DOCUMENTAIRE LES VIES DE MON PÈRE

Yvan Ducharme : des insolences à la résilience

Lorsque l’animateur et comédien Yvan Ducharme reçoit un diagnostic de cancer du poumon, au début de l’année 1976, il a 38 ans. Son médecin lui donne quelques mois à vivre. Ducharme va s’éteindre… 37 ans plus tard, en dépit de deux autres cancers, de deux AVC et d’une pancréatite aiguë.

Pour faire un jeu de mots facile, Ducharme aura été insolent avec la mort. Et résilient dans la vie. Car la maladie lui a joué un autre tour, freinant son parcours à 100 milles à l’heure dans le monde des arts. Une fois revenu sur ses pieds, le célèbre Guy du téléroman Les Berger aura vécu humblement par ses écrits, ses peintures et une flopée de modestes rôles.

C’est ce que nous rappelle avec acuité le documentaire Les vies de mon père réalisé par Nathalie Ducharme sur le comédien et présenté sur les ondes de Canal D. De L’or du temps à Entre chien et loup, De Chartrand et Simone à Le vent du Wyoming, de Camping Sauvage à Du tac au tac, Yvan Ducharme a tout de même fait son chemin dans les 37 dernières années de sa vie.

« Lorsqu’il était sur un plateau de tournage, il mettait six mois à s’en remettre tellement il était sur un nuage, observe Nathalie Ducharme en entrevue. Yvan était résilient, courageux, tenace. Lorsqu’il était malade, il avait hâte de savoir de quoi il souffrait. Il disait que ça lui permettait de concentrer ses énergies pour affronter la maladie. »

Mme Ducharme, qui travaille aussi dans le milieu de la télévision et du cinéma, a hérité de la force de caractère du paternel, consacrant 12 ans de sa vie à ce projet.

« Je n’ai pas fait ce documentaire uniquement parce qu’Yvan est mon père. Je l’ai fait pour l’histoire, soutient-elle. On doit se souvenir de qui était là avant nous. Yvan fut un des pionniers de l’humour à la radio. Il y avait bien son compétiteur, Chez Miville, mais il écrivait aussi des textes pour cette émission! Quant aux Insolences, il fut le premier à en faire. »

Divisé en deux portions, le film traite de la carrière de M. Ducharme avant et après son cancer du poumon. La première partie fait resurgir de vieux souvenirs avec ces extraits des Insolences du téléphone, des Berger, des publicités de Texaco, etc. Mme Ducharme confie avoir eu un mal fou à déterrer ces archives. « Il reste si peu de choses », constate-t-elle.

La seconde partie est la plus fascinante, car les histoires de la vie personnelle et professionnelle de M. Ducharme s’y entremêlent. Il y a quelques surprises. Comme cette étonnante rencontre entre Yvan Ducharme et Félix Leclerc qui ont par la suite correspondu. C’est aussi ici que le comédien et animateur explore les voies de l’écriture et de la peinture. Dans un cas comme dans l’autre, cela lui permettait à la fois de ventiler ses états d’âme et de créer.

« Au départ, Yvan devait aller à l’École des beaux-arts de Montréal, confie sa fille cadette. Jeune, il peignait déjà. C’est par hasard qu’il a commencé à la radio. Lorsque les rôles sont devenus moins présents, il s’y est remis. »

M. Ducharme est mort le 21 mars dernier. « J’ai fait de belles découvertes, dit sa fille. Comme cette émission des Couche-tard où il était en entrevue. C’était avant ma naissance. On connaît nos parents en tant que… parents. Mais en dehors de ce rôle, ils ont fait plein de choses. C’est fascinant de découvrir ce qu’ils ont fait et moi, j’ai eu ce privilège. »

Diffusion le 29 décembre à 19 h (reprise le 30 décembre à minuit et 4 janvier à 10 h 30) sur Canal D.

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