MUSIQUE  LE COULEUR

Une carte de visite de qualité

Après deux EP bricolés à la sauce maison, les membres de Le Couleur s’offrent un EP enregistré à la hauteur de leurs ambitions à New York. Les chansons électro-pop frenchy du quatuor suscitent l’hédonisme. À écouter sur une terrasse plutôt qu’au bureau.

La vitalité de la scène rock et la qualité des DJ sont bien connues à Montréal. En marge de ces deux pôles se cache également une scène électronique grouillante, réunissant des artisans et collaborateurs bilingues souvent plus connus à l’étranger qu’ici.

Ils se réunissent dans des locaux du Mile End et des studios comme La Fabrique. On compte parmi eux des artistes comme Jef Barbara, recruté sur l’étiquette française Tricatel.

Ses amis du quatuor Le Couleur ont lancé mardi dernier un EP qui a pour titre Voyage Love. Un disque de cinq chansons qui rappellent la belle époque pop et suave des années 1980. Une basse disco, des rythmes sexy, des mélodies rêveuses et dansantes. Une dose irrésistible de kitsch et la voix coquine de chanteuse française de Laurence Giroux-Do, charmante avec ses traits québéco-vietnamiens.

Le bassiste Félix Lafrance est le dernier arrivé au sein de Le Couleur, complété par Steeven Chouinard (batterie) et Patrick Gosselin (guitares, claviers). Trois membres du groupe ont étudié en musique à l’université pour finalement succomber aux plaisirs de la pop. « L’école te forme, mais à un moment donné, tu dois prendre de la drogue et suivre tes instincts », lance Steeven Chouinard, un maître de l’ironie en entrevue.

Excroissance d’un groupe qui s’appelait Plaza Musique, Le Couleur a déjà deux EP à son actif : Petit piano électrique, sorti en 2008, suivi d’Origami, en 2010.

Quand Julien Manaud – alias French Fox et ancien membre de Chinatown – s’est proclamé imprésario du groupe, les membres de Le Couleur ont décidé de prendre leur projet musical au sérieux et de voir à long terme. « Julien est arrivé avec une vision. Il fallait s’encadrer et se fixer des objectifs », explique Laurence Giroux-Do.

Le résultat est Voyage Love. Pourquoi un EP et un non un album complet ? « Les coûts de production pour un album complet sont élevés et on a tout payé de nos poches », explique Patrick Gosselin.

Le but : avoir « une carte de visite musicale » de qualité. Direction : Brooklyn, pour confier le mixage de l’EP à David Perlick-Molinari du duo French Horn Rebellion, qui a collaboré avec Hot Chip et Cut Copy en plus de travailler sur l’album Time To Pretend de MGMT.

Voyage Love et son premier extrait Vacances de 87 (où figure French Horn Rebellion) s’attirent déjà des commentaires élogieux des États-Unis. Le Couleur veut élargir son public au-delà de CISM et de l’Escogriffe. « Pour pas que l’EP sorte dans le vide, on a créé un label appelé Lisbon Lux Records », souligne Steeven Chouinard.

Pour danser

Quelque part entre les univers de Cut Copy, Mylène Farmer, Niagara, Sébastien Tellier et Stereolab, les chansons de Le Couleur sont faites pour danser et flirter avec style. Si le ton est léger, les mélodies reposent sur des bases musicales riches tout en suscitant l’hédonisme.

Laurence Giroux-Do ne s’en cache pas. Elle a une voix « à la Charlotte Gainsbourg et France Gall » et ne « peut pas pousser comme Céline Dion ». La chanteuse explore donc tout le potentiel féminin et coquin de sa voix, qui sert la musique plutôt que l’inverse.

Plusieurs spectacles sont à l’agenda de Le Couleur dans des festivals dont les programmations seront annoncées prochainement. Premier rendez-vous au festival Artefact, à Salaberry-de-Valleyfield, le 25 mai (avant Alaclair Ensemble et Karim Ouellet).

Le Couleur

Voyage Love

Lisbon Lux Records

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