Mythe ou réalité ?

« Il faut manger plus léger le soir. » Vraiment ?

Pause vous éclaire sur les mythes qui entourent le domaine de la santé. 

— Chloé Marriault, La Presse

La croyance

Selon une croyance populaire, le repas vespéral devrait être plus léger que le petit-déjeuner et le dîner. Le repas du soir doit-il vraiment être moins conséquent que les autres ?

La réalité

« Il n’a pas été démontré qu’il était favorable de manger léger. Le corps brûle des calories tout au long de la journée, même au repos, après le souper. Il ne stockera pas davantage parce que les calories sont ingérées le soir », explique Geneviève Arbour, diététiste-nutritionniste à la Clinique nutritive Arbour, à Sherbrooke. Pour elle, l’important est de manger selon ses signaux corporels de faim et de satiété. Ainsi, le corps maintient son poids naturel. « Certaines personnes vont mourir de faim en fin de journée, car elles n’ont pas suffisamment mangé durant la journée, remarque-t-elle. Elles auront une envie pressante d’aliments transformés, riches en calories, en sucres et en gras. » En cause : une pause méridienne souvent négligée au travail. Elle recommande donc de prendre le temps de manger le midi. Autre préconisation : « Certains vont avoir des difficultés à dormir des suites de leurs choix alimentaires au repas du soir. Pour eux, il faut éviter les aliments qui prennent du temps à digérer, comme la friture, et éviter les substances bioactives comme le chocolat, la caféine, l’alcool… »

À l’étude

De l’espoir pour les adultes souffrant d’asthme sévère

La moitié des cas d’asthme sévère chez l’adulte sont causés par un mécanisme différent de l’asthme pédiatrique. Les médicaments actuels sont impuissants face à cette forme d’inflammation. Des chercheurs de Harvard pensent avoir trouvé un médicament pour ces patients inguérissables.

Le contexte

Environ la moitié des cas d’asthme sévère à l’âge adulte ne répondent pas bien aux médicaments. « Ce sont souvent des gens qui sont trop malades pour garder un emploi. Ç’a des conséquences pour leur famille, leur vie conjugale, explique Bruce Levy, immunologue de l’Université Harvard et auteur principal de l’étude publiée la semaine dernière dans la revue Science Immunology. Il y a visiblement un autre mécanisme que pour l’asthme courant. » Les cas les plus courants d’asthme sont déclenchés quand un type de lymphocyte T, le soldat du système immunitaire, entre en action alors qu’il n’y a pas de menace contre le corps, simplement un petit irritant comme du pollen. Environ 10 % des cas d’asthme sont jugés sévères, selon le Dr Levy, ce qui signifie que moins de 1 % de la population en souffre. « Mais ce petit groupe d’asthme sévère est responsable d’environ la moitié des coûts sociaux de l’asthme à l’âge adulte. » Les coûts sociaux incluent par exemple l’absentéisme.

La genèse

« On voyait dans les crachats et les poumons de ces patients réfractaires un autre type de réaction immunitaire impliquant des molécules appelées neutrophiles, dit le Dr Levy. Mais on ne savait pas comment ces neutrophiles étaient activés de manière à réagir à des stimuli environnementaux bénins. » Le fonctionnement de ces neutrophiles inclut le développement de petits sacs extérieurs où sont emprisonnées les bactéries qui attaquent le corps. « C’est comme un filet de pêcheur », explique le Dr Levy. L’équipe de Harvard a donc travaillé avec un modèle de souris dont les neutrophiles sont incapables de fabriquer ces sacs, pour mieux comprendre le mécanisme en cause.

Ce que révèle l’étude

« Nous avons été très surpris », admet le Dr Levy. C’est que le fonctionnement exacerbé des neutrophiles dans l’asthme sévère était lié à une cascade complexe impliquant aussi la réaction traditionnelle de l’asthme avec les lymphocytes T. L’équipe a identifié une étape cruciale de cette surréaction des neutrophiles, impliquant une troisième molécule du système immunitaire, l’interleukine 17. «  Nous avons fait un test avec un inhibiteur d’interleukine 17 chez des souris asthmatiques, et les résultats sont bons.  »

Et maintenant ?

La première étape est de faire un test de l’inhibiteur de l’interleukine 17 chez les patients asthmatiques. « Il y a déjà eu un test de cette molécule chez des patients atteints de psoriasis [une autre maladie auto-immune où le système immunitaire surréagit]. Les résultats étaient négatifs, mais nous pensons qu’en sélectionnant des patients qui ont cette réaction avec les neutrophiles, ça pourrait marcher. Plusieurs nouvelles molécules similaires ont récemment été approuvées par la FDA [l’organisme gouvernemental réglementant les médicaments], c’est très excitant. » L’autre étape est de voir comment ce mécanisme d’activation problématique des neutrophiles change avec l’âge. « Avant la puberté, il y a plus de garçons que de filles chez les asthmatiques, mais après ça s’inverse, dit l’immunologue bostonnais. Et l’asthme qui débute à l’âge adulte est souvent plus susceptible d’être sévère. Nous pensons aussi que le même mécanisme, possiblement avec une implication de l’interleukine 17, est aussi présent dans d’autres types d’inflammation chronique. »

Proportion des adultes américains qui souffraient d’asthme

En 2000 : 7,2 %

En 2016 : 8,3 %

L’asthme dans la population américaine

Garçons : 9,2 %

Hommes : 6,2 %

Filles : 7,4 %

Femmes : 10,4 %

Sources : Biomed Central Public Health, CDC

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