Shutdown

La sécurité du transport aérien menacée

L’impasse budgétaire aux États-Unis et la paralysie d’une partie du gouvernement pourraient avoir de graves conséquences sur la sécurité dans le transport aérien et sur l’économie américaine, s’alarment les syndicats du secteur, qui demandent la fin rapide du shutdown. Cette fermeture partielle de l’administration fédérale est devenue la plus longue dans l’histoire du pays au cours de la nuit d’hier à aujourd’hui, en entrant dans son 22e jour.

Le département des Transports, qui assure le contrôle des passagers et des bagages, et le département de la Sécurité intérieure, notamment chargé des contrôles aux frontières, sont concernés par la fermeture partielle des administrations faute de financement, qui touche environ 800 000 fonctionnaires depuis le 22 décembre.

Les employés jugés « non essentiels » ont été mis en congé sans solde, tandis que d’autres ont été réquisitionnés. Généralement payés à la quinzaine, ils ont été privés de leur paie pour la première fois hier.

La fin du shutdown « est une question de sécurité et une inquiétude économique », assure l’Association du personnel navigant (AFA), qui a manifesté jeudi à Washington avec d’autres syndicats du secteur pour demander la réouverture des administrations.

« Nos membres et les passagers volent dans un système qui est moins sûr et sécurisé tant que le shutdown continue. »

— Extrait d’une lettre de l’Association du personnel navigant aux responsables du Congrès des États-Unis

Avec moins de personnel, l’Association met notamment en garde contre les « failles [de] sécurité » dont pourraient profiter « ceux qui considèrent les États-Unis et leurs citoyens comme leurs ennemis », les annulations de vols ou les longues queues aux postes de contrôle.

« Journées de dix heures »

L’Association nationale des contrôleurs aériens (NATCA) dénonce pour sa part la dégradation des conditions de travail de ses quelque 20 000 membres.

« Les heures supplémentaires, sous forme de semaines de six jours ou de journées de dix heures, sont ainsi devenues monnaie courante dans certains des aéroports les plus fréquentés comme ceux de New York, Chicago, Atlanta ou Dallas », s’alarme le président du syndicat, Paul Rinaldi, qui évoque le risque d’accident aérien en raison de la fatigue des aiguilleurs du ciel.

Quant aux voyageurs, ils commencent à s’inquiéter des longues files d’attente aux points de contrôle, alors que l’Agence fédérale de sécurité dans les transports (TSA) a observé une augmentation des arrêts maladie chez les agents depuis la fin de décembre.

« Il est normal de voir augmenter le nombre d’agents en arrêt maladie ou qui démissionnent à mesure que le shutdown continue, car personne ne s’attend à ce qu’un salarié travaille indéfiniment sans être payé », a affirmé le démocrate Bennie Thompson, président de la Commission sur la sécurité intérieure à la Chambre des représentants, dans une récente lettre à la direction de la TSA.

Rappelant que les agents de la TSA « font partie des employés fédéraux les moins bien payés », il s’est aussi inquiété du risque de voir les contrôles se relâcher « si les délais d’attente et la pression du public augmentent ».

La TSA, qui publie des statistiques quotidiennes, a tenu à rassurer le public sur sa capacité à gérer ses effectifs et le flux de voyageurs. Jeudi, le taux d’absentéisme des agents (plus de 51 000) était de 5,1 %, contre 3,3 % à la même date début 2018, et 99,9 % des passagers contrôlés (1,96 million de personnes) ont attendu moins de 30 minutes.

Mais le manque de personnel se fait déjà sentir à l’aéroport international de Miami, où la direction a annoncé la fermeture d’un des six terminaux pendant l’après-midi, d’aujourd’hui à lundi. Selon le quotidien Miami Herald, le taux d’absentéisme pour maladie des agents de la TSA a plus que doublé par rapport aux taux habituels dans cet aéroport.

