DÉMOGRAPHIE
Le Québec peine à attirer les résidants du reste du pays, selon l’Institut Fraser
La Presse
Selon les données recensées par l’Institut Fraser, le Québec est la province où les habitants s’exportent le moins pour aller s’établir ailleurs au pays. Entre 1971 et 2015, la province a maintenu en moyenne une émigration interprovinciale de 5,4 personnes par tranche de 1000. « Il est intéressant de noter l’absence d’une hausse prononcée dans l’émigration totale autour du moment où le Parti québécois a été élu dans les années 70 », ont même souligné les chercheurs. L’Île-du-Prince-Édouard arrive au premier rang avec 23,4 personnes par tranche de 1000. « C’est conséquent avec des travaux empiriques antérieurs qui montrent que les Québécois francophones sont moins susceptibles d’émigrer que les Québécois non francophones », ont écrit les auteurs.
Or, le Québec est aussi dernier au chapitre de l’immigration interprovinciale : c’est-à-dire que proportionnellement parlant, il a le taux le plus faible de Canadiens qui choisissent de s’y établir (3,5 personnes par tranche de 1000). Sans grande surprise, l’Alberta est la province qui a attiré le plus d’immigration nationale : 26,8 personnes par tranche de 1000 entre 1971 et 2015. L’Ontario arrive à l’avant-dernier rang, tout juste avant le Québec, avec 4,5 personnes par tranche de 1000. « En clair, le Québec perd relativement peu de résidants chaque année, mais il attire une immigration minimale de la part des autres provinces », ont conclu les chercheurs.
Le résultat est donc « un solde négatif annuel de 1,9 personne par tranche de population de 1000 personnes », a indiqué cette étude de l’Institut Fraser. Ce solde s’est traduit par une perte nette de plus d’un demi-million de résidants (582 478) au cours des 44 dernières années, ce qui place la province au premier rang à ce chapitre – et la seule à avoir connu un solde négatif pour chacune des 44 années entre 1971 et 2015. Examiné en fonction de la proportion de sa population, par contre, le Québec se classe au quatrième rang, derrière Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan et le Manitoba.
L’un des auteurs de l’étude estime qu’au-delà de la langue ou de la politique, ce sont des facteurs économiques (niveau d’imposition, dette publique, taux d’emploi et « modèle québécois ») qui expliquent cette situation. « De façon générale, on s’aperçoit que les gens des autres provinces […] ne sont pas désireux de venir profiter de ce fameux modèle-là en s’établissant ici. C’est un certain constat d’échec », a noté l’économiste Yanick Labrie. La situation est d’autant plus préoccupante, selon lui, qu’on « ne compense pas par d’autres moyens : ni par l’immigration internationale ni par la natalité, si on compare avec les autres provinces. [Donc] on a un poids démographique qui diminue dans le temps et on a un poids économique aussi qui diminue dans le temps ».