FerroAtlantica à Port-Cartier

Des tarifs d’électricité réduits promis à la concurrence

Silicium Québec de Bécancour, qui s’est plainte de la concurrence que lui fera FerroAtlantica avec l’aide de Québec, n’a qu’à demander une réduction de son tarif d’électricité et elle l’obtiendra.

Il n’est pas question de favoriser une entreprise par rapport à une autre, a expliqué hier le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, après l’annonce de l’installation de la firme espagnole FerroAtlantica à Port-Cartier. « On doit être juste avec les gens », a-t-il dit lors d’un entretien avec La Presse Affaires.

Comme les cimenteries installées au Québec l’avaient fait après l’annonce de la construction de nouvelles installations de production de ciment à Port-Daniel, en Gaspésie, avec l’aide de l’État, Silicium Québec a protesté contre l’aide de Québec, qui attire une entreprise qui lui fera concurrence.

Québec s’est engagé à offrir les mêmes conditions à Silicium Québec, lors d’une rencontre qui a eu lieu vendredi avec Jeff Bradley, président de Globe Specialty Metal, principal actionnaire de Silicium Québec, qui produit 47 000 tonnes de silicium depuis 2010 à Bécancour.

Selon Jacques Daoust, le projet de FerroAtlantica ne se compare pas du tout à celui de la cimenterie de Port-Daniel. « Tout ce qu’on fait, c’est un prêt au taux du marché. On est partenaire, pas actionnaire », a-t-il dit.

« Nous mettons tout l’argent nécessaire, nous n’avons jamais demandé un appui financier au gouvernement du Québec », a déclaré le président de FerroAtlantica, Juan Miguel Villar Mir, lors de l’annonce faite à Port-Cartier hier.

DE L'AIDE SOUS PLUSIEURS FORMES

L’entreprise espagnole n’a peut-être rien demandé, mais elle recevra de l’aide sous plusieurs formes. En plus du prêt à taux réduit dont le montant et les conditions restent à négocier, elle bénéficiera du congé d’impôt et de contribution au Fonds des services de santé pendant 10 ans et d’un rabais sur ses tarifs d’électricité, dont les conditions restent à préciser, mais qui devraient durer 10 ans.

« C’est une transaction comme je les aime. L’État ne doit pas se déshabiller pour attirer des investissements. »

— Jacques Daoust, ministre de l'Économie

Selon Silicium Québec, l’aide accordée représente des dizaines de millions de dollars qui permettront à FerroAtlantica de lui faire une concurrence déloyale dans un marché en surcapacité.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations n’est pas du même avis. « Il y a de la place pour les deux », a soutenu Jacques Daoust.

Le syndicat qui représente les 130 travailleurs de l’usine de Bécancour reste inquiet, même si l’employeur obtient des avantages financiers. « Il faut savoir que c’est grâce à des mesures antidumping, qui empêchent actuellement la production chinoise de silicium d’inonder le marché, que l’usine de Silicium Québec à Bécancour réussit à être rentable et à fonctionner », a souligné Joseph Gargiso, porte-parole d’Unifor.

Ces mesures antidumping sont en vigueur pour cinq ans.

Le ministre Daoust a rappelé qu’il avait établi les premiers contacts avec la firme espagnole du temps qu’il était président d’Investissement Québec. La venue au Québec de FerroAtlantica avait été annoncée par la première ministre Pauline Marois au sommet de Davos, l’hiver dernier. Son usine sera connue sous le nom de FerroQuébec.

FerroAtlantica a choisi de s’installer à Port-Cartier après avoir considéré d’autres sites, à Shawinigan, Baie-Comeau et Saguenay.

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