Critique

Renouer avec l’innocence

Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie
Sévryna Lupien
Stanké
184 pages
Trois étoiles

On est rapidement séduit par le ton candide de ce premier roman, narré par un jeune orphelin qui décrit l’univers qui l’entoure avec une grande sensibilité. Après avoir consciencieusement mûri sa réflexion, Auguste décide un jour de quitter l’orphelinat et les sœurs qui le terrorisent pour découvrir la vie, comme il le dit, et se lancer à la conquête du monde. Il est rapidement touché par la bonté des étrangers qu’il croise sur son chemin et s’avoue même surpris de leur générosité. À travers ses yeux d’enfant grisé par cette nouvelle liberté, il prend conscience que tout ce qu’on lui a enseigné n’était peut-être pas vrai et réexamine constamment sa relation avec Dieu et sa conception du monde adulte. Tout en créant son propre « répertoire de souvenirs », Auguste fait ainsi l’apprentissage de la solidarité, de l’amitié et de la famille, sans jamais perdre son innocence. Voilà une lecture attendrissante et réconfortante qui tire vers un dénouement… tout à fait inattendu. Car il faut le dire, sans pour autant dévoiler la chute de l’intrigue, l’auteure réserve une surprise de taille au lecteur dans les toutes dernières pages de cette histoire dont le mot de la fin ne peut que laisser songeur.

— Laila Maalouf, La Presse

Extrait

« J’ai essayé de bouder Dieu, une fois. Je n’avais pas envie de lui parler parce qu’il ne me répondait jamais et que, les amis, ça doit répondre quand on leur parle. Au début, je croyais qu’il avait mal à la gorge, mais, après deux hivers, j’ai compris qu’il exagérait et que, si on devait boire du sirop répugnant pour guérir, il devait pouvoir en prendre lui aussi. J’ai donc décidé de ne plus parler à Dieu, ni au coucher, ni au dîner, ni au confessionnal.

J’ai reçu la fessée pendant trois mois et après, pour le bien de mon postérieur, j’ai décidé de reprendre contact avec lui. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.