DÉGUSTATION
SAQ : un signal d’alarme ?
La Presse
« On n’en est pas là », me disait il y a quelques jours Stéphane Le Coent, directeur mise en marché, vins courants.
La croissance des ventes, pourtant, ralentit. Pendant le troisième trimestre, le volume des ventes a crû d’à peine 1,5 % dans le réseau de la SAQ. Elles avaient progressé de façon plus prononcée (+ 2,6 %) le trimestre précédent.
« On est toujours en croissance », ajoutait M. Le Coent, tout en soulignant que la croissance est « un peu moins forte que ces dernières années, entre 4 et 6 % ».
Un certain nombre de facteurs pourraient, justement, pointer en direction d’un fléchissement possible des ventes de vin dans les succursales.
Le plus important est la diminution marquée de vins en bouteilles de 750 ml vendus sous la barre des 10 $ et des 15 $.
Sous la barre des 10 $, il y en avait
183 en mars 2009, alors qu’on n’en compte plus à l’heure actuelle que 23.
Pour ce qui est des vins vendus moins de 15 $, leur nombre a glissé de
1040 en mars 2009 à 556 en mars 2014, selon les données compilées à l’aide du site SAQ.com par le fondateur du site Vin Québec, Marc-André Gagnon.
Résultat ? Les nouveaux clients, notamment les jeunes, de même que les consommateurs qui s’en tiennent à des vins à petit prix, ont de moins en moins de choix. Et moins de choix signifie… moins d’achats.
La baisse de l’achalandage, que la SAQ mesure par le nombre de transactions depuis le début de l’exercice (-1,4 % jusqu’à la fin du mois de janvier 2014, soit 850 000 transactions de moins par rapport au précédent exercice), est elle aussi inquiétante.
Toutefois, et sans mettre le paquet, la SAQ a commencé à renverser la vapeur. « Est-ce qu’on va en rajouter ? Je dirais oui », indique Stéphane Le Coent au sujet des vins vendus à petit prix.
Ainsi, la société d’État est à introduire cinq nouveaux vins qui seront tous à 10,95 $ la bouteille, et compte en ajouter d’ici juillet une vingtaine qui, eux, seront commercialisés à des prix se situant sous la barre des 15 $.
Bref, tout indique que la SAQ, après avoir tant fait pour favoriser la culture du vin, réalise qu’elle ne peut risquer de voir les jeunes consommateurs, qui doivent constituer, théoriquement, sa clientèle de demain, déserter ses succursales.