accueil. »

Dans tous les centres de ski ouverts, l’organisation a d’ailleurs déployé une série de « capsules vidéo explicatives » qui rappellent l’ensemble des consignes, selon la zone dans laquelle on se trouve. « Il y a encore du travail à faire, conclut M. Juneau. On remarque par exemple que les gens n’ont pas encore acquis le réflexe d’apporter un masque pour l’intérieur. C’est quelque chose qu’on rappelle. »

Manifestation à Montréal

« Notre génération aussi s’inquiète de l’état de la langue française »

Une centaine de jeunes manifestants se sont réunis samedi devant l’hôtel de ville de Montréal pour revendiquer une meilleure protection de la langue française, notamment par le retrait des subventions provinciales prévues pour le collège anglophone Dawson et l’Université McGill.

« On est ici pour montrer que notre génération aussi s’inquiète de l’état de la langue française », témoigne Alex Valiquette, fondateur du Mouvement des jeunes souverainistes, qui a organisé le rassemblement.

Derrière lui, des jeunes brandissent le drapeau québécois. Un étudiant distribue des macarons aux couleurs du mouvement. « On a un français qui n’existe nulle part ailleurs. On veut protéger cette culture distincte », affirme Charlotte Massue, élève en sciences, lettres et arts au collège André-Grasset.

Projet de loi 66

Elle déplore les subventions du gouvernement provincial totalisant 750 millions qui doivent être versées au collège Dawson et à l’Université McGill dans le cadre du projet de loi 66.

L’agrandissement du collège Dawson, au coût de 50 millions, figure sur la liste des chantiers d’infrastructures que Québec entend réaliser plus rapidement grâce à ce projet de loi. McGill travaille pour sa part à un projet de reconversion du site de l’ancien hôpital Royal Victoria au coût de 700 millions.

« Le problème, c’est que ce sont des fonds publics qui sont cédés à des universités anglophones. Pendant ce temps-là, les universités francophones manquent de fonds pour financer leurs programmes. On demande un financement par représentativité », dit Charlotte Massue.

En plus du retrait de ces subventions, le Mouvement des jeunes souverainistes réclame la création d’un Conseil de la langue française à la Ville de Montréal et l’indépendance du Québec. « C’est le seul véritable moyen de préserver notre langue », conclut Alex Valiquette.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, était parmi les manifestants. « Je suis venu écouter cette nouvelle génération qui a des choses à proposer, des pistes de solutions à mettre sur la table », dit-il.

« Je trouve ça très inspirant, ces jeunes qui ont autant d’amour pour leur langue. Je ne peux que les encourager », témoigne la députée de Mercier de Québec solidaire, Ruba Ghazal. Elle espère que le gouvernement de François Legault passera rapidement à l’action. « Il ne fait que parler, il est temps qu’il agisse. »

Marina de Lachine

Une solution « gagnant-gagnant » encore possible ?

« La marina n’est pas un trou financier. » Dans un mémoire déposé vendredi devant une commission municipale, des plaisanciers s’opposant à la fermeture annoncée du port de Lachine reviennent à la charge. Ils affirment que l’infrastructure représente des retombées annuelles d’environ 10 millions pour le Québec, un chiffre toutefois fortement remis en question par la Ville.

« On est tannés d’entendre la Ville nous répéter que la marina n’est pas viable. Ce n’est tout simplement pas vrai, et nos chiffres le démontrent. On voulait amener un éclairage nouveau », affirme la porte-parole de l’Association des plaisanciers (APPPL), Josée Côté.

En juillet, Montréal avait annoncé que le port de plaisance de Lachine, dont elle est propriétaire, en serait à sa dernière année. L’intention de la Ville est de transformer l’espace en un nouveau parc sur les eaux du lac Saint-Louis, avec des investissements substantiels de 25 millions pour des travaux allant jusqu’en 2025, dans l’objectif de « rendre les berges accessibles à tous ».

Rappelons que la Ville évalue à 16,5 millions la somme requise pour rénover la marina. Celle-ci composerait avec une « problématique d’érosion généralisée » et des infrastructures « vieillissantes », dont une fosse septique qui « tombe en ruine ». L’APPPL, de son côté, arrive plutôt à une évaluation de 5,3 millions, et déplore qu’aucune étude crédible n’ait été effectuée par les autorités.

« Il est clair que la décision de la Ville, […] qui repose sur un ensemble d’informations bricolées et souvent erronées, priverait l’arrondissement de Lachine et Montréal d’un apport économique non négligeable, en plus d’effacer de son bilan une infrastructure évaluée à plusieurs millions de dollars », lit-on dans le rapport de l’organisme, déposé devant la Commission sur les finances, dans le cadre de l’étude du budget 2021.

Des retombées « importantes »

Pour l’ensemble du Québec, l’association chiffre à 10 millions les retombées annuelles du port de plaisance, dont 5,5 millions pour Montréal et 3,1 millions pour l’arrondissement de Lachine. « On génère aussi des surplus moyens d’exploitation de 133 000 $ par an depuis 1995 », dit Josée Côté, pour qui la navigation de plaisance a aussi « un caractère patrimonial » qu’il faut protéger.

Or, ces chiffres sont loin de la réalité, selon l’arrondissement. « Les chiffres utilisés par l’association n’incluent pas les investissements requis pour le maintien et la mise aux normes des actifs, ni le temps et le salaire des employés de l'arrondissement et de la Ville qui sont affectés au port de plaisance », dit l’attaché de presse Matthieu Lampron. « Le portrait n’est donc pas représentatif de l'ensemble de la situation », ajoute-t-il.

« Avec ce mémoire, on espère aller vers une solution gagnant-gagnant, donc un parc-marina où les bateaux pourraient demeurer, mais en accueillant les citoyens », lance Josée Côté.

Dans une déclaration, la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, n’a pas souhaité commenter le mémoire en question, mais affirme que le dialogue est ouvert. « Nous avons déjà entamé des discussions avec nos citoyens et il y a une grande effervescence envers la construction de ce site unique », assure-t-elle.

« Nous avons la chance de bâtir un lieu qui répond aux défis du XXIe siècle dans une optique de résilience climatique, sociale et économique », ajoute Mme Vodanovic, qui dit avoir « hâte d’entendre » les idées de la collectivité lors des consultations publiques à ce sujet, prévues ce printemps. « Ensemble, nous construisons le Lachine de demain », insiste l’élue.

En entrevue avec La Presse en août, la mairesse Vodanovic, s’était dite disposée à trouver des compromis avec l’APPPL. Une marina « locale », de 70 à 80 places, pourrait par exemple être conservée. « On continuera à discuter. Ce n’est pas une décision politique, mais pragmatique », a-t-elle alors soutenu.

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