Tragédie de Lac-Mégantic

Le pétrole déversé pourrait faire d'autres dégâts

Le pétrole qui s’est déversé dans la rivière Chaudière, lors de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic, risque de se répandre dans les terres agricoles avec la débâcle et la crue printanière, estime la Société pour vaincre la pollution (SVP).

« On risque d’avoir une contamination des parcelles agricoles, avec les débordements de la rivière Chaudière », a affirmé Daniel Green de la SVP lors d’une conférence publique hier, à Montréal.

La SVP a demandé à la Commission d’accès à l’information du Québec de forcer le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) à dévoiler les résultats des analyses des sédiments qui ont été réalisées.

Le 6 juillet dernier, un convoi de pétrole léger en provenance du Dakota-du-Nord a déraillé au centre-ville de Lac-Mégantic, faisant 47 morts et déversant des millions de litres de brut dans l’environnement.

Si du pétrole s’est mêlé aux sédiments de la rivière Chaudière, il pourrait être remis en suspension au moment de la débâcle.

Ce risque a été reconnu par le passé par le Ministère. Mais pour bien le quantifier, il faudrait connaître les résultats d’analyses, estime la SVP.

« Selon nous, sur au moins 20 à 25 kilomètres de rivière, le pétrole s’est déposé au fond », affirme M. Green.

Risques de nouvelles catastrophes

Il a par ailleurs déclaré que les risques d’un autre accident comme celui de Lac-Mégantic sont toujours présents et qu’ils sont là pour rester, compte tenu du fait qu’il y a trois raffineries dans l’est du Canada, à Montréal, Lévis et Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) et que les Prairies connaissent un boom pétrolier. Le pétrole continue d’être transporté dans des wagons-citernes inadéquats, les DOT-111, a-t-il rappelé.

« Tous les jours, il y a des DOT-111 qui passent par Montréal, dit-il. C’est très dangereux : ce sont des bombes qui roulent dans des zones densément peuplées. »

Sur ce point, dit-il, les municipalités ne sont pas plus prêtes à faire face à une catastrophe aujourd’hui qu’il y a bientôt huit mois.

La SVP s’inquiète aussi des impacts possibles de la décontamination des sols à Lac-Mégantic. « Il y a de 103 000 à 126 000 mètres cubes de sols à décontaminer, a indiqué M. Green. La méthode de décontamination pressentie est la désorption thermique. On chauffe la terre sous pression et le pétrole est brûlé. Mais cela entraîne une pollution de l’air. Il est important qu’il y ait une surveillance. »

À plus long terme, la pollution répandue le 6 juillet dernier pourrait hanter longtemps le centre-ville de Lac-Mégantic, estime M. Green.

« Il y a risque de contamination des bâtiments à travers les fissures des sous-sols, dans les maisons qui restent », dit-il.

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