Énergie marémotrice

Une énergie « idéale »

Dotée d’une puissance astronomique, l’énergie renouvelable des marées suscite l’engouement. Le point sur une énergie verte des plus prometteuses.

Une « incroyable source d’énergie » se cache dans les océans, selon une récente étude britannique de la prestigieuse Royal Society. L’étude indique que l’énergie marémotrice, au Royaume-Uni, pourrait subvenir à plus de 20 % des besoins en électricité du pays et de ses 63 millions d’habitants.

L’étude a de quoi faire réfléchir au Canada. Au pays, on a recensé pas moins de 190 sites avec un fort potentiel pour ce qui est de l’énergie marémotrice. L’un d’eux, la baie de Fundy, est carrément considéré comme « l’Everest des marées ».

Soulignant les « réels progrès » que connaît l’énergie marémotrice depuis les dernières années, l’étude fait aussi l’éloge d’une vertu inhérente aux marées : leur constance.

Principalement engendrée par la gravité de la Lune et du Soleil, la prévisibilité des marées représente un avantage majeur par rapport aux énergies éoliennes et solaires, qui, en tout temps, demeurent sujettes aux caprices de dame Nature.

Deux principaux modèles de centrales marémotrices permettent d’exploiter les mouvements des marées. Dans un premier modèle, dont le fonctionnement ressemble à celui des éoliennes, des turbines appelées hydroliennes captent l’énergie cinétique des courants issus des marées.

Dans le second modèle, des barrages marémoteurs forment un bassin à travers les baies et les estuaires. À l’instar des barrages hydroélectriques, des turbines captent l’énergie de l’eau, qui cette fois, grâce aux marées, emplit les barrages.

Un potentiel immense

Hydroliennes ou barrages, les usines et fermes marémotrices bénéficient non seulement de la constance des marées, mais aussi des propriétés de l’eau. « L’eau est 800 fois plus dense que l’air utilisé dans l’énergie éolienne, on comprend donc tout le potentiel de l’énergie marémotrice », explique Daniel Rousse, professeur de génie mécanique spécialisé en énergie renouvelable à l’École de technologie supérieure (ETS). De plus, la perte d’énergie occasionnée lors de la transformation du mouvement de l’eau en électricité est beaucoup moins importante qu’avec les combustibles fossiles, comme le charbon, notamment.

En plus d’être sécuritaire, l’exploitation de l’énergie marémotrice émet très peu de gaz à effet de serre, et ce, même en tenant compte du cycle de vie complet de ses centrales. Un facteur incontournable alors que l’on observe une accélération du réchauffement climatique. D’autant qu’à l’échelle mondiale, les combustibles fossiles constituent la principale source d’émissions de gaz à effet de serre, et ces derniers sont encore largement utilisés dans la production d’électricité.

Les défis d’une énergie émergente

De gros joueurs tels que les groupes industriels Daewoo et Alstom se retrouvent déjà dans l’arène de l’énergie marémotrice, mais on ne compte aujourd’hui qu’une dizaine d’usines marémotrices d’envergure dans le monde.

Au cours des prochaines années, de nouvelles fermes et usines marémotrices devraient toutefois voir le jour au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Norvège et en Corée du sud, notamment.

La plus importante usine marémotrice, fonctionnelle depuis 2011, est située au lac Sihwa en Corée du Sud et peut fournir de l’électricité à quelque 250 000 habitants.

La toute première usine marémotrice d’envergure au monde a vu le jour en 1966 dans l’estuaire de la Rance, en France, mais l’exploitation de l’énergie marémotrice à grande échelle en est encore à ses balbutiements.

« Aujourd’hui, le coût de revient de ces technologies demeure significativement plus élevé que pour les autres technologies », mentionne François Brissette, ingénieur hydrologue et professeur à l’ETS.

De plus, on estime pour l’heure que l’énergie marémotrice n’est en mesure de répondre qu’à une infime fraction des besoins énergétiques qui ne cessent de croître à l’international.

D’une part, à cause de la technologie qui n’a pas atteint sa pleine maturité. D’autre part, en raison du nombre limité de pays qui ont accès aux plus puissantes marées, que l’on estime à environ une vingtaine à travers le monde.

Parmi ces pays particulièrement choyés, on compte le Canada, la Corée du Sud, la France et le Royaume-Uni. « L’énergie marémotrice permet aux différents pays qui dépendent d’énergies renouvelables imprévisibles, comme l’énergie solaire ou éolienne, d’avoir un rendement énergétique garanti chaque année », affirme Érick Pèlerin, directeur de développement chez Alstom.

Recherches au Canada

Selon l’étude anglaise de la Royal Society citée plus tôt, « plusieurs recherches scientifiques de haute qualité sont menées dans des instituts de recherche réputés et visent à optimiser la technologie marémotrice ».

C’est notamment le cas au Canada, dans la baie de Fundy, où des projets et recherches scientifiques ont lieu afin de mettre à l’essai les différentes technologies de l’énergie marémotrice.

À en croire Matthew Lumley, le directeur des communications du Fundy Ocean Research Centre for Energy (FORCE), l’énergie marémotrice pourrait bien vivre une époque charnière de son développement. « D’ici les prochaines années, les recherches scientifiques devront être en mesure de prouver que l’énergie marémotrice est non seulement avantageuse, mais aussi réellement envisageable à grande échelle, tant au point de vue social, économique qu’environnemental », souligne ce dernier.

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