Chronique

Le placard musulman

On aurait pu entendre un ange (dans nos campagnes ?) voler après le visionnement des quatre premiers épisodes de la nouvelle saison de 30 vies, jeudi midi, dans une grande salle de réunion du rez-de-chaussée de la grande tour de Radio-Canada.

Ni les acteurs, ni les membres la direction, ni les journalistes n’ont osé rompre le silence qui s’est installé après la présentation d’une scène particulièrement intense de la série quotidienne de la SRC, qui reprendra l’antenne le lundi 6 janvier à 19h. Pour ne pas bousiller l’intrigue, vaut mieux ne pas trop en écrire.

Dans les nouveaux épisodes pondus par l’auteure et productrice Fabienne Larouche, vous ferez connaissance avec deux familles musulmanes complètement dissemblables. La première, les Azoulay, ne pratique pas du tout. L’ado du clan, Sammy (Théodore Chouinard-Pellerin), adore la poésie de Rimbaud, se définit comme athée et entretient des relations harmonieuses avec ses deux parents, des gens ouverts et tolérants.

La deuxième famille, celle de Jahan, est conservatrice à l’extrême. Du genre : pas de prière, pas de dessert. Et un châtiment corporel à la clé. Là où l’histoire se complique, c’est que Sammy et Jahan tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se voient en cachette, un peu comme dans Roméo et Juliette. Eh oui, leur relation clandestine s’empoisonnera.

Le jeune Théodore Chouinard-Pellerin, 16 ans, qui campe Sammy avec une belle sensibilité, est la révélation de cette nouvelle cuvée d’élèves de 30 vies. Et la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre familial, car Théodore est le fils de la danseuse et chorégraphe Marie Chouinard.

Dans cette nouvelle classe du Vieux-Havre, vous retrouverez une ancienne de la saison précédente, soit Léanne Meloche (celle qui a couché avec un prof) et qui est jouée par la talentueuse Lou Vincent-Desrosiers, la fille de l’actrice Isabelle Vincent et du réalisateur Claude Desrosiers.

Si Fabienne Larouche parle autant de religion dans 30 vies, c’est grâce à son nouveau professeur Michel Marcotte (Benoît Brière), qui enseigne l’éthique et la culture religieuse (ECR) en quatrième secondaire. Ça fait vraiment du bien de voir Benoît Brière dans un rôle qui n’implique pas des grimaces, du burlesque ou de la bouffonnerie. Il est tout aussi attachant dans des habits plus sérieux.

Michel Marcotte, donc, c’est le prof cool que tout le monde aime. À la maison, c’est complètement autre chose. Sa femme Marie (Mélanie Maynard, dans un rôle complètement différent) part pour trois mois – avec leurs deux enfants – dans une école alternative dirigée par Pierre Champagne (Rémy Girard). À première vue, ce pensionnat ressemble à une secte. Et Marie semble totalement sous le joug de Champagne, buvant chacune de ses paroles à propos de la pédagogie basée sur la liberté totale des enfants. Leur relation est ambigüe.

Évidemment, Michel Marcotte, qui croit au système public, ne voit dans l’école alternative que du pelletage de nuages. Guillaume Lemay-Thivierge, qui réalise les huit premiers épisodes de 30 vies en janvier, a fréquenté une école alternative similaire et s’est assuré de l’authenticité de la reproduction des lieux. Pour se préparer, Benoît Brière a aussi fait ses devoirs en allant visiter une polyvalente multiethnique de Montréal.

Derrière la caméra, Guillaume Lemay-Thivierge s’avère un réalisateur très allumé. Il a l’œil pour les images léchées. Une incursion très prometteuse pour lui.

Cette saison de 30 vies décolle très fort et Fabienne Larouche pose des questions très pertinentes, en cette période de débats sur la Charte, comme : peut-on être complètement libre dans une religion ?

Raphaël Chénier-Leduc (Benoît McGinnis), Boudrias (Louis Champagne), Lupien (Patrick Drolet), Éric Pothier (Michel Charette), Paradis (Jean-Michel Anctil) et Richard (Dan Bigras) reviennent tous. Même la psy Émilie (Myriam LeBlanc) a été réembauchée. Jessica Barker joindra la distribution plus tard dans la peau d’une travailleuse sociale qui fera la vie dure à Éric Pothier.

Je comprends très bien que le personnage d’Ariane Lesage (Nathalie Mallette) est employé comme ressort comique dans l’émission. Ariane débarque dans une scène, elle commet un impair, on rigole et la tension diminue. Honnêtement, elle commence à me taper royalement sur les nerfs cette Ariane. Peut-on être nouille à ce point et survivre, sans égratignure, dans cette jungle peuplée d’adolescents ?

Je lévite

Avec les listes. Meilleurs disques, plus beaux films, livres les plus captivants ou top 25 des téléséries de 2013, j’adore toutes les listes de fin d’année. Mettez-en, ce n’est pas de l’onguent ! Ces palmarès nous permettent de revoir en un coup d’œil ce qui nous a glissé sous le nez lors des 12 derniers mois. À quand le top 10 des meilleures listes de l’année ?

Je l’évite

Les cartes de Noël virtuelles. D’abord, ça encombre et paralyse systématiquement nos boîtes de courriels. Et ensuite, on le sait très bien que vous avez envoyé la même à vos 1257 contacts Outlook. Pour la personnalisation des envois, c’est complètement raté. On efface sans même l’ouvrir.

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