Éditorial Éducation

De l’ordre dans l’enseignement

L’idée d’un ordre professionnel des enseignants ressurgit de nulle part, d’un rapport sur le financement, l’administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires.

Dès la publication, la semaine dernière, de ce rapport piloté par l’ancienne Protectrice du citoyen, Pauline Champoux-Lesage, les syndicats ont bondi en affirmant que le comité outrepassait son mandat.

Faut-il pour autant rejeter ses recommandations sur la question d’un ordre professionnel ? Non. Si l’idée ressurgit aussi régulièrement, c’est probablement parce que les enjeux qu’elle soulève n’ont pas tous été évacués.

Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, entend d’ailleurs demander un nouvel avis à l’Office des professions.

En 2002, l’organisme avait conclu qu’il n’était pas nécessaire de créer un ordre professionnel pour les enseignants parce que l’État encadrait suffisamment la profession

Il recommandait toutefois l’implantation d’un mécanisme d’évaluation individuelle, ce qui n’a jamais été fait.

Depuis, l’idée d’un ordre professionnel a souvent été ramenée à l’avant-scène, notamment par la Coalition avenir Québec, mais aussi par les libéraux dès 2003.

L’année suivante, à la suite d’une forte mobilisation des syndicats, les enseignants avaient rejeté à 95 % cette avenue. Pourtant, à la lumière d’un sondage CROP, 48 % s’y disaient favorables en 2002.

Devant le tollé généralisé, le Parti libéral a laissé tomber le dossier, promettant plutôt un mécanisme d’évaluation qui a aussi été abandonné parce que ce n’était pas une « priorité ».

Depuis, on tourne toujours autour du même problème : celui de la valorisation de la profession enseignante.

Les professeurs ont souvent l’impression de ne pas être reconnus. Leur charge est lourde. Les demandes du Ministère sont à des années-lumière de la réalité, disent-ils. Ils doivent composer avec des enfants-rois, des parents qui ne les appuient pas toujours et des directions qui doivent atteindre les cibles fixées pour la réussite scolaire. Sans compter que les collègues désabusés font mal paraître l’ensemble de la profession.

Par son essence même, un ordre professionnel est une marque de reconnaissance et d’autonomie pour les enseignants. Il protège le public, mais fait aussi avancer la profession.

Il n’est pas suffisant pour revaloriser la profession à lui seul. Il faut aussi un système d’évaluation conçu dans une perspective d’amélioration continue. La formation des maîtres doit également être rehaussée. Les notes exigées pour être admis dans le programme ne sont pas très élevées et il n’y a généralement pas d’entrevue. Revoir les exigences à la hausse pourrait permettre d’avoir la crème des candidats.

Après les parents, les professeurs servent de modèles à nos jeunes. Ils sont des sources d’inspiration qui les influenceront toute leur vie.

C’est une profession qu’on parle de revaloriser depuis trop longtemps. Il est temps de passer aux actes, et ça commence par un ordre professionnel.

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