L’assurance auto qui vous suit à la trace

James Bond, c’est Desjardins Assurances générales. Le vilain, c’est vous (façon de parler).

Le gadget s’appelle Ajusto : ce dispositif électronique transmet la longueur et le moment de vos déplacements ainsi que la vigueur de vos freinages et de vos accélérations. En retour de ces précieux renseignements, votre prime d’assurance auto pourrait baisser jusqu’à 25 %, si vos habitudes de conduite sont saines.

Le tout nouveau programme Ajusto a été lancé par Desjardins le 13 mai dernier. Il permet d’ajuster la prime du conducteur en fonction de ses véritables conditions de conduite, plutôt que selon les seuls critères habituels – âge, sexe, véhicule, région, etc.

Le dispositif, un peu plus gros qu’un cellulaire, est envoyé par la poste au participant, qui le branche simplement dans le port OBD (le port diagnostic) de son véhicule. Les données sont transmises quotidiennement chez Desjardins, et le rabais est recalculé tous les mois. L’assuré peut consulter son dossier, constater comment évolue son rabais, et ajuster sa conduite en conséquence. « Quand on voit sa conduite chaque semaine ou chaque mois, ça incite à mieux conduire », observe Sylvie Paquette, présidente de Desjardins Groupe d’assurances générales.

Après six mois, le rabais est fixé. Il s’appliquera lors du renouvellement pour tout le terme suivant.

Le rabais maximal de 25 % est calculé selon trois critères : la distance parcourue (jusqu’à 10 % de rabais), le nombre d’accélérations et de freinages brusques (jusqu’à 10 %) et les moments de la journée où le véhicule est utilisé (jusqu’à 5 %). Dans le pire des cas, la prime reste fixe.

« C’est une certitude qu’il n’y a aucune pénalité », affirme Sylvie Paquette.

« Comment peut-on offrir seulement des rabais ? Parce que les gens qui vont vouloir Ajusto sont ceux qui ont la meilleure des conduites. » C’est précisément cette clientèle que Desjardins cherche ainsi à attirer.

Comme appât supplémentaire, Desjardins leur accorde un rabais de 5 % lors de la première année de participation.

« Il faut se connaître comme conducteur, commente Jesse Caron, recherchiste automobile chez CAA-Québec. Si on a tendance à dépasser les limites de vitesse, faire des freinages et des accélérations brusques, ce n’est pas le produit qui va nous faire voir sous le meilleur jour. »

Jesse Caron s’inquiète : que se passe-t-il si le dispositif est débranché ?

« À moins d’un problème technique, d'un entretien chez le concessionnaire ou d’un remisage de véhicule, il est obligatoire de laisser le dispositif branché au port OBD du véhicule tant et aussi longtemps que le client souhaite faire partie du programme Ajusto », répond Desjardins. Si l’assuré débranche le dispositif, la transmission est coupée et l’assureur s’en trouve aussitôt avisé.

En réponse à une autre des préoccupations du recherchiste, Desjardins Assurances assure qu’elle « garde l’information sur la conduite des véhicules confidentielle. Aucune information personnelle ne sera transmise à d’autres assureurs. »

Un concurrent

Ce n’est pas le premier programme de suivi en temps réel à être instauré au Québec. Il y a un peu plus d’un an, l’Industrielle Alliance avait lancé son programme Mobiliz, destiné d’abord aux jeunes de 16 à 24 ans, mais accessible à tout conducteur.

Le dispositif électronique de Mobiliz, qui doit être installé dans un centre de service, suit non seulement les accélérations et les freinages, mais relève également les excès de vitesse, ce qui nécessite un repérage par GPS.

Avec Mobiliz, la prime est ajustée chaque mois en fonction des habitudes de conduite. Le rabais se matérialise donc rapidement. Cependant, la prime peut également augmenter, au contraire d’Ajusto. Rappelons que l’objectif premier de Mobiliz est d’instaurer rapidement chez les jeunes conducteurs de meilleures habitudes, d’où cette pédagogie « de la carotte et du bâton », comme la qualifie Jesse Caron.