Relance de Montréal
Plus de pouvoirs pour la métropole, recommande un rapport
La Presse
Québec doit contribuer davantage à la relance de Montréal, notamment en lui conférant des pouvoirs supplémentaires similaires à ceux de Toronto, recommande un rapport sur l’avenir de la métropole québécoise.
Taux de chômage plus élevé que dans les principales villes canadiennes, faible croissance économique : les signes ne mentent pas, la métropole québécoise est en perte de vitesse, souligne un rapport que BMO Groupe financier et le Boston Consulting Group (BCG) dévoilent aujourd’hui. « Montréal recule dans le peloton depuis 15 ans », déplore Jacques Ménard, président de BMO.
La perte de vitesse ne fait pas que toucher Montréal, mais mine tout le Québec. Jacques Ménard se dit particulièrement inquiet de voir la balance commerciale du Québec baisser depuis 15 ans, une situation qu’il attribue aux difficultés de la métropole. « La sous-performance de Montréal – et son impact sur le Québec – est ignorée, et c’est à nos risques et périls qu’on va continuer à l’ignorer. »
Dans le rapport « Créer un nouvel élan à Montréal », dévoilé aujourd’hui, BMO et le BCG formulent dix recommandations inspirées d’une analyse de la relance de sept métropoles comparables à Montréal et présentent des entrevues avec une cinquantaine de leaders montréalais.
À l’aube d’une campagne électorale, Jacques Ménard invite ainsi les partis provinciaux à s’engager en faveur de la relance de Montréal. « Des fois, j’ai l’impression qu’à Québec, qu’on soit libéral ou péquiste, on souffre d’aphasie à l’idée de prononcer le mot “Montréal”. Québec, même si ça va être pénible au début, va devoir prononcer le mot “Montréal”, réaliser qu’il sert son intérêt en alimentant ce moteur davantage qu’il ne le fait. »
Pour y arriver, le gouvernement doit donner à la métropole des pouvoirs supplémentaires. « Pour le moment, Montréal a les mêmes outils que Mascouche et Sainte-Adèle », constate Jacques Ménard. Il propose d’imiter l’Ontario, qui a confié des pouvoirs supplémentaires à Toronto en 2007, notamment celui d’établir de nouvelles sources de revenus et plus de latitude en planification et en urbanisme.
En queue de peloton parmi les grandes villes canadiennes, Montréal doit se fixer l’ambitieux objectif de revenir en tête d’ici 10 à 15 ans. Pour y arriver, la métropole québécoise devra augmenter sa croissance démographique, réussir à abaisser son taux de chômage et afficher une meilleure croissance de son produit intérieur brut.
La relance doit aussi passer par un vaste chantier dans lequel Montréal devra redonner meilleure mine à ses infrastructures. Au-delà des projets de l’échangeur Turcot et du pont Champlain, la métropole doit assurer une desserte efficace de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.
Enfin, le rapport souligne également l’importance de mesurer le progrès, pour s’assurer que les efforts consacrés à la relance portent leurs fruits.
Par-dessus tout, Montréal ne doit pas attendre un sauveur, prévient Jacques Ménard. « Il n’y en aura pas, de sauveur. Les Américains disent tout le temps que la cavalerie ne viendra pas. Au Québec, elle ne pourrait pas venir ; on n’est même pas capables de nourrir les chevaux. »