La chic attitude

Matin de mou

Un croissant au beurre, un mantra d’Amy Adams, la naturalité de Gisele Bündchen, un matin de mou.

Ce matin, à Outremont, j’ai bravé la société et osé aller acheter mes croissants en « mou », les cheveux mouillés mal coiffés et pas maquillée. J’avoue que je me suis posé la question. Peut-on sortir en genre de « pyjama » dans un quartier bourgeois ? J’ai hésité. Après presque un mois à jouer dans le bois… il était possible que je sois un peu décalée.

Pour compenser ma mollesse de style, j’ai enfilé mes chaussures compensées en semelle de jute achetées à Istanbul l’an dernier. Un truc exotique pour pallier mon manque de chic. En chemin, pour me rassurer, je pensais aux paroles de l’actrice Amy Adams, interviewée pour L’Officiel Paris l’an dernier : « Pour moi, une beauté doit être “effortless”, naturelle et chic, c’est de ne pas se laisser influencer par les idées reçues. »

J’ai dévalé la rue à grandes enjambées en regardant le reflet de ma silhouette sportive décontractée dans les vitrines des commerces adjacents.

Je n’ai pas d’idées reçues. Je n’ai pas d’idées reçues. Je n’ai pas d’idées reçues. Je n’ai pas d’idées reçues…

Soudain, une femme superbe au brushing parfait passe devant moi. Un look d’enfer, des petits talons tout cuir, des lunettes de star. Une attitude fracassante. La perfection incarnée.

Cachée sous mon capuchon, j’ai tout vu :  ses ongles fraîchement manucurés, ses jambes ultrasatinées, sa peau exfoliée, ses rides liftées, sa fierté et sa confiance déconcertante.

J’étais bombardée d’idées reçues !

Douleur au mou.

Tant d’efforts pour un look sans effort détruits, démolis, piétinés, rabaissés par une femme qui avait tout juste selon les codes des canons de beauté. Comprenez : la pression de la beauté est omniprésente dans la tête d’une femme.

De retour chez moi, j’ai tenté d’oublier cette vision d’horreur en travaillant sur les tendances beauté de l’automne. La tendance émergente ? L’individualité. « Tout est question de personnalité et de style unique. Définir ce que nous voulons projeter dans ce monde à la fois virtuel et réel qui nous rende spécial aux yeux des autres », me confie mon ami maquilleur Luc Bouchard.

Individualité.

Qui étais-je ? Cette urbaine en mou ? Cette femme très chic qui raffole des brushings ? Ou autre chose…

Dans mon FashionMag du jour, une grande nouvelle me redonne confiance en moi. Sonia Rykiel travaillera avec Gisele Bündchen pour sa campagne automne-hiver 2014-2015. Une campagne en noir et blanc, mettant en scène une Gisele au naturel, revendiquant une forme de désordre et de féminité instantanée.

Désordre, féminité, instantanée. Trois mots qui résonnent dans mon esprit.

Gisele Bündchen, qui est aussi la nouvelle égérie du parfum Chanel No 5, est soi-disant mieux sans trop de maquillage. Magnifique comme elle est. Quand elle arrive au studio, elle est parfaite. Sa peau est sublime, il ne reste qu’à faire quelques retouches. Elle incarne la naturalité. Un éclat naturel qui inspire les femmes. On ne touche presque pas ses cheveux. Elle arrive comme ça. D’ailleurs, on murmure qu’elle coupe elle-même ses pointes.

Voilà de belles idées reçues !

Euh… Non, mais… attendez. Vraiment ? C’est elle qui coupe ses pointes ? Elle arrive comme ça au studio ? Sans retouche ? Elle est sublime sans artifice ?

Je n’ai pas d’idées reçues. Je n’ai pas d’idées reçues. Je n’ai pas d’idées reçues…

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