Trump affirme qu’il ne déclarera pas « si vite » l’urgence nationale

Le président américain Donald Trump a affirmé hier, au 21e jour du shutdown qui paralyse une partie des administrations fédérales, qu’il ne déclarerait pas « si vite » la procédure d’urgence nationale qui lui conférerait des pouvoirs exceptionnels. « La solution de facilité pour moi est de déclarer une urgence nationale, [mais] je ne vais pas le faire si vite parce que c’est au Congrès de le faire », a déclaré M. Trump lors d’une table ronde sur la sécurité aux frontières. Aucun compromis ne semblait à portée de main entre le président républicain, qui veut le financement à hauteur de 5,7 milliards de dollars d’un mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique, et les démocrates, farouchement opposés au projet. — Agence France-Presse

Wisconsin

Une adolescente retrouvée trois mois après le meurtre de ses parents

GORDON — Après près de trois mois de captivité, une Américaine de 13 ans a réussi à s’échapper et un homme de 21 ans, soupçonné de l’avoir enlevée et d’avoir tué ses parents, a été arrêté dans une zone rurale du nord des États-Unis, a annoncé la police hier.

Les enquêteurs pensent que Jake Thomas Patterson avait « planifié » l’enlèvement de Jayme Closs et qu’elle était sa « seule cible », a déclaré lors d’une conférence de presse le shérif de Barron, petite ville de la région des Grands Lacs.

« Nous croyons qu’il n’avait jamais été en contact avec la famille » avant le 15 octobre 2018, a ajouté Chris Fitzgerald.

Ce jour-là, James Closs, 56 ans, et sa femme Denise, 46 ans, un couple sans histoire, avaient été abattus dans leur maison de Barron, dont la porte avait été défoncée. Leur fille Jayme avait disparu.

La police et les habitants de l’État du Wisconsin, choqués par ce drame, s’étaient immédiatement lancés à sa recherche, mais leurs efforts étaient restés infructueux. Et l’espoir de la retrouver vivante s’était amenuisé au fil des jours.

Jeudi après-midi, l’adolescente a toutefois réussi à s’enfuir de la maison où elle était captive, située dans une zone boisée près de la bourgade de Gordon, à une centaine de kilomètres au nord de Barron.

« Un fantôme »

Sale, amaigrie, les cheveux emmêlés et chaussée de souliers trop grands, elle a demandé de l’aide à une femme qui promenait son chien. Celle-ci l’a reconnue et l’a emmenée chez des voisins, qui ont alerté la police.

« C’était comme voir un fantôme », a raconté à la presse locale Peter Kasinskas, chez qui elle a attendu une petite demi-heure l’arrivée des autorités.

« On aurait dit qu’elle n’avait pas pu prendre de bain ou se nettoyer », a-t-il ajouté en précisant que l’adolescente, « probablement en état de choc », ne s’était pas montrée très bavarde.

Elle leur a tout de même donné le nom de celui qu’elle désigne comme son ravisseur, la couleur et la marque de sa voiture. Elle a assuré qu’elle ne le connaissait pas avant la mort de ses parents. « Ma femme était au téléphone avec la police, elle leur a donné » ces informations, a précisé M. Kasinskas.

« Un de mes hommes a croisé un véhicule qui correspondait à la description, l’a arrêté et a placé le suspect en détention », a précisé le shérif de la localité, Thomas Dalbec.

Le jeune homme, inconnu des services de police, était apparemment sans emploi.

Les enquêteurs pensent que le suspect était allé chez les Closs dans l’intention d’enlever leur fille et l’accusent d’avoir ensuite « pris plusieurs mesures pour éviter d’être repéré ».

Il devrait être inculpé formellement la semaine prochaine.

« Instinct de survie »

Jayme Closs, qui a passé la nuit à l’hôpital, était entendue hier midi par les enquêteurs, qui n’ont pas révélé si elle avait été agressée pendant sa détention.

Elle devrait retrouver sa famille dans l’après-midi. « Je vais l’embrasser, la serrer fort », a déclaré au journal Star Tribune de Minneapolis son grand-père Robert Naiberg.

« On pensait que ça finirait autrement, alors on est heureux qu’elle soit OK, même si on ne sait pas exactement dans quel état elle se trouve », a ajouté son oncle Jeff Closs sur la radio Kare-TV.

Le double homicide des parents Closs, un couple apparemment paisible qui travaillait dans une société locale d’élevage de volaille, avait plongé dans la perplexité les autorités du Wisconsin.

En l’absence d’arme et de mobile évident, le mystère s’était épaissi avec la disparition durable de l’enfant, malgré des recherches menées jour et nuit et des battues rassemblant des milliers de bénévoles.

Les autorités avaient également offert une récompense de 50 000 $ pour toute information susceptible d’aider à la localiser.

Ce « dossier était difficile » et c’est finalement « Jayme qui nous a offert la solution », a noté un responsable du FBI, Justin Tolomeo.

