Le chemin de la victoire

Qu’arrive-t-il avec le Canadien ? Où est passée l’équipe qui gagnait et imposait son rythme ? La victoire contre Tampa Bay ne doit pas masquer la vérité : le CH n’est plus le même.

La différence entre l’hiver et le printemps est simple : le Canadien jouait il y a encore quelques semaines un hockey inspiré. Dès le début de la saison, le caractère, l’énergie et la structure qu’a démontrés l’équipe a déstabilisé plusieurs formations.

Quand je regardais un match du CH durant cette période, je ne reconnaissais jamais les équipes adverses. Elles étaient transformées. Pour le pire. On peut interpréter ça de deux façons. Soit les autres équipes ne se présentaient pas, soit le Canadien les faisait mal paraître. Je pense que la deuxième hypothèse est la bonne.

Dans les premiers deux tiers de la saison, le rythme était soutenu. Tout le monde jouait en synchronisme, le plan de match fonctionnait, chaque joueur paraissait bien et l’équipe n’accordait pas beaucoup de chances de marquer. Elle entamait et finissait les matchs en force.

Mais dans les dernières semaines, les autres équipes ont commencé à s’adapter au style de jeu du Canadien. C’est devenu beaucoup plus laborieux. On manque de synchronisme, des joueurs sont en retard sur plusieurs jeux, ce qui entraîne des erreurs et multiplie les chances de marquer pour l’adversaire. Le Canadien s’expose donc à plus de buts.

Il faut arrêter de blâmer la fatigue. Toutes les équipes connaissent un calendrier chargé. C’est vrai que le Canadien compte quelques blessés, mais c’est loin d’être la seule formation dans cette situation.

La vérité, c’est que les équipes se sont ajustées au style de jeu montréalais. Elles jouent différemment et ça déstabilise le Canadien. Au lieu d’utiliser un échec avant constant avec beaucoup de pression et forcer l’adversaire à plusieurs revirements, on se retrouve toujours avec un ou deux joueurs hors position. Ça crée beaucoup d’incertitude dans le jeu défensif du Canadien.

La balle est maintenant dans le camp des entraîneurs. De petits ajustements sont nécessaires et seront apportés.

Il ne s’agit pas de crier au loup. Le navire ne coule pas. Disons qu’il prend l’eau un peu. Ce n’est pas la fin du monde et le bon côté des choses, c’est que ces déboires de fin de saison donnent une chance en or à la direction de faire des modifications. J’aime beaucoup mieux une équipe qui connaît des problèmes à ce moment-ci de la saison qu’au début des séries. Les entraîneurs et les joueurs ont encore le temps de rectifier le tir, de remettre l’équipe sur le chemin de la victoire. En séries, c’est plus difficile.

La confiance de Price

La situation devant les buts est aussi inquiétante. Oui, Peter Budaj connaît une brillante saison. Mais il ne faut pas oublier qu’il avait peiné l’année dernière. Il s’acquitte cette fois-ci de son rôle de deuxième gardien avec brio et c’est parfait. Une équipe a toujours besoin d’un remplaçant de qualité.

Mais c’est le sort de Carey Price qui importe le plus à la veille des séries. L’équipe et Price sont liés à la vie, à la mort. Arriver en séries éliminatoires avec un Carey Price pris de doutes serait désastreux. Les instructeurs doivent tout faire pour redonner confiance à leur jeune gardien avant les séries, qu’il sache qu’il est l’homme de la situation. Les 32 arrêts qu’il a réalisés dans la victoire de jeudi sont un bon début.

Trois matchs, ce n’est pas beaucoup pour faire tourner le vent. Mais c’est trois fois mieux que rien.

— Propos recueillis par Gabriel Béland

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