COMMANDITÉ

Yann Perreau : beau comme on l’aime

Pas de vernis, pas d’artifice, juste des yeux d’eau claire et une présence rare. Yann Perreau habite son corps et l’espace autour.

Le prétexte de la rencontre : parler de Perreau et la lune, soit une série hommage pour les 10 ans de ce spectacle comète qui a marqué la scène québécoise. Le concept? D’une simplicité envoûtante. Deux pianos (Alex McMahon et Yann), un micro, quelques ampoules et des touches d’électro dans une ambiance de cabaret étrange. Un show monté pour une série de spectacles en Europe. « C’était random au départ et au fil des représentations, j’ai monté une trame un peu psychédélique, une histoire avec la lune… Le nom est venu pendant la tournée, je crois. » La fable musicale puisait son répertoire dans les deux premiers albums de l’auteur-compositeur-interprète, Western Romance et Nucléaire. Le résultat a été intime et gigantesque tout à la fois. Des moments mythiques que Perreau et McMahon ont tout simplement voulu faire revivre.

« Ce qui est drôle, lance le rouquin de sa voix doucement rauque, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui me découvrent en ce moment et qui vont voir ce spectacle pour la première fois, puis il y a les autres qui sont super heureux de revivre ce moment-là. » Ce n’est pas la première fois que le chanteur parle de sa notoriété nouvelle auprès de certaines oreilles, après 23 ans derrière un micro et 15 ans de carrière solo. Mais on ne peut s’empêcher de hausser les sourcils. Il répond : « Mon évolution a été lente. Certains artistes qui sont sortis en même temps que moi ont connu un gros peak. Moi, j’ai apprivoisé ça différemment. Je suis encore en développement. Je suis toujours un peu à gauche, mais avec un pied dedans. »

Un peu à gauche, oui, mais depuis son T’embellis ma vie sur Le fantastique des astres paru en 2016, on entend (enfin) Yann dans les radios commerciales et ça fait du bien. Cette balade, Perreau – qui nous a habitués à sa pop festive – y a pensé avant de la graver sur l’album : « J’étais jamais allé là, dans le dépouillé. J’ai l’habitude de textes plus poétiques, plus abstraits. Mais cette fois, c’est sorti comme ça. »

« Je me suis demandé si j’allais l’assumer. Puis je me suis dit : j’ai 40 ans, c’est mon cinquième album, j’y vais. »

De l’amour exubérant de Ma dope à moi (2002) à l’intimité de T’embellis ma vie en passant par le désenchantement de Triste poupée (2005), puis le feu d’artifice de Beau comme on s’aime (2009), Yann Perreau a mis des mots sur les cœurs en ébullition, les vertiges, la douleur et la chaleur des liens qui durent. « Quand j’ai commencé, j’étais plus à la recherche de quelqu’un. Quand j’ai fait Un serpent sous les fleurs, j’ai rencontré la femme qui est devenue la mère de mes enfants et ça fait 10 ans. »

Un album aux trois ou quatre ans, des tournées, des projets de mise en scène, du théâtre, deux bébés, un autre qui pointera bientôt le bout de son nez : les étoiles de Yann n’ont cessé de s’aligner, ces dernières années. C’est pourquoi le jeune routier a accepté quand l’agente de Beyries lui a demandé de prodiguer à la chanteuse quelques conseils de mise en scène.

« Elle est venue un matin à mon studio avec sa guitare. On a parlé tout l’avant-midi. On est sortis luncher, on est allés chez moi prendre le café. Elle est repartie vers six heures du soir. On a parlé de tout, de la musique, mais de la vie aussi, de la spiritualité. De tout. » Il poursuit : 

« J’adore travailler avec elle. Elle est à l’écoute, pas du tout dans l’égo. Elle est mature, elle a vécu. »

Ce qu’il souhaite à celle qui est devenue son amie, à l’aube de cet été de représentations à profusion? « De se faire confiance. Quand tu te fais confiance, tu sais jusqu’où tu peux aller pour toi et tu sais jusqu’où les autres pourront venir à toi. Et lorsqu’on est spectateur, je trouve qu’il y a rien de plus beau qu’un artiste qui assume et qui y va. Je crois fermement que l’art généreux, fait avec amour, c’est de la médecine préventive. »

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