Sans gluten : utile ou marketing ?

Le gluten est le nouvel ennemi public. Du moins pour certains ! On ne compte plus les produits qui affichent fièrement sur leur emballage la mention « sans gluten »… Dont certains aliments qui ont toujours été sans gluten, mais qui veulent attirer l’attention du consommateur.

Pas étonnant que l’industrie des cosmétiques s’y mette. Des sociétés comme Almay (propriété de Revlon) ont récemment lancé des baumes à lèvres sans gluten. Marcelle aussi offre des rouges à lèvres certifiés sans gluten. D’autres, comme Green Beaver, offrent des shampoings sans gluten, notamment. Coup de marketing ou produits réellement utiles ?

« Il y a sûrement du marketing là-dedans ; mais je crois qu’il est important de faire à tout le moins une mise en garde pour les produits qui sont proches des muqueuses comme le dentifrice ou le rouge à lèvres, explique Stéphanie Pernice, nutritionniste spécialisée en allergie. Cependant, une étude faite aux États-Unis a essayé de quantifier le gluten présent dans certains produits, par exemple à base d’herbe de blé, et les quantités étaient si faibles qu’elles n’étaient pas détectables par les tests. Mais on ne peut affirmer qu’il y a zéro risque. L’Association canadienne de la maladie cœliaque recommande d’ailleurs de ne pas utiliser des produits contenant du gluten qui pourraient être en contact avec les muqueuses. »

Un principe de précaution

Les muqueuses, d’accord. Mais qu’en est-il des produits pour le corps ou les cheveux qui, eux, ne sont pas avalés ? « Il n’y a pas beaucoup d’études sur le sujet, convient Mme Pernice, mais les recommandations habituelles disent qu’il n’y aurait pas de risque pour les produits comme les crèmes ou les shampoings, car les molécules sont trop grosses pour pénétrer dans la peau et déclencher la cascade immunologique qui crée la réaction allergique. »

Mais pour plusieurs personnes souffrant d’allergie au gluten, ce dernier est tout simplement devenu persona non grata. C’est le cas de Mélissa, qui a reçu un diagnostic de maladie cœliaque il y a trois ans. « Les rouges et baumes à lèvres ont été les premiers produits cosmétiques que j’ai cessé d’utiliser, puisqu’ils contiennent souvent du gluten. J’ai d’ailleurs mis beaucoup de temps à trouver les marques qui me convenaient. Même si les spécialistes de la Fédération québécoise des maladies cœliaques disent que les produits pour le corps contenant du gluten ne sont pas néfastes puisqu’ils ne sont pas ingérés, je dois avouer que je suis moins portée à acheter ou utiliser des produits à base de blé, simplement parce que c’est devenu un ennemi à fuir. C’est comme si c’était contre nature. »