SERVICES DE TRAITEUR
Inviter un chef
à la maison
Collaboration spéciale
Lorsqu’on reçoit une grande tablée, l’angoisse des hôtes est souvent proportionnelle au nombre de convives attendus à la maison – ou dans la cour, l’été ! Afin de profiter des belles soirées durant la saison chaude, ils sont de plus en plus nombreux à engager un cuisinier professionnel.
En restauration depuis 15 ans et chef depuis 2008, Marie-Dominique Rail, alias MChef, offre buffets, cocktails dînatoires et menus gastronomiques cinq ou six services. Ses tarifs vont de 35 à 175 $ par personne, payés par l’hôte ou par chaque invité.
Accompagnée d’une équipe de serveurs, elle travaille seule en cuisine. « Pour deux personnes, je peux investir jusqu’à huit heures de travail, en incluant la préparation et le service. Pour une soirée de 100 personnes, ça peut facilement prendre 30 heures. Je fais le tour des marchés et de mes coins secrets pour trouver la nourriture et les vins, en plus de cuisiner sur place. »
Préférant offrir un service personnalisé, plutôt que de faire deux réceptions par jour comme certains traiteurs, elle admet gagner moins d’argent que si elle était chef dans un restaurant. Afin d’assurer sa vitalité financière, elle fait tout pour se démarquer. « J’offre une expérience gastronomie, vin et piano, en allant jouer un morceau pendant que les invités dégustent le dessert. Quand je cuisine, je travaille devant les gens, je réponds à leurs questions et je retiens leurs commentaires pour améliorer certaines recettes. »
« J’ai aussi créé des cadeaux gourmets en chocolat et je vends des mélanges d’épices sans gluten, sans noix ou sans gras trans pour faciliter les repas de mes clients dans la vie de tous les jours. Éventuellement, j’aimerais vendre mes produits dans les grandes surfaces. »
Bien des familles rêvent d’avoir un cuisinier privé à la maison, mais seuls les clients très fortunés peuvent s’offrir leurs services.
Certains chefs, comme Denis Drolet, ont déjà eu un salaire dans les six chiffres et une voiture fournie par les clients. Travaillant chez les gens depuis 18 ans, M. Drolet consacre quelques jours par semaine à deux familles et se rend tous les mercredis chez un veuf, à qui il prépare les repas pour une partie de la semaine.
Malgré son expertise, il précise qu’il ne fait pas de la haute gastronomie tous les jours. « On ne peut pas manger constamment du foie gras et des sauces au beurre sauté, sinon, on aurait l’air d’une oie gavée. »
Puisqu’il partage le quotidien de ses clients, il ne refuse aucune demande culinaire. « Je fais ce que les gens ont envie de manger. Que ce soit pour un repas cinq services ou un sandwich avec du fromage Single et deux tranches de pain. »
Même si ses honoraires peuvent en surprendre certains, le chef est convaincu de mériter ce qu’il exige. « Un jour, un avocat qui gagne 500 $ l’heure m’a dit devant tous les invités que j’étais trop cher. En privé, je lui ai fait comprendre que je ne me permettrais jamais de dire qu’il ne mérite pas son salaire, sans réellement connaître son métier. Si quelqu’un ne veut pas me payer une telle somme en apprenant combien je demande, c’est son droit, mais il n’a pas à juger mon prix. »
M. Drolet précise qu’il ne fait aucun profit sur la nourriture qu’il achète. « J’offre un service. Je cuisine les repas et je consacre jusqu’à trois heures par jour à l’épicerie. Si mon client veut les meilleurs produits et que son budget le lui permet, je peux lui choisir une pièce de viande à 35 $ au lieu de 20 $. À l’inverse, un traiteur cherche à faire le plus d’argent possible sur ses produits. Dans mon cas, la facture revient aux clients. »