« L’instinct de survie qui anime cet enfant est incroyable », a ajouté le shérif Fitzgerald.

congédiement de james comey

Le FBI a vérifié si Trump travaillait pour la Russie

Le New York Times a révélé que les autorités policières étaient si inquiètes du comportement du président des États-Unis Donald Trump, au moment où il a congédié le directeur du FBI James Comey, qu’elles ont ouvert une enquête pour s’assurer qu’il ne travaillait pas pour le compte de la Russie, contre les intérêts des États-Unis. Le reportage, publié tard en soirée hier, cite des sources non identifiées, mais présentées comme d’anciens représentants des forces de l’ordre ainsi que d’autres personnes bien au fait de l’enquête. Le procureur spécial Robert Mueller aurait repris l’enquête en main dès sa nomination, peu de temps après le congédiement controversé de James Comey. L’avocat du président Donald Trump, Rudy Giuliani, a déclaré au New York Times qu’il n’était pas au courant de cette enquête, mais il estime que si elle a été ouverte il y a plus d’un an et demi et qu’il n’en a jamais eu vent, c’est que les enquêteurs « n’ont rien trouvé ». — Associated Press

Présidentielle américaine

Une jeune démocrate se lance dans la course

Ancienne militaire, critiquée pour avoir rencontré le dirigeant syrien Bachar al-Assad en pleine guerre civile, l’élue démocrate hawaïenne du Congrès Tulsi Gabbard a annoncé hier, à seulement 37 ans, qu’elle se lançait dans la course à la présidentielle de 2020. Entrée très jeune en politique à Hawaii, Tulsi Gabbard fut la première Américaine d’origine samoane et le premier parlementaire de confession hindouiste à entrer à la Chambre des représentants, où elle siège depuis 2013. Si elle était élue à la Maison-Blanche, elle deviendrait le plus jeune président des États-Unis. En janvier 2017, Tulsi Gabbard s’était rendue à Damas et à Alep, en Syrie, pour, avait-elle expliqué, une mission d’observation afin d’aider à trouver une issue au conflit sanglant. Elle y avait rencontré le dirigeant Bachar al-Assad lors d’une visite très critiquée aux États-Unis. Les candidats s’annoncent très nombreux du côté démocrate pour tenter de déloger le président Donald Trump de la Maison-Blanche en 2020. Mais peu ont encore officialisé leurs ambitions. — Agence France-Presse

Banque mondiale

Le nom d’Ivanka Trump circule pour la présidence

Les noms de remplaçants potentiels de Jim Yong Kim à la tête de la Banque mondiale commencent à circuler, et parmi eux figure celui de la fille du président Donald Trump, Ivanka Trump, actuellement conseillère à la Maison-Blanche, affirmait le Financial Times hier. Les noms de David Malpass, un des hauts responsables du Trésor, ainsi que de l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU Nikki Haley et de Mark Green, président de l’agence américaine de développement international (USAID), sont également cités par le quotidien britannique. Jim Yong Kim, 59 ans, qui a présidé la Banque mondiale pendant six ans, avait annoncé lundi sa démission surprise, en vigueur le 1er février, pour se joindre au fonds d’investissement Global Infrastructure Partners.

— Agence France-Presse

TUERIE de Parkland

Un shérif suspendu et accusé d’incompétence

Le shérif du comté où a eu lieu la tuerie qui a fait 17 morts, il y a presque un an, dans une école secondaire de Parkland, en Floride, a été suspendu hier et accusé d’incompétence par le nouveau gouverneur de l’État. Scott Israel « a échoué à plusieurs reprises et a fait preuve d’un leadership médiocre », a lancé le gouverneur Ron DeSantis. Lors d’une conférence de presse, le gouverneur est allé jusqu’à dire que le massacre de Parkland « pourrait ne jamais avoir eu lieu si le département du shérif du (comté) de Broward avait été mieux dirigé ». Lors de la tuerie du 14 février 2018, l’assaillant, Nikolas Cruz, avait tué 17 personnes avec un fusil d’assaut AR-15 dans l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas, son ancien établissement. Scott Israel, un démocrate de 62 ans, a rétorqué en accusant M. DeSantis, un républicain, de l’avoir suspendu pour des raisons politiques et promis de se défendre devant les tribunaux et le Sénat de Floride. — Agence France-Presse

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