Qui : Jenny Ouellette, fondatrice de Bonboss.ca

Comment je change le monde du travail, un bon patron à la fois

Chaque semaine, une personnalité du milieu des affaires nous raconte en ses mots une page de son histoire.

Je dis souvent : soyez l’entreprise que tout le monde cherche et non celle qui cherche des employés. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, je veux aider les entreprises à recruter. On entend aussi encore des histoires d’horreur dans des milieux du travail. C’est la raison pour laquelle j’ai lancé le site Bonboss.ca, il y a trois mois.

À l’école, on m’a déjà demandé ce que je voulais faire dans la vie et j’ai répondu : rendre les gens heureux au travail. Mais une fois active en ressources humaines, j’étais plus celle qui congédiait… Après avoir vécu deux restructurations, j’ai décidé de quitter la gestion des ressources humaines. Avoir eu un bon patron, je serais probablement restée. J’avais 24 ans.

J’ai lu beaucoup de littérature sur les patrons, mais je n’avais pas la voix des employés. Avant de lancer Bonboss.ca, j’ai donc voulu les sonder. À l’automne 2017, mon équipe et moi leur avons demandé ce qu’était pour eux un bon patron. Leurs réponses : quelqu’un qui reconnaît la valeur de leur travail, qui écoute pour communiquer et non argumenter, qui est respectueux, juste, qui aide à progresser, qui inspire, motive et qui instaure un milieu de travail sécuritaire.

En trois semaines, 871 personnes ont répondu par internet. J’ai alors su que j’allais dans la bonne direction.

On a eu des pages et des pages de commentaires. Des mots touchants et constructifs. Et ce n’était pas un défouloir. Au pire, des gens ont écrit : « Ce n’est pas le mien… » Je ne veux pas élever par le négatif. Je ne suis pas là pour faire le procès des mauvais patrons. Je n’agis que par le positif. Les bons dirigeants existent et je veux montrer des exemples pertinents.

Trouver de bons patrons

À la base, Bonboss.ca est un endroit où on peut trouver de bons patrons. C’est une plateforme pour reconnaître quelqu’un de bien. Au départ, j’étais prête à faire du démarchage pour trouver de bons patrons. On avait ciblé des entreprises. Je n’ai pas eu besoin de le faire, car les employés se sont approprié le site pour dire « merci » à leur supérieur !

Je vais maintenant rencontrer les patrons mentionnés. Je me promène beaucoup, de Blainville à Magog, dans le but de faire des portraits. Je tiens à les voir personnellement. J’investigue sur place auprès d’eux et de leurs salariés. Pour éviter les faux commentaires et me faire avoir par des ego qui se seraient eux-mêmes nommés, je pose des questions précises, par exemple, sur le taux de roulement de l’entreprise. Ça ne ment pas ! Il y a 8 portraits présentement sur le site et il y en aura au moins 20 d’ici à la fin de l’été.

Ces histoires et ces mentions indiquent d’ailleurs aux gens où ils peuvent présenter une demande pour un emploi. Car les bons patrons attirent des candidatures.

Souvent, quand les gens quittent un poste, ce n’est pas pour le salaire. Ça part souvent du patron.

Mais au-delà de faire la promotion des bons patrons, je veux aider les entreprises, notamment, à bâtir leur réputation. On a une équipe de 15 analystes d’affaires, coachs en leadership, gens en ressources humaines, spécialistes en rétention, en marketing, en branding personnel qui offrent des services payants pour développer la marque de l’employeur. On veut aussi lancer des produits, comme des outils de reconnaissance.

Je travaille beaucoup et on recherche des fonds. Heureusement, on a une agence de rétention et de recrutement depuis un an qui m’assure des revenus. Les portraits des patrons sur Bonboss.ca sont gratuits. Mais dès septembre, ceux-ci pourront afficher des postes à des prix oscillant de 99 $ à 299 $.

Par ailleurs, je viens de remporter un prix au concours Nueva 2018 de Femmes Alpha qui me permettra de partir en mission commerciale à Lyon avec les Entretiens Jacques Cartier en novembre. Je veux y repérer des gens qui pourraient lancer un Bonboss.fr. Ça va vite ! On a eu beaucoup de visibilité en trois mois. J’ai l’impression d’avoir créé quelque chose de gros.